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Actualité23:43Publié le 16/05/2022

Mode et modernité

L'entre deux

Les marques de la fast fashion sortent en moyenne entre 36 et 52 collections par an. Un tee-shirt à 3 euros, un pull à 20 euros... Les habits proposés sont bon marché. Mais à ce prix-là, qu’y a-t-il vraiment dans ces vêtements ? Quels dangers la fast fashion fait-elle encourir aux consommateurs et aux ouvriers ? Depuis quand ? Et comment aller vers une mode plus éthique ? Pour en parler, Cyrus North reçoit Audrey Millet, enseignante-chercheuse en histoire et experte en écosystème de la mode.

Du poison dans nos placards

Dans l’industrie de la mode, le prêt-à-porter regorge de vêtements bon marché. Mais ces habits, fabriqués à bas coût à l’étranger, sont souvent réalisés à partir de tissus composés de pétrole, de plastique et de produits très toxiques, comme le cadmium, le baryum, le mercure, l’arsenic, le plomb, etc. Ces produits sont cancérigènes et causent des problèmes d’infertilité. Ils traversent les pores de la peau et nous empoisonnent en continu.

Le polyester élasthanne est l'un des tissus incriminés. « 65 % de nos placards contiennent des vêtements à base de polyester. Ce sera de 80 % à 85 % d’ici 2030 », rappelle Audrey Millet. Ce textile se recycle très mal et se retrouve souvent dans des décharges à ciel ouvert près des rivières et des déserts en Afrique et en Amérique latine.

Les dangers de la fast et de l’ultra fast fashion

Ces tissus sont très utilisés par les marques de la fast fashion et de l’ultra fashion qui renouvellent très rapidement leurs collections. La fast fashion propose 25 collections par an. L’ultra fashion en propose 52, soit une collection par semaine ! Face à ces volumes pharaoniques, les seuils européens ou chinois de présence de produits toxiques ne sont pas respectés car il est impossible de contrôler chaque vêtement.

Lorsque ces vêtements arrivent dans les ports, les dockers sont informés des dangers. Ils sont équipés de combinaisons et de masques car « le syndicat des dockers est plus puissant que celui des vendeurs », explique Audrey Millet. Quand les vendeurs ouvrent les cartons, ils ne portent pas de masques. Ils ne respirent pas une « odeur de neuf », mais une odeur toxique. Pourtant, ces dangers sont connus des autorités depuis longtemps.

La mauvaise réputation de la mode

L’industrie du prêt-à-porter traîne une mauvaise réputation depuis sa création au XVIIe siècle. Lors des conquêtes coloniales, les deux grandes puissances de l’époque, l’Angleterre et la France, mettent sur des bateaux de nombreux marins, de soldats et d'esclaves. Pour les habiller, des couturières commencent à fabriquer des vêtements standardisés en série à la main dans les arrière-cours de Londres et de Paris. Ces couturières vivent dans la misère et sont victimes de maladies. Cette situation s’aggrave lors de la révolution industrielle au XIXe siècle avec l’arrivée de la machine à vapeur. Les ouvriers sont victimes de graves accidents de travail et de maladies liées à cette industrie, en raison des vapeurs toxiques et de la saleté.

Aujourd’hui, les conditions ont peu changé, à l'exception près que les usines de fabrication de vêtements se sont déplacées dans des régimes autoritaires, comme la Birmanie, l’Ethiopie ou la Chine, là où les salaires sont bas et les protections des ouvriers quasi inexistantes.

Vers une mode éthique : les solutions à notre échelle  

Pour aller vers un dressing plus éthique, Audrey Millet propose de remplacer nos mauvaises habitudes en optant pour les solutions suivantes :

  • Se fier au prix qui est un premier indicateur : « un tee-shirt à 20 euros ou 3 euros, c’est mauvais signe. », indique Audrey Millet.
  • Privilégier les vêtements en lin, en chanvre et en laine.
  • Privilégier les magasins de seconde main ou les vide-dressings.
  • Acheter pour remplacer et non pour accumuler. « On n’a pas besoin de 5 tee-shirts noirs et de 40 paires de chaussures. (…) En achetant moins, on a plus d’argent pour acheter des habits de meilleures qualités et pour mettre de l’argent de côté. », conseille Audrey Millet.
  • Eviter certaines marques connues pour leurs mauvaises qualités.
  • Se fier aux labels, comme GOTS, OECOTEX et MAX HAVELAAR.
  • Se déconnecter des réseaux sociaux : « ce sont les moteurs de la communication de l’industrie de la mode. »,  indique Audrey Millet.
  • Ne pas installer d’applications de marques de prêt-à-porter.
  • Se renseigner sur la marque et ses processus de fabrication.

Pour Audrey Millet, l’industrie et les Etats doivent aussi agir en trouvant des solutions industrielles plus durables et en harmonisant les lois de protection sociales, sanitaires et environnementales.

 

► Sur le même thème, découvrez la vidéo de L'Entre deux sur la décroissance.

Réalisateur : Adrien Benoliel

Producteur : Outsideur

Année de copyright : 2021

Publié le 16/05/22

Modifié le 24/05/22

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