Dès les premières années du XIXe siècle, nombre d’artistes reçoivent des commandes de l’État afin de traduire sur la toile les grands faits d’armes de l’expédition. La peinture dite « officielle » se doit de traduire la volonté politique et le prestige de la France, en même temps que les rêves de gloire cherchés par Bonaparte au pays des pharaons.
Une campagne napoléonienne magnifiée
Sous l’Empire, le militaire prime et les tableaux représentent essentiellement des scènes de batailles : Antoine-Jean Gros, Louis-François Lejeune et Anne-Louis Girodet-Trioson, entre autres, peignent donc les grandes victoires, celle des Pyramides, d'Aboukir ou encore du Mont Thabor, mais aussi des scènes plus originales comme La Révolte du Caire, ou Bonaparte pardonnant aux révoltés du Caire. Jean-Charles Tardieu, de son côté, exploite un aspect plus paisible avec sa Halte de l’armée à Syène, tandis que Jean-Simon Berthélemy représente la Visite de Bonaparte aux fontaines de Moïse. Quant au côté « royal » du nouvel empereur, il est souligné, en 1804, par le Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa peint par Gros : comme les rois touchaient les écrouelles, étant sensés les guérir, Bonaparte circule au milieu des malades, leur apportant réconfort et solidarité.

Un mythe nourri par les peintres
Avec la croissance du mythe de Napoléon, d’autres artistes illustrent les mêmes sujets, mais avec un traitement très différent. Maurice Orange, par exemple, reprend le thème de la mise au jour d’un sarcophage de momie devant Bonaparte, déjà traité sous Charles X sur un des plafonds du nouveau musée égyptien du Louvre. Mais c’est surtout Jean-Léon Gérôme qui propose une lecture centrée plus exclusivement encore sur Bonaparte : on voit ainsi le général observant la ville du Caire depuis une hauteur, ou devant une mosquée, ou encore circulant à dos de dromadaire… Quant à l’impressionnant face-à-face de Bonaparte, représenté de dos sur son cheval, avec le grand sphinx de Gizeh, il constitue une manière de conclusion à cette grande épopée.