En littérature de jeunesse, la citoyenneté n’est pas un thème à la mode. Deux repères historiques en témoigneront : Emile et les détectives de l’Allemand Erich Kästner, paru dans l’Allemagne des années 30 (Livre de poche jeunesse), et La maison des quatre vents de Colette Vivier, issu de la Libération (Casterman).
Du premier album au grand roman, elle ne saurait se limiter à reproduire les récits d’intégration républicaine d’il y a un siècle. La dialectique texte-images mise en œuvre dans les albums, la valorisation créatrice de la parole de l’enfant dans les premiers romans, les échappées fantastiques permettant de s’affranchir des travers du réel, la liberté poétique sont, par l’imaginaire, par l’humour, des moyens irremplaçables d’interroger le monde, de le réinventer, d’y construire sa présence avec les autres.
Par Bernard Epin, journaliste, auteur et critique en littérature jeunesse, auteur du Grand livre du jeune citoyen, paru aux éditions Rue du monde en 1998 (réédité en 2004).