Le développement d'une grande nation


Publié le 18/04/2013 • Modifié le 15/06/2022

Temps de lecture : 1 min.

Écrit par Jean-Marcel Humbert © Institut du Monde Arabe - 2008

Ismaïl Pacha succède en 1863 à son oncle Saïd Pacha. Le nouveau khédive est fasciné par les pays occidentaux et toute son ambition vise à les imiter.

Une modernisation de l'Egypte

Il continue l’extension des chemins de fer, modernise l’irrigation, installe des lignes télégraphiques. Il veut que les villes atteignent la beauté de Paris et de Londres. Il dote Le Caire d’un opéra, pour lequel il commande à Verdi Aïda, qui y sera créé en 1871. Il décide aussi de participer à la grande Exposition universelle de Paris de 1867 ; le temple pharaonique et le palais édifiés par l’archéologue Mariette feront l’admiration des visiteurs. Mais toutes ces activités sont encadrées par des Européens, et constituent le reflet du pays tel qu’ils en rêvent, plus qu’une évocation fidèle de ce qu’il est réellement.

exposition universelle, pavillon de l'isthme de suez
Journal Universel - Exposition universelle, pavillon de l’isthme de Suez, une conférence de M. de Lesseps (détail)
Blanchard, fin XIXe siècle Musée Carnavalet, Paris. © Musée Carnavalet / Roger-Viollet

 

Le pharaonique chantier du canal de Suez

C’est également sous son règne que va se concrétiser un projet dont l’origine remonte aux pharaons : percer l’étroite bande de terre de 160 km qui sépare la mer Méditerranée de la mer Rouge. L’intérêt économique d’une telle opération est fondamental, puisque cela permet d’éviter le contournement du continent africain pour parvenir aux Indes et en Extrême-Orient. Déjà, les saints-simoniens s’étaient intéressés au projet, mais c’est Saïd Pacha qui, en autorisant la constitution d’une société, a permis à Ferdinand de Lesseps de faire débuter les travaux malgré la farouche opposition des Anglais, qui craignaient de se voir évincés de la mythique « route des Indes ». Des centaines de milliers d’Égyptiens sont contraints de travailler sur un chantier insalubre : des milliers d’entre eux meurent d’accidents ou du choléra. Cela rend dérisoire le faste qui entoure les cérémonies d’inauguration, le 17 novembre 1869, en présence de l’impératrice Eugénie, qui représente la France, et de l’empereur d’Autriche François-Joseph. L’Angleterre, dès lors, garde un œil sur ce nouveau passage qu’elle entend contrôler — ce qui lui sera possible après que la politique d’endettement du khédive Ismaïl, qui mène le pays à la banqueroute, l’aura forcé à abdiquer en 1879.


Ce contenu est proposé par