Très rapidement, avant même la fin de l’expédition d’Égypte, il apparaît que les dessins et travaux des savants méritent d’être publiés. C’est le général Kléber qui en prend la décision, entérinée par Bonaparte. Celui-ci ordonne en 1802 que la publication, prévue pour être exceptionnelle, soit réalisée aux frais de l’État.

Bibliothèque nationale de France, Paris.
Une commande impériale
Tant par ses dimensions que par le nombre d’auteurs (quarante-trois) et de volumes, la Description de l’Égypte constitue l’ouvrage le plus monumental jamais publié : il comprend dix volumes de textes auxquels s’ajoutent dix tomes in-folio et deux recueils de très grand format totalisant 837 gravures, dont la grande majorité est imprimée en noir et quelques-unes coloriées. Edme-François Jomard, maître d’oeuvre de l’ouvrage, aura à résoudre de nombreux problèmes, parmi lesquels les retards des auteurs et la complexité de la réalisation des gravures, dont certaines mesurent plus d’un mètre.
Les cinq premiers tomes sont consacrés aux antiquités (temples, pyramides, etc.), et certaines planches sont même animées de personnages habillés à l’antique ; les deux tomes suivants décrivent l’État moderne (bâtiments, modes de vie…), avec, ici ou là, la présence de soldats de l’armée française ; les trois derniers tomes sont consacrés à l’histoire naturelle (faune, flore et minéralogie). La première édition, dite « impériale », est tirée à 1 000 exemplaires, et publiée entre 1809 et 1829. La seconde, moins luxueuse, publiée par Panckoucke de 1821 à 1830, connaît un vrai succès de librairie.
Les dimensions des deux grands volumes de gravures étaient telles qu’il était impossible de les ranger dans une bibliothèque traditionnelle. De nombreux meubles sont spécialement créés à cet effet, dont certains décorés à l’égyptienne.