Orient-Occident : des influences réciproques depuis le Moyen Age

Si la Méditerranée fait remonter vers le nord de l'Europe médiévale ce mélange des cultures grecques et romaines, chrétiennes et orientales, elle avance aussi l'influence culturelle de la nouvelle religion de l'Islam.

Publié le 19/04/2013 • Modifié le 22/08/2022

Temps de lecture : 4 min.

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Au XIIe siècle, épices, bois, gemmes, soieries, encens, porcelaine d’Extrême-Orient et d’Arabie irriguent l’empire d’islam. Les liens commerciaux entres grandes cités marchandes d’Italie (Gênes, Pise, Venise) et les villes de la Méditerranée voient un grand essor et ce jusqu’au XVe siècle. La suprématie orientale est sensible dans de nombreux domaines : sciences, commerce… Cette tendance s’inverse progressivement tandis que le commerce européen prend de l’ampleur en Méditerranée. Même si des épices et des textiles transitent d’Orient par Venise, les Etats européens fournissent bois et métaux.

Les arts

Dans les domaines artistiques, des gravures occidentales commencent à envahir les marchés orientaux et influencent les artistes. Des productions faites pour les voyageurs et les commerçants occidentaux en Orient se développent aussi. Des œuvres hybrides voient alors le jour, dans un style oriental mais avec des motifs étrangers. À l’inverse, les arts décoratifs islamiques influenceront massivement les artistes européens de la fin du XIXe siècle, en quête de nouvelles sources d’inspiration.

Mécénat et ateliers dans les arts de l'Islam

Durant des siècles, les artistes avaient besoin de mécènes pour travailler. Ils s’attachaient généralement à un prince qui leur permettait de vivre en échange de leur art. Ce système s’organisa rapidement autour des grandes cours du monde musulman et se développa dans la plupart des capitales de ce grand territoire. Des ateliers divisés par spécialités se créèrent : la calligraphie, la peinture, la céramique, la verrerie, le métal, l’orfèvrerie… Une organisation très hiérarchisée entre le maître et ses apprentis régissait ces corporations. Seuls les artistes et artisans les plus talentueux travaillaient au service du prince. Ils créaient pour lui les plus belles pièces de l’époque, à la fois pour embellir son palais, mais aussi pour exporter leurs œuvres, en les vendant ou en les offrant comme cadeaux diplomatiques. Ces ateliers se déplaçaient au gré des conquêtes et les artisans voyageaient souvent beaucoup. Ces échanges nourrissaient aussi leur art qui ne cessait d’évoluer.

Trésors des palais

Arrivés sur des territoires aux traditions anciennes, les Arabes mettent rapidement en place un art de cour et un cérémonial princier fastueux. Pour asseoir leur légitimité, ils s’entourent de symboles forts : création de nouvelles villes comme Bagdad, palais gigantesques, jardins luxuriants. Ces lieux se meublent de ce qu’il existe de plus beau : tapis en soie, mobilier en bois incrusté d’ivoire, de nacre, chandelier en argent, lampe en verre doré… Les princes participent à cette démonstration de luxe en portant les vêtements les plus raffinés et des bijoux en or incrustés de pierres précieuses. Les voyageurs et les diplomates occidentaux qui découvrent ces coutumes sont alors émerveillés par tant de faste et d’élégance.

Cordoue, siège du califat omeyyade en Occident

Après la conquête de la Terre Sainte, de l’Égypte, puis du Maghreb, la civilisation islamique parvient jusqu’à Cordoue. Ce califat, premier centre administratif de l’Espagne musulmane, sera tout au long du Xe siècle le rival de Bagdad, autre pôle de la culture islamique côté oriental. Sur les rives Est de la Méditerranée, cette culture est affrontée et brassée avec celle de Byzance. Si une certaine unité stylistique semble se dégager des arts islamiques dans des creusets de civilisations différents, la source en est sans doute dans une religion indissociée de la langue arabe dans laquelle elle a été révélée, puis transmise et pratiquée. De fait, l’écriture sacrée devient Une à travers les pays convertis et sa visualisation graphique, des livres ornés jusqu’aux entrelacs des motifs, imprègne les décors d’une même « signature ». Les arts de l’architecture, dont la sculpture est presque absente, intègrent ainsi ceux de la calligraphie. Le style d’écriture dit « coufique » se retrouve comme élément d’ornement d’architecture, où sont répétés les noms de Dieu (Allah) et du prophète (Mahomet).

Dans la grande mosquée de Cordoue, chef-d'œuvre de l’art hispano-mauresque développé pendant les siècles de présence musulmane, on peut lire par exemple des sourates du Coran dans des mosaïques à fond d’or. Elles témoignent de l’alchimie médiévale de plusieurs cultures, puisqu’exécutées par des mosaïstes byzantins, envoyés expressément par l'empereur Nicéphore II vers le califat de Cordoue. Le métissage artistique entre les cultures byzantines et musulmanes sera net aussi dans les pays où les deux civilisations s’affrontent directement, et où les occupations se succèdent, notamment en Sicile. L’occupation arabe de la péninsule ibérique durant huit siècles en fait l’un des centres culturels les plus importants du Moyen Âge et laissera un immense héritage artistique. L’occupation arabe de la péninsule ibérique, durant huit siècles, en fait l’un des centres culturels les plus importants du Moyen Âge et laissera un immense héritage artistique. Les mozarabes, communautés chrétiennes se retrouvant sous domination musulmane, apportent à la culture chrétienne, lors de leur émigration vers le Nord, une influence orientale ; l’art mozarabe passe ainsi les Pyrénées et essaime en pays catalan. L’église de Saint-Michel de Cuxa, près de Perpignan, avec ses arcs en fer à cheval, est un exemple de l’influence islamique dans l’art français. En Espagne, cette influence n’aura paradoxalement jamais été aussi grande qu’après la reconquête : les rois d’Aragon et Castille, habitant les palais musulmans des cités conquises, les prennent comme modèles de leurs nouveaux édifices.

Les sciences

Dès le VIIIe siècle, des scientifiques du monde arabo-islamique ont essayé de résoudre des problèmes du quotidien. Il fallait, entre autres, connaître la direction de La Mecque et connaître l’heure pour prier, s’orienter en mer, irriguer les champs... Des scientifiques ont su apporter des réponses concrètes à ces questions. Ils se sont basés sur des savoirs anciens et les ont approfondis, les scientifiques arabes devenant, du VIIIe au XIIe siècle, les meilleurs de la planète ! Ils travaillaient généralement en groupe, consultaient des bibliothèques, voyageaient afin d’enrichir leurs connaissances et des maîtres enseignaient à leurs élèves. Alors que l’Europe n’en était qu’au Moyen Âge, le monde arabe rayonnait grâce à la création d’observatoires astronomiques, d’écoles de médecine et d’hôpitaux. Le nombre d’ouvrages scientifiques écrit reste considérable et dans tous les domaines possibles : l’astronomie en tête, mais aussi la géographie, les mathématiques, la médecine, la botanique, l’architecture, la physique, la chimie et l’alchimie.

Instruments et manuscrits témoignent de l’essor de la recherche et des avancées de la science arabe au Moyen Âge. Observatoires et hôpitaux prolifèrent. Les manuscrits des savants grecs sont traduits. La langue arabe, devenue langue officielle et administrative est également la langue scientifique, parlée de l’Espagne à l’Asie centrale.

Les chiffres que nous utilisons aujourd’hui et que nous appelons les « chiffres arabes » sont en fait des chiffres hindous que les Arabes ont adoptés et auxquels ils ont ajouté le zéro. Deux savants sont particulièrement renommés :

  • Al-Khwarizmiqui fonde l’algèbre au début du IXe siècle (al gibr signifie « réduction » en arabe). Le mot « algorithme » est dérivé de son nom.
  • Avicenne, dont les traités constituent pendant plusieurs siècles la base des manuels de médecine, aussi bien en Orient qu’en Occident.

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