Tout Bonnard en une œuvre

Le soleil serait-il tombé dans le jardin ? Mais non ! C’est un immense mimosa. Écoutons-le, il nous raconte tout de l’art de Pierre Bonnard… En partenariat avec la revue Dada.


Publié le 31/03/2015 • Modifié le 07/09/2022

Temps de lecture : 2 min.

Cet article est extrait du no 199 de la revue DADA.

Le soleil serait-il tombé dans le jardin ? Mais non ! C’est un immense mimosa. Écoutons-le, il nous raconte tout de l’art de Pierre Bonnard…

 

C’est une maison rose…

En 1909, quand Bonnard découvre le Sud et sa lumière, c’est une révélation ! Il y revient chaque année et finit par s’y installer en 1939. Les paysages qu’il contemple depuis les fenêtres de son Bosquet, les ciels colorés, son jardin sont une source d’inspiration inépuisable pour le peintre. La maison aussi est l’un de ses thèmes favoris. Chaque pièce l’inspire : la salle à manger, le salon, la salle de bains… mais aussi un simple vase de fleurs sur une cheminée ou un panier de fruits ! Il peint également Marthe, à ses occupations quotidiennes, en train de jouer avec le chat ou de prendre son petit déjeuner. Comme les autres pièces, l’atelier, construit au nord de la maison, fait partie de ce petit monde. De la baie vitrée, on aperçoit un mimosa, le jardin du voisin, puis l’arrière-pays cannois surmonté d’une mince bande de ciel.  
 

Pierre Bonnard, L’Atelier au mimosa, 1939-1946, huile sur toile, 127,5 × 127,5 cm. Paris, Centre Pompidou.
© Photo : MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat. © ADAGP, Paris 2015.
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Que la lumière soit !

Pierre Bonnard veut rendre la peinture vivante. Pour cela, pas de format imposé, mais des toiles punaisées à même le mur. Pas de travail d’après nature non plus, mais d’après des croquis réalisés dans son agenda. L’Atelier au mimosa, l’un de ses ultimes chefs-d’œuvre, a été créé ainsi. Ce mimosa nous attire irrésistiblement ! Par touches légères de jaune, de vert et de bleu, les fleurs éclatent en grappes cotonneuses. Mais attention : Bonnard raisonne la couleur et l’organise. La baie vitrée de l’atelier, par laquelle nous contemplons l’arbre, empêche notre regard de plonger tout à fait dans les fleurs. Elle forme une barrière géométrique entre deux mondes : l’extérieur, que Bonnard traite en teintes froides, et l’intérieur, tout de teintes chaudes. Le jaune-vert intense du mimosa répond au grand pan de mur pourpre ; aux différentes nuances de vert de la haie, au second plan, sont apposées de multiples touches rouges tout autour. La juxtaposition de ces touches de couleurs complémentaires crée cette incroyable lumière à laquelle Bonnard a travaillé tout au long de sa carrière.
 

Un ange passe

Regarder une œuvre de Pierre Bonnard peut demander un bon sens de l’observation ! Dans L’Atelier au mimosa, notre œil se promène à l’extérieur puis revient à l’intérieur de la pièce. La rambarde découpe l’espace avec, devant, une petite table et, derrière, une autre table sur laquelle sont posés un flacon d’encre et des feuilles blanches. Bonnard réunit ainsi le minuscule et l’immense, le proche et le lointain, l’intérieur domestique et la nature sauvage… Mais avez-vous pensé à regarder en bas à gauche ? Une tête de femme jaune et rouge, auréolée de bleu ciel, se fond dans les tons du mur. Qui est-elle ? Peut-être Marthe ? Il l’a peinte toute sa vie, sans qu’elle ne vieillisse jamais. Elle meurt en février 1942, au moment où les mimosas commencent à fleurir. Ce visage discret, peint sur une œuvre commencée trois ans avant le décès et achevée quatre ans après, est-il un ultime clin d’œil à son amour disparu ?
 

Éléonore Nessmann

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