Tout Haring en une œuvre

En 1989, Keith Haring fait un saut à Pise. Dans la ville de la tour qui penche, il peint sa dernière grande œuvre murale, un véritable condensé de tout son univers. Mamma mia ! En partenariat avec la revue Dada.

Publié le 09/04/2013 • Modifié le 10/08/2022

Temps de lecture : 2 min.

couverture dada n° 182 | avril 2013 (sur keith haring)

Cet article est extrait du n° 182 de la revue DADA.

En 1989, Keith Haring fait un saut à Pise. Dans la ville de la tour qui penche, il peint sa dernière grande œuvre murale, un véritable condensé de tout son univers. Mamma mia !

 

Au pied du mur

New York, 1981 : Keith Haring devient un pape du street art. Dans cette ville qui ne dort jamais, il commence par recouvrir illégalement les murs du métro avec ses dessins à la craie : des motifs simples qui vont devenir sa marque de fabrique. Quelques années plus tard, c’est toujours à New York qu’il croise un étudiant italien. Suite à cette rencontre, la ville de Pise invite Haring à réaliser un décor pour l’église Saint-Antoine. Toujours dans la rue, Haring est passé de graffeur hors-la-loi à artiste reconnu. Pise, c’est selon lui l’un de ses projets les plus importants. D’ailleurs, le titre est bien choisi : Tuttomondo, l’ensemble du monde. Vaste programme ! Artiste engagé, il illustre sur 180 m2 un thème qui lui est cher : la paix et l’harmonie dans le monde.
 

keith haring, tuttomondo, 1989

Keith Haring, Tuttomondo, 1989, peinture murale, 180 m2. Pise, façade de l’église Saint-Antoine.
© Keith Haring Foundation, Used by Permission.
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Un ange passe

1, 2, 3… 30 figures colorées géantes ornent le mur ; 30 symboles au graphisme simple caractéristiques de Haring. Regardez par exemple les ciseaux en haut : c’est l’humanité qui défait le mal, sous la forme de ce serpent rouge qui vient de croquer un bras. Quant au chien, c’est chez Haring l’animal protecteur par excellence. Ici, il est rouge et armé d’un bâton jaune, symbole de force et de pouvoir. Un peu plus à droite, une figure maternelle tient un bébé bleu dans ses bras et, de l’autre côté du mur, un bébé violet se promène à quatre pattes. Pour l’artiste, il n’y a rien de plus pur au monde : normal que l’on retrouve ici un motif qui est devenu sa signature. Il y a aussi deux dauphins sur ce mur, les voyez-vous ? Un porté par un homme au sommet représente l’harmonie entre l’homme et la nature. L’autre grimpe sur un homme chauve-souris, qui fait écho à l’ange jaune à droite. Après tout, nous sommes sur le mur d’une église… Regardez : on dirait d’ailleurs qu’il vibre. Tous ces petits traits noirs matérialisent aussi bien le mouvement des personnages que l’énergie qu’ils dégagent. Tuttomondo, une œuvre qui bouge !
 

Block party

L’intérêt du graffiti, c’est le contact direct avec le public, sans barrières ni gardien. Le public a toujours fait partie du travail de Haring. Les couleurs de Tuttomondo ont été choisies en fonction des bâtiments aux alentours, pour que l’œuvre soit en harmonie avec la ville et ceux qui y vivent. Pendant qu’il travaille, journalistes, photographes et habitants se pressent pour observer l’artiste. Comme souvent, peindre devient avec lui un spectacle, une performance. À Pise, il installe même des haut-parleurs pour travailler en musique, dans une ambiance qui rappelle les fêtes de quartier à New York. Le dernier jour, il invite même un DJ. L’euphorie est intense, d’autant qu’elle est de courte durée. Comme à son habitude, Haring peint très rapidement. Avec Tuttomondo, il aura fait le tour du monde en moins de quatre jours !

En partenariat avec Revue Dadarevue dada

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