1954 : une nuit avec l'abbé Pierre

Ces images d’archives présentent dans un extrait du journal « Les actualités françaises » la quête de l’abbé Pierre afin de sensibiliser la population lors de l’hiver 1954 où de terribles vagues de froid s’abattent sur la France.

Le terrible hiver 54

Le thermomètre est à –15, et la Marne est gelée aux portes de Paris. Un hiver terrible, tragique où des hommes dorment sur les bouches du métro. On avait oublié que ça existe, l’hiver, pour les sans-logis. C’est pour s’en souvenir qu’il faut voir la Pomponette, la cité de l’abbé Pierre, constitué de roulottes et de cabanes où des gens vivent, parce qu’une cabane à courant d’air, où l’on casse la glace le matin, c’est quand même un toit. C’est là que l’autre jour, un nouveau-né est mort de froid. Et c’est dans cette roulotte, qu’hier, par -10, un autre enfant est né. On saura maintenant que ça existe, même l’hiver, les sans-logis.

C’est pour cela que l’abbé Pierre a appelé tous ceux qui ont un toit à l’aider à sauver du froid de la longue nuit d’hiver ceux qui n’en ont pas. Beaucoup de monde était présent à son rendez-vous du Panthéon. Dès le soir, les paquets de couverture et de vêtements affluaient. Et ce ne sont pas seulement des riches qui ont donné quelque chose. La nuit, l’abbé Pierre et ses compagnons s’en sont allés ramasser tous ceux qui, dans les rues, traînent jusqu’au matin, parce qu’ils n’ont pas de maison. Rue de la Montagne-Saint-Geneviève, une tente de toile sera leur abri. Abri précaire, mais un abri tout de même. Sans l’abbé Pierre, il n’y en aurait pas.

Chaque nuit, ils sont plus de 2000, recroquevillés sous le gel, à la rue, sans toit, sans pain. Il a fallu ce fou d’abbé Pierre pour nous ouvrir les yeux. Maintenant, il faut en prendre conscience.