À la mode
La Fête du court métrage
Dans un royaume tourmenté par des croyances ancestrales, une reine et ses sujets doivent constamment se maintenir à la pointe de la Mode, sous peine d’être dévorés par un monstre abominable : le Ridicule. Il faudra l’arrivée d’un cowboy au naturel désarmant pour libérer d’un éclat de rire cette population de fashion victims asservies, avec cette simple interrogation : et si le Ridicule n’était pas là où on l’imagine ?
Amour-propre et pression sociale
Au royaume « À la mode », on assiste à un défilé de personnages assez superficiels dans leurs apparences. Le film s'amuse des codes connus en mixant moyen-âge, science-fiction, western, épouvante. Ce film est avant tout à propos de l'amour-propre, de la confiance en soi. La Reine a besoin qu'on lui dise quotidiennement qu'elle est la plus à la mode du royaume, sur le modèle de la belle-mère de « Blanche-Neige ». Au fond, elle manque grandement de confiance en elle. Le royaume est d'ailleurs « troublé par une terrible angoisse » (premiers mots du film) qui est celle de se laisser dépasser par la mode, de ne plus être à la pointe des tendances, et donc de se faire attraper par « le ridicule ». Ainsi, la peur règne et le rire n'existe pas, la pression est à son comble dans ce royaume où il faut toujours correspondre au thème imposé, peu importe les moyens et la pression qu'il faut pour y arriver. Ceux qui cèdent à cette pression, qui n'arrivent plus à suivre, sont d'ailleurs éjectés du royaume. Même si le narrateur utilise la formule « Il était une fois », on ressent une certaine volonté de représenter notre société actuelle. Rien que dans les cours de récré, ce schéma se produit souvent, consciemment ou non. Ceux qui ne peuvent pas suivre la mode peuvent facilement se retrouver exclus. Et ceux qui sont à la mode ne sont pas forcément les plus heureux non plus, car ils peuvent subir une pression constante et le regard oppressant des autres. Dans ce contexte, il est difficile de s'épanouir et de s'aimer tel que l'on est. Et si le monde n’était qu’un théâtre où chacun joue pour le regard des autres ?
On est plus heureux quand on est soi-même
Le réalisateur s’amuse à mettre en scène l'expression « Chasse le naturel et il revient au galop » : on comprend, grâce au personnage du cow-boy qui fait découvrir au royaume un peuple heureux et pourtant totalement dépareillé, que le ridicule n'existe pas, et que la conformité ne rend pas plus heureux. Ne plus avoir peur du ridicule en étant juste soi-même et en lâchant prise, c’est en effet ce qui soulage l’angoisse du royaume. Le rire vient aux habitants en même temps que la prise de conscience que ce n'est pas grave d'être différent, et même parfois ridicule.
C'est aussi là que la Reine rencontre l'amour, ce qui prouve qu'être soi-même et s'aimer, c'est aussi se donner la capacité d'aimer les autres et d'être aimé. Tout va pour le mieux depuis que les habitants du royaume ont compris que personne ne portait plus d'intérêt à leur apparence. Le monstre qui les terrorisait n'était que la pression qu'ils se mettaient eux-mêmes, qui leur imposait un rôle qui ne leur convenait pas et donc qui les rendait fous.
Réalisateur : Jean Lecointre
Producteur : 2.4.7 Films, Schmuby Productions / Pictanovo
Année de copyright : 2020
Année de production : 2020
Publié le 15/03/23
Modifié le 15/03/23