Airbus-Boeing, l'étoffe des égo
Duels
Avec Airbus, l’Europe s’est lancée sur un marché aéronautique dominé par les Etats-Unis. Des conflits commerciaux qui ont mené à des tensions diplomatiques entre deux concurrents qui règnent désormais en maîtres sur le ciel du monde entier.
La naissance d’Airbus, ou le concurrent européen
A la fin des années 1960, dans une société qui se mondialise, l’Europe décide de s’unir pour s’intégrer au marché de l’aéronautique, chasse gardée des Américains, et surtout de Boeing qui vient de sortir le 747. C’est ainsi que les pays européens, et principalement les Français et les Allemands, s’allient pour concevoir un avion capable de rivaliser : c’est la naissance d’Airbus, une concurrence que Boeing ne prend au départ pas au sérieux. Le nouveau groupe s’attaque à l’élaboration de l’A300, un moyen-courrier. Un lancement compliqué, notamment en raison du Boeing 747 qui rencontre un franc succès même auprès des compagnies aériennes françaises comme Air France.
Une guerre commerciale et politique entre Européens et Américains
Après l'obtentation d'un contrat polémique par Airbus, une bataille féroce démarre, avec deux visions de l’économie du marché qui s’opposent, et où les adversaires se répondent coup pour coup. En 1987, les Européens dévoilent en grande pompe l’A320. La Maison Blanche s’invite alors dans le conflit et menace l’Europe de sanctions économiques si la France et l’Allemagne continuent de les subventionner. Cet avertissement restera sans suite, les Américains encore occupés par la Guerre Froide. Airbus et Boeing trouveront un accord en 1992, visant à règlementer le financement de leur industrie. Une trêve de courte durée, puisque Bill Clinton, dès son élection à la présidence, remet en cause l’accord, et porte plainte contre Airbus, rejetant sur l’Europe la responsabilité de la crise traversée par Boeing, forcé de licencier de nombreux salariés.
Des réussites et des échecs, en parallèle du conflit commercial
Pendant ce temps, Airbus rencontre un franc succès avec l’A320, qu’il peut produire plus massivement. Le groupe s’essaie alors aux long-courriers avec l’A340. Mais c’est cette fois un échec face à un Boeing 777 révolutionnaire conçu par ordinateur. Ils arriveront toutefois à remporter la plus grosse commande de l’histoire de l’aviation civile en vendant 400 appareils à l’US Airways. Pour consolider sa résistance au marché, Boeing acquiert ensuite son principal concurrent sur le marché militaire, McDonnell Douglas. Mais la politique se mêle de nouveau aux festivités, la Commission européenne considérant cela comme une manœuvre pour étouffer Airbus, et exige que Boeing renonce à un contrat d’exclusivité signé avec plusieurs compagnies américaines. Pour éviter un véto de l’Union à la fusion, le géant américain n’a pas d’autre choix que d’accepter.
Un duopole désormais établi
Pour réduire l'écart avec Boeing, l’Europe a poussé ses industries aéronautiques civiles et militaires, dont Airbus, à se regrouper sous une nouvelle entité : EADS. Pour l’occasion, Airbus lance l’A380, capable d’embarquer 800 passagers. Dans les années 2000, alors que le marché est bouleversé par l’émergence de compagnies low-cost comme Ryanair et du Golfe, c’est sur le marché militaire que les deux géants s’affrontent, avec l’affaire du contrat des avions de ravitaillement pour l’armée américaine. Un contrat de 35 milliards de dollars, qui sera remis en jeu plusieurs fois, à cause de corruption ou d’ingérence du Congrès américain, et qui finira entre les mains de Boeing. Aujourd'hui, les deux groupes règnent sans partage sur le secteur, dans une concurrence saine pour le marché comme pour les deux entreprises, car elle limite l'intégration de potentiels acteurs qui viendraient les déranger.
Réalisateur : Patrick Barbéris
Nom de l'auteur : Franck Bouaziz et Patrick Barbéris
Producteur : 13 Productions, avec la participation de France Télévisions
Distributeur : FTD
Année de copyright : 2016
Publié le 08/09/21
Modifié le 08/09/21