Carnoux, un village construit par des pieds noirs
Archives Ina - Indépendance de l'Algérie
Lorsque les pays d’Afrique du Nord obtiennent leur indépendance vis-à-vis de la France, des millions de Français doivent tout quitter pour rejoindre la métropole. Près de Marseille, certains d’entre eux ont décidé de créer une toute nouvelle commune, qui rappelle indéniablement l’Algérie française : Carnoux-en-Provence.
Les origines de Carnoux-en-Provence
Au début des années 1950, les tensions sont grandissantes au Maroc. En 1953, un groupe d’entrepreneurs français considère que leur situation dans le pays risque de se détériorer rapidement, et décide donc de retourner en métropole. L’un d’entre eux, Emilien Prophète, se rend ainsi à Marseille à la recherche d’un endroit où ils puissent s’installer, et qui convienne à leurs besoins. Son choix se porte sur un espace à une vingtaine de kilomètres de la cité phocéenne : c’est la naissance de Carnoux-en-Provence. En seulement quelques années, ce lotissement va très vite se transformer en petite ville suite à l’arrivée de nombreuses familles françaises ayant fui l'Algérie ou le Maroc.
Mais jusqu’en 1966, Carnoux n’a pas le statut officiel de commune, et n’a pas de mairie. La ville des rapatriés est alors sous la tutelle des deux communes avoisinantes, Roquefort-la-Bédoule et Aubagne, et de leurs maires respectifs. Conformément aux souhaits de ses habitants, elle devient une vraie commune indépendante le 15 septembre 1966, quelques mois avant l’élection de son premier maire.
Un lieu de pèlerinage pour tous les pieds-noirs
Sous l’impulsion de ses habitants nostalgiques de leur vie d’antan, Carnoux-en-Provence devient rapidement un musée de l’Afrique du Nord française. Notamment ses premières villas, de style colonial, ou les inscriptions « OAS » sur les murs. Mais aussi son église, baptisée Notre-Dame d’Afrique, comme la basilique d’Alger, où de nombreux pieds-noirs peuvent se recueillir devant une réplique de la Vierge noire. La commune est un sanctuaire pour ces expatriés, qui viennent parfois de loin pour retrouver l’ambiance de leur pays natal, et échanger non sans émotion sur leur passé. Mais elle peut aussi rappeler l’Algérie française dans ses défauts, qui sont des séquelles du passé. La plupart des ouvriers sont des maghrébins, bien moins payés que les Français pour des postes équivalents, et donc obligés de vivre dans des bidonvilles, à l’écart.
Le développement de Carnoux
La ville se développe rapidement, par exemple au niveau de ses infrastructures sportives. Agréable à vivre, elle permet à ses habitants d’aller de l’avant. Tous les Carnussiens s’accordent cependant sur la nécessité d’accueillir des métropolitains, tant pour la prospérité de leur commune que pour les aider à tourner la page et s’intégrer dans une société qu’ils ne connaissent pas. Ces métropolitains, de leur côté, découvrent un autre mode de vie, et semblent autant s’y plaire, malgré les préjugés initiaux qui circulent sur ceux que l’on appelle, à la fin de la Guerre d'Algérie, les rapatriés.
Producteur : ORTF
Année de copyright : 1966
Publié le 13/05/22
Modifié le 13/05/22