Comment calculer le risque pandémique ?

L’actuariat, ou l’art de calculer les risques, peut grandement contribuer à la gestion de la crise sanitaire. Mais comme nous l’explique Sandrine Lémery, titulaire de la chaire d’actuariat au CNAM et vice-présidente de l’Institut des Actuaires français, les impacts de cette crise ont été sous-estimés. Et devraient pousser les actuaires à repenser leurs modèles.

Qu’est-ce que l’actuariat ?

L’actuariat est à la fois un art et un métier. C’est l’art d’évaluer les risques d’un point de vue financier, de leur donner un prix avant et après, via des outils comme les mathématiques et les statistiques. Dans le monde professionnel, il est surtout utilisé dans le secteur des assurances. Par exemple, l’actuaire est celui qui va estimer que le coût pour assurer une voiture sera de 150 euros, parce que la probabilité d’un sinistre est de 10%, et que le coût moyen d’un sinistre est de 1 500 euros. Il doit aussi calculer la marge de sécurité nécessaire aux assurances pour s'assurer de pouvoir faire face à une crise majeure. C’est aussi lui qui va aider à déterminer les intérêts sur un emprunt bancaire en fonction de l’âge de l’emprunteur, selon la probabilité de décès pour l’âge concerné.

Apprendre de la crise du Covid-19 pour éviter les erreurs futures

Les actuaires avaient anticipé le risque d’une pandémie, mais personne ne s’attendait à une crise telle que celle de la Covid-19. Les modèles fixés notamment pour le domaine des assurances n’envisageaient pas un tel impact sur la société et la mortalité. Mais ce secteur a réussi à échapper à une potentielle grave crise financière, du moins pour l’instant. Dans tous les cas, l’actuariat comme les scientifiques doivent tenter d’apprendre de cette crise pour trouver des moyens de mieux anticiper et prévenir les risques futurs, qui pourraient être aussi graves, voire pire. Et qui peuvent être liés à des épidémies, des crises sociales, ou même être de nature écologique.