Vidéo : Des crises, toujours des crises

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France Télévisions
SES04:02Publié le 26/06/2020

Est-ce que l'on peut anticiper les crises en économie, et comment les expliquer ? Voici une interview croisée de plusieurs économistes qui tentent de répondre à cette interrogation.

  • Olivier Garnier, chef économiste – Société Générale : Il y a toujours des crises, c’est un peu ce que l’économiste Keynes appelait « les esprits animaux.» Ce qui domine l’économie, ce sont les esprits animaux : il y a des phases d’excès d’optimisme et des phases d’excès de pessimisme.  
  • Michel Aglietta, professeur –Université Paris Ouest : les crises sont récurrentes, parce qu’elles sont le processus de révélation et d’apurement, de tensions accumulées, qui viennent de la logique-même de l’accumulation du capital. Ça, c’est tout-à-fait essentiel : comprendre que les crises sont endogènes. Il est possible de réguler le capitalisme, mais il faut accepter que la finance soit règlementée par les Etats. Ce qui s’est passé, c’est à partir des années 80 la pression énorme à la libéralisation financière, a pu se révéler et se réaliser par des changements politiques très profonds. La politique est décisive là-dedans.

Qui a enclenché la crise financière de 2008 ?

  • Marc-Olivier Strauss-Kahn, directeur général de la Banque de France : Par exemple, la crise de 2008, elle a été enclenchée aux Etats-Unis par un mauvais fonctionnement, un dérèglement du système de financement du marché immobilier. Les prix des maisons s’étaient envolés. Et on a beau dire que « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel », beaucoup continuent quand même à acheter des biens, même quand de toute évidence les prix sont devenus excessifs.
  • Jean-Marc Daniel, Professeur Ecole supérieure de Commerce à Paris : Au début du XXe siècle, un économiste français comparait ça à un poêle. On met beaucoup de charbon dans le poêle, et il ne démarre pas tout de suite. On ne s’aperçoit pas qu’il va générer beaucoup de chaleur. Et donc il arrive un moment où, comme on a mis beaucoup de charbon, le charbon s’enflamme et à ce moment-là il fait trop chaud. Et on ouvre la fenêtre pour refroidir. Il disait « les crises, c’est la même chose, il y a une période de surchauffe, et une période de refroidissement » Donc on a gardé ce vocabulaire, on parle encore, en économie, de surchauffe et de refroidissement, c’est-à-dire de périodes où on investit trop et de périodes, où, pour corriger cette situation, on ouvre la fenêtre, on fait venir un peu d’air frais
  • David Thesmar, professeur de finance à HEC : A chaque fois qu’il y a une nouvelle technologie, quelque chose de nouveau, les gens ne savent pas et les gens parient sur le futur. Parfois ils sont pessimistes et il ne se passe rien, mais quand ils sont optimistes, il faut corriger cet optimisme.

Quel est le rôle de la finance ?

  • David Thesmar, professeur de finance à HEC : Ça veut dire au fond que les crises existent parce c’est difficile de prédire le futur, et que le rôle de la finance, c’est de prédire le futur… Et souvent, des erreurs sont commises.  
  • Agnès Bénassy-Quéré, Présidente-déléguée du Conseil d’Analyse économique : L’investissement est proportionnel à la variation de la demande puisqu’une entreprise n’investit que si elle anticipe que la demande qui lui est adressée va augmenter. Puisque l’investissement est destiné à augmenter le capital et donc le niveau de la production. Finalement on a un investissement qui est proportionnel non pas à la production mais à la variation de la production. Or, l’investissement est une composante de la demande. Donc le PIB d’une année donnée dépend du niveau de l’investissement. Ce qui fait qu’au bout du compte, le PIB dépend de la variation du PIB. Tout mathématicien qui réfléchit à la question verra que ça donne des dynamiques extrêmement instables. On a des phases d’augmentation de la production et puis ça se retourne, ça donne des cycles.   

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Publié le 26/06/20

Modifié le 07/01/22

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