L'investigation, ou le retour du journalisme au temps long

A l’ère des réseaux sociaux et de l’information continue et immédiate, le journalisme d’investigation au long cours reste indispensable pour traiter de nombreux sujets. Mais dévoiler la vérité comporte aussi son lot de risques qui rendent la pratique difficile.

Le journalisme d’investigation à l’époque de l’information immédiate

Avec Internet, la vitesse de transmission de l’information et de la communication a fait un bond en avant considérable. Ce qui rend plus difficile le travail d’investigation des journalistes, notamment sur des sujets au cœur de l’actualité, car celui-ci demande beaucoup de temps. Mais dans cette époque de l’information immédiate et commentée, cette méthode de travail continue de trouver son public, par exemple via l’émission Cash Investigation, ou Mediapart. Ce média en ligne fondé en 2008 est connu pour ses enquêtes sur des personnalités publiques ou politiques, sans distinction, comme l’affaire du financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Plusieurs structures similaires apparaissent, comme Disclose, souhaitant mener des investigations de manière indépendante.

L’union face aux pressions et aux risques du métier

Si ces enquêtes ont parfois mené à des changements, comme la création du Parquet National Financier après l’affaire Cahuzac, elles peuvent aussi faire face à des menaces et des lois qui tendent à entraver la liberté de la presse, comme les lois sur le secret des affaires. Certains journalistes, comme ceux qui ont enquêté sur Alexandre Benalla, peuvent être convoqués à la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (ou DGSI), ou voir leurs locaux perquisitionnés. Et ils risquent, à terme, de ne plus avoir de sources aussi menacées, à l’instar des lanceurs d’alerte, ce qui rendrait leur travail impossible à réaliser. L’investigation est une forme de contrepouvoir, politique, économique, etc. Face à ces pressions, les journalistes se regroupent via le journalisme collaboratif, auquel n’importe quel citoyen peut contribuer. Car l’union fait la force.

Cet épisode a été initialement publié dans La Revue des médias (INA), le webmagazine qui analyse les mutations des médias.