Comment une crise financière, qui concerne à priori les banques et le secteur financier, peut-elle s’étendre progressivement à l’économie toute entière ?
Pour bien comprendre, on va imaginer une banque, mais une banque minuscule. Comme elle est minuscule, elle a seulement 10 clients parmi lesquels on trouve 6 particuliers, 3 entreprises et 1 Etat minuscule qui s’appelle la Nanonésie.
Revenons à notre banque miniature et penchons-nous sur son minuscule bilan comptable.
Ici à droite, voici le passif où figurent les ressources de la banque, ses fonds propres, les dépôts de ses clients, et les prêts consentis par d’autres banques.
De l’autre côté, voici l’actif, c’est-à-dire ce que la banque fait avec ses ressources. En gros, elle le prête, à des particuliers à des entreprises, à d’autres banques, et puis à ce client un peu spécial, la République de Nanonésie, dont l’économie florissante attire les capitaux du monde entier.
Mais revenons encore au bilan. La banque paie des intérêts sur les sommes qu’elle a empruntées. Son passif lui coûte de l’argent. Heureusement, son actif lui en rapporte. Et comme la banque est gérée adroitement, l’actif rapporte plus que ce que coûte le passif : le solde est positif. C’est comme ça que la banque paie les salaires de ses employés et fait des bénéfices. Tout va donc pour le mieux dans me meilleur des mondes minuscules, lorsque soudain… Patatras !
En Nanonésie, le général Iota vient de s’emparer du pouvoir et menace de ne pas rembourser la dette publique du pays.
Rien n’est encore officiel, mais le risque suffit.
L'effet domino dans une crise
Du jour au lendemain, plus personne ne veut prêter à la Nanonésie. Parmi les actifs de notre banque, ceux qui concernent la Nanonésie ne valent virtuellement plus rien. Si bien que le bilan de notre mini banque bascule dans le négatif et qu’on commence à évoquer le spectre de la faillite. Les clients inquiets pour leurs économies retirent massivement leurs dépôts, ce qui est précisément le moyen de provoquer une faillite. Et c’est là qu’entre en jeu le terrible effet domino.
Rentrons un instant dans le cerveau d’un investisseur : Si la banque « X » fait faillite, se dit-il, alors la banque « Y » ne récupèrera pas les 7 milliards qu’elle lui a prêtés l’année dernière. Donc il faut considérer « Y » comme virtuellement en faillite, et si « Y » plonge, elle ne pourra jamais rembourser « Z » et ainsi de suite. On assiste à une véritable réaction en chaîne à l’issue de laquelle plus personne ne fait confiance à personne. Les banques ne se prêtent plus entre elles, et pire, comme elles manquent de cash, elles évitent de prêter aux particuliers et aux entreprises. Les entreprises qui n’ont plus accès au crédit, et anticipent une baisse des commandes, réduisent leur production et licencient. C’est comme ça que la crise bancaire devient crise tout court, parce que ces nouveaux chômeurs sont aussi des consommateurs qui vont consommer moins. Quant à ceux qui travaillent, inquiets pour leur avenir, ils préfèrent épargner plutôt que consommer. Bref, la demande plonge.
Comment la crise paralyse l'économie
De nombreux touristes, par exemple, annulent leurs vacances en Nanonésie et partent dans le Cantal. La Nanonésie n’a pas encore fait officiellement défaut, mais cette simple possibilité a provoqué une perte de confiance telle que le système financier s’est bloqué et que ce blocage a provoqué une crise généralisée avec effondrement de l’activité, de l’emploi et de la demande. Bref, le virtuel est devenu réel. Ce sont de vrais emplois qui sont perdus et de vrais gens qui se retrouvent sans ressources.
C’est parce que la sphère financière est connectée à l’économie toute entière que ces crises peuvent devenir un problème pour tout le monde.
Pour évirer ce type de scénario catastrophe, les banques centrales peuvent prêter aux banques en difficulté. Elles font aussi respecter un certain nombre de règles de bonne conduite. Mais les règles ne suppriment pas entièrement le risque.
Ah, au fait, le général Iota a finalement décidé de payer ses dettes. Mais c’est trop tard. La crise est là et plus personne ne l’écoute.
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Année de copyright : 2019
Année de production : 2019
Publié le 26/06/20
Modifié le 19/09/21