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Culture générale52:27Publié le 06/09/2021

La Turquie selon Erdogan

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En seulement quelques années, Recep Tayyip Erdogan est devenu un acteur majeur du Proche-Orient et un partenaire diplomatique de premier plan pour l’Occident. Un homme apparu d’abord comme un démocrate pro-européen, qui au fil des évènements, de l’échec de l’entrée dans l’Union européenne à la question kurde et aux purges actuelles, deviendra un chef d’état autoritaire régnant sans partage sur la Turquie.

L’accès au pouvoir

Au tournant des années 2000, l’ancien maire d’Istanbul Recep Tayyip Erdogan est la figure de l’opposition islamique au pouvoir en place en Turquie. Un régime autoritaire contrôlé dans l’ombre par l’armée kémaliste, mouvement hérité du fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Ataturk. Pour attirer davantage d’électeurs, il s’éloigne des musulmans les plus radicaux et prend une voie progressiste. Un an plus tard, l’AKP, parti rassembleur, remporte les élections. Et Erdogan, qui a su plaire au peuple qui le considère comme un des leurs, devient premier Ministre. Mais pour changer le destin de la Turquie et aller encore plus haut, il doit se défaire de la menace de l’Armée. Pour ce faire, il se tourne donc vers l’Europe.

La Turquie aux portes de l’Europe

Dès son élection, Erdogan utilise les critères d’entrée à l’Union Européenne pour éloigner l’influence de l’Armée sur le pouvoir. Avec l’ouverture vers l’Europe, la Turquie change de visage et connaît une forte croissance. Une politique de grands travaux est menée. Mais elle se fait au bénéfice d’entreprises proches du pouvoir, qui obtiennent les contrats et reversent de l'argent dans des associations liées à l’AKP, qui offre des aides sociales à de nombreux habitants, tant qu’il reste au pouvoir. Un système douteux source de tensions avec l’Europe, d’autant plus que des dirigeants comme Nicolas Sarkozy s’emploient à empêcher l’entrée de la Turquie dans l’Union. Les négociations finissent par tomber à l’eau, ce qu’Erdogan utilise à son avantage en déclarant à la population qu’il a tenté, mais que les Européens ne veulent pas d’eux.

Les frères ennemis

Pour contrer la menace militaire qui se concrétisera avec un ultimatum, Erdogan s’allie avec Fethullah Gülen, à la tête d’une grande confrérie religieuse et qui à la mainmise sur l’appareil d’Etat. Grâce à lui, il fait arrêter de nombreux hauts-gradés. L’AKP gouverne maintenant seul, et Erdogan montre son vrai visage. Il devient moins libéral et démocratique, réprimant dans le sang les contestations. Il mène une purge jusque parmi ses proches, notamment Gülenistes. C’est le début d’un conflit avec Gülen, qui le mettra en cause pour corruption en diffusant des preuves compromettantes. Le dirigeant renversera encore la situation en stoppant l’enquête et en renvoyant les juges et policiers qui l’accusaient de manière autoritaire. Un an plus tard, il devient le premier Président élu au suffrage universel et sombre dans la mégalomanie, illustrée par un gigantesque palais.

La stratégie du chaos d’Erdogan

Pendant ce temps, la guerre éclate en Syrie. En 2015, un journal d’opposition dévoile que les services secrets turcs armeraient en secret l’Etat Islamique. Mais si Erdogan les soutient, c’est pour se protéger d’une plus grande menace : les Kurdes, dont la progression face aux Djihadistes provoque la peur d’un état kurde indépendant. Il s’était pourtant engagé en faveur de la paix avec les Kurdes afin d’obtenir des voix. Mais ce calcul politique sera un échec lors des élections législatives de 2015, avec un score record pour le HDP, parti pro-kurde. Il refuse de reconnaître leur victoire et relance des élections. En parallèle, il intervient dans le conflit syrien en frappant Daesh, qui fait déjà face à une coalition internationale, comme Kurdes, bombardant des civils. Un climat chaotique rythmés par des attentats, dont il se servira pour remporter les futures élections. Il est alors libre de changer la Constitution et de s’attribuer les pleins pouvoirs.

Seul au pouvoir

La répression se fait de plus en plus forte en Turquie. L’opposition est muselée et les arrestations se multiplient parmi les journalistes, les intellectuels ou les militants des droits de l’homme, qui peuvent être accusés de terrorisme. Malgré la brutalité du régime, l’Europe continue de dérouler le tapis rouge à Erdogan, qui a un moyen de pression avec la question des réfugiés syriens, qu’il accepte de retenir pour 6 milliards d’euros. Plus rien ne peut le retirer du pouvoir, pas même la tentative avortée de coup d’état en juillet 2016, qui servira de prétexte à une purge encore plus forte, et à accélérer la réforme de modification de la Constitution, lui donnant le rôle d’un leader puissant qui dirige seul, unique moyen d’assurer la stabilité. Mais ce règne autoritaire commence à diviser la société turque, avec une dictature que le peuple finira possiblement par ne plus pouvoir tolérer.

Réalisateur : Anne-Fleur Delaistre, Olivier Joulie

Producteur : Causette Prod

Distributeur : FTD

Année de copyright : 2017

Année de production : 2017

Publié le 06/09/21

Modifié le 20/09/22

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