« Les Amours jaunes » de Tristan Corbière

Avec Les Amours jaunes, Tristan Corbière livre un recueil de poésie dépoussiérée, drôle et souvent grinçante. Dans cet épisode de La p'tite Librairie, découvre ce poète maudit, mort avant ses 30 ans.

C'est qui Tristan Corbière ?

« Il est celui qui a sorti la poésie de son vieux moule fatigué ». C'est en ces termes que Stéphane Mallarmé parlait de Tristan Corbière. Le jeune poète meurt d'une forme dégénérative de tuberculose à seulement 29 ans en écrivant à sa mère, non sans une pointe d'humour noir :

Je suis à la clinique Dubois

dont on fait les cercueils...

Car la poésie de Corbière est assez singulière et peuplée de jeux de mots, de traits d'esprit et d'un humour parfois grinçant. C'est Paul Verlaine qui le premier remarque cette originalité chez Tristan Corbière et le qualifie ainsi : « Son vers, vit, rit, pleure très peu et blague encore plus. ». Son recueil Les Amours jaunes fait de lui l'égal de poètes maudits tels que Lautréamont, ou Arthur Rimbaud. Déformé par la maladie, il se prête à de nombreuses facéties et n'hésite pas à se déguiser : en évêque pour aller frapper à la porte d'une maison close, ou en femme pour se faire photographier. Se sachant condamné, il joue avec les mots pour y exprimer sa colère avec pudeur. Il fait rimer dans ses poésies l'amour et la mort, comme lorsqu'il écrit son épitaphe :

Il se tua d'ardeur, ou mourut de paresse.
S'il vit, c'est par oubli ; voici ce qu'il laisse :
Son seul regret fut de n'être pas sa maîtresse [...]
Poète en dépit de ses vers, artiste sans art à l'envers,

Philosophe à tort et à travers.[...]
Ci-gît, cœur sans cœur, mal planté,
Trop réussi, comme raté.

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