« Les Bienveillantes » de Jonathan Littell

En 2006, Jonathan Littell publie Les Bienveillantes, son premier roman, qui sera couronné par le prix Goncourt et le prix de l’Académie Française. L’œuvre de cet auteur alors inconnu, bien qu’il soit le fils du romancier américain Robert Littell, connu pour ses romans d’espionnage, va cependant susciter une virulente controverse.

Un SS au cœur des atrocités de la Seconde Guerre mondiale

Le narrateur est un ancien officier SS, qui décide de raconter son histoire au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il ne cherche pas à se justifier, affirmant avoir simplement fait son travail, et partage avec le lecteur les évènements et horreurs dont il a été témoin. Comme en 1941, avec le massacre de Babi Yar, près de Kiev, où 30 000 Juifs ont été exécutés par balle et enterrés dans des fosses communes lors de la Shoah par balles. Il est ensuite présent en Crimée, puis dans le Caucase, avant de partir pour Stalingrad, théâtre d’une grande bataille où il sera blessé.

Un narrateur controversé

Dans Les Bienveillantes, ce qui dérange, c’est justement ce choix d’un SS, qui a participé activement aux crimes perpétrés par les nazis, comme narrateur. Pourtant, Jonathan Littell n’est pas le premier à le faire. En effet, d’autres l’ont précédé, comme Robert Merle, dans La mort est mon métier, paru en 1952. Mais la différence, ici, c’est que ce SS en sait même plus que les plus hauts gradés du III^e Reich, et nous fait vivre de l’intérieur des évènements de la Shoah sur lesquels Littell s’est parfaitement documenté.

Mais il a surtout choqué avec le portrait qu’il dresse de son narrateur. Un homme à la fois hypersensible, érudit, homosexuel refoulé, très bavard, immature, et névrosé, qui n’arrive pas à laisser derrière lui la relation incestueuse qu’il a entretenu avec sa sœur. Mais auquel on finit toutefois par s’identifier grâce au talent d’écriture de Jonathan Littell, ce qui explique aussi la polémique.