« Poissons d'or », de Claude Debussy (1907)
La faunothèqueComment est née l’œuvre Poissons d’or de Claude Debussy ? Sautillements, reflets de l’eau, couleur du poisson, bruits, décor paisible… Comment le pianiste illustre-t-il ces visions agitées et calmes en musique ? Démonstration et explications avec la pianiste Célimène Daudet.
La rencontre de Claude Debussy et d’une laque chinoise
Le compositeur français Claude Debussy (1862-1918) est l’auteur de Poissons d’or, écrit au début du XXe siècle. Une laque chinoise trônant sur son bureau lui a inspirée cette œuvre. Elle représentait une rivière dans laquelle deux carpes nagent côte à côte. Claude Debussy connaissait très peu de choses sur les carpes : ils vivent dans les eaux dont le courant est lent, comme les mares, les lacs ou encore les étangs.
Les tremolos : la douceur d’un décor qui grouillent de poissons
Au début de sa musique, Claude Debussy veut suggérer la douceur du décor : la presque immobilité du décor, les mouvements de l’eau, les ondes que provoquent les poissons, les insectes, les canards ou les cygnes… Pour cela, il utilise des trémolos, une note que l’on répète, vite deux ou trois fois d’affilée. Le compositeur écrit d’ailleurs au début de sa partition : « Aussi léger que possible ». L’idée est de décrire musicalement un paysage d’une grande douceur, mais de suggérer aussi que, sous les eaux, ça grouille de poissons.
L’appogiature : les sauts des poissons et les reflets de l’eau
Tout au long de la musique, Claude Debussy use d’appogiature : on joue une ou deux notes très vite… avant une note plus longue. Cela donne l’impression que les notes vives incarnent le saut du poisson hors de l’eau, et la note plus longue le retour du poisson sous l’eau. De plus, ces notes courtes et aigües semblent décrire l’aspect doré des poissons, mais aussi les reflets du soleil sur leurs écailles et les gouttes d’eau qui jaillissent avec eux quand ils bondissent.
Une composition paisiblement mouvementée
Ainsi, Claude Debussy fait discrètement évoluer sa partition, en faisant varier tout en douceur ses couleurs et ses rythmes. On ressent les reflets et les mouvements, mais dans un cadre paisible. C’est un morceau calme et agité en même temps. Quand on observe la laque chinoise dont s’inspire Debussy, on ressent la force du courant et le mouvement des poissons. On entend le bruit des eaux et le vent dans les feuilles de l’arbre. En même temps, on voit un décor apaisant. Voilà peut-être ce que recherchait Debussy : un air agréablement mouvementé décrivant un décor d’une grande beauté.
Réalisateur : David Unger
Nom de l'auteur : David Unger ; Théo Ould
Producteur : Le Grizzly; Radio France
Année de copyright : 2020
Publié le 06/10/20
Modifié le 28/11/22