audio - Quelles recherches sur le cannabis à visée thérapeutique ?

Depuis quelques années, les bienfaits potentiels du cannabis sur le corps humain sont de plus en plus discutés, et font l’objet de recherches et de discussions. Mais l’avancée scientifique reste complexe, notamment à cause de l’opinion publique.

Le cannabis, une plante complexe

Les recherches scientifiques autour du cannabis ont démarré dans les années 1960, et se sont depuis développées dans de nombreux pays. Mais l’étude de ses bienfaits s’avère relativement difficile. En effet, il existe une multitude de variétés, composées à des taux différents d’une centaine de molécules appelées cannabinoïdes, aux effets tout aussi divers sur notre organisme. Des expériences menées en Israël ont par exemple démontré que selon la variété de plante utilisée, on pouvait soulager la douleur d’un type de cancer ou d’un autre.

Les deux molécules les plus présentes sont le Tétrahydrocannabinol, ou THC, qui est la principale cause des effets euphorisants et désinhibiteurs, et le Cannabidiol, ou CBD, qui possède des effets anxiolytiques. Cette dernière peut donc soulager les angoisses, sans risque de dépendance, contrairement au THC. D’autres cannabinoïdes peuvent intervenir sur le système nerveux, soulageant les douleurs inhérentes à certaines pathologies comme la sclérose en plaques.

Plusieurs obstacles à la recherche sur le cannabis

Cette complexité chimique de la plante rend donc son étude complexe. Il faut réussir à isoler toutes ces molécules pour savoir leurs effets. De plus, la combinaison de certaines d’entre elles peut aussi agir sur notre santé. Et il est nécessaire d’apporter des preuves concrètes à ces impacts. Parfois, de nouveaux résultats sont divulgués, mais ne fonctionnent que sur les animaux de laboratoire, restant inefficaces sur l’Homme. Et il faut aussi connaître les potentiels effets secondaires avant de l’essayer sur l’être humain…

La recherche se heurte également à une certaine réticence de la société à cause de l’image négative qui entoure le cannabis, et de la peur d’une légalisation large, que ce soit dans une optique thérapeutique ou récréative. Et elle souffre d’un manque conséquent de financement de la part de l’industrie pharmaceutique. Car il est impossible de breveter une plante, l’émergence de concurrents peut donc être très rapide. Et cela peut rapporter moins que certains médicaments…

Avec Nicolas Authier, chef du service de pharmacologie médicale au CHU de Clermont-Ferrand et président du Comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) sur le cannabis thérapeutique.

Photo : © iStock