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Andreï Dmitrievitch Sakharov est né le 21 mai 1921 à Moscou dans une famille de physiciens.
À l'âge de 17 ans, il entame des études de physique à l'Université de Moscou. Il obtient sa licence puis son doctorat au début de la guerre. Exempté de service militaire, il travaille dans une usine de munition de septembre 1943 à la fin de la guerre. En 1948, il intègre l’équipe du physicien Igor Tamm (prix Nobel de physique en 1958) dont les travaux vont permettre à l’URSS de se doter de l’arme atomique. En 1953, elle met au point la bombe thermonucléaire dite bombe H.
Ce n’est qu’à partir de 1962, prenant conscience du danger représenté par la puissance du complexe militaro-industriel et la prolifération nucléaire, que Sakharov bifurque vers la dissidence.
Tout en poursuivant ses travaux scientifiques, il s’oppose à Brejnev et au clan conservateur qui cherchent à revenir sur la déstalinisation.

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En 1970, avec deux autres dissidents, il crée le Comité pour la défense des droits de l'homme et la défense des victimes politiques. Sakharov met surtout l’accent sur la défense des « droits démocratiques » et défend la théorie de la convergence entre les deux blocs (Etats-Unis, URSS) ainsi que la revendication d’une « transition partielle vers une économie mixte ».
Entre 1973 et 1974, il défend une plate-forme démocratique visant à réformer en profondeur l'URSS.
En 1975, il obtient le prix Nobel de la Paix. Mais devenu suspect de sympathie pour les régimes de l’Ouest, il ne pourra se rendre à Oslo pour y recevoir sa distinction.

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Sakharov poursuit ses critiques du régime brejnévien et condamne l'invasion de l’Afghanistan. Cela lui vaut d’être arrêté le 22 janvier 1980 et exilé, sans jugement ou condamnation officielle, à Gorki. Sakharov et sa femme Elena Bonner sont assignés à résidence, dans cette ville située à 400 km, à l’est de Moscou jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev en 1986.
De retour à Moscou, il est réhabilité en tant que grand scientifique et reprend sa liberté d’expression. Son élection au Congrès des députés du peuple (parlement soviétique) au printemps de 1989 le place à la tête de l'opposition démocratique. Critiquant les demi-mesures de Gorbatchev, il réclame la fin du parti unique et des élections libres.
Il décède à Moscou le 14 décembre 1989.

Né le 28 novembre 1918 à Kislovodsk (Nord-Caucase), Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne passe son enfance dans la légendaire ville de Rostov sur le Don.
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, il est étudiant en sciences et en lettres à l’université de Moscou. Mobilisé à l’automne 1941, il combat comme officier et sera même décoré de l’Etoile Rouge. Arrêté au front pour avoir critiqué Staline dans une lettre privée, Soljenitsyne écope de 8 ans de travaux forcés dans un camp pour complot anti soviétique.
Libéré le jour de la mort de Staline, le 5 mars 1953, il n’est autorisé à revenir de déportation qu'en 1956, après le XXe Congrès du PC soviétique qui lance la « déstalinisation ».
En 1962, Soljenitsyne devient subitement célèbre, quand, sur instruction personnelle de Khrouchtchev, la revue Novy Mir publie son roman Une journée d'Ivan Denissovitch. Ce court récit de 24 heures de la vie d'un détenu s'inspire de ce qu’il a subi dans les camps.

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Les relations du régime avec Soljenitsyne, qui réclame le droit de s'exprimer et d'être publié, se dégradent. En 1969, il est exclu de l'Union des écrivains soviétiques. En 1970, il reçoit le prix Nobel de littérature après s’être déclaré ouvertement adversaire du communisme. À cette date, surveillé en permanence par le KGB, il échappe au sort qui guette habituellement les dissidents, l’hôpital psychiatrique ou les camps. Il publie ses œuvres de l’étranger dont L'archipel du goulag en 1973. Arrêté puis expulsé du pays en février 1974, il s’installe aux États-Unis pour un exil de 20 ans. Dans un discours prononcé à Harvard en 1978, il fustige l'effondrement moral et le « bazar mercantile » du monde occidental.

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Pour l’historien spécialiste de l’URSS, Moshe Lewin, Soljenitsyne a librement développé en exil une pensée fondée sur le nationalisme russe et la Russie « éternelle », ainsi qu’un anticommunisme viscéral.
Revenu en Russie en 1994, il reçoit le prestigieux prix d'Etat des mains de Poutine en 2007.
Il meurt le 3 août 2008 à Moscou où il est enterré au cimetière du monastère de Donskoï.

Varlam Tikhonovitch Chalamov est né le 5 juin 1907 à Vologda au nord de Moscou.
Il se passionne très tôt par l'agitation intellectuelle qui secoue la vielle Russie autocratique de Nicolas II. Il lit la littérature française, les philosophes, Kant en particulier.
En 1926, bénéficiant de la « promotion prolétarienne », il entre à l'université de droit à Moscou. Devenu fervent partisan de la révolution bolchévique, léniniste convaincu, il se passionne pour les débats qui animent encore la jeunesse soviétique.
En février 1929, Chalamov est arrêté par la Guépéou (police d’Etat de l’Union soviétique) pour sa participation active à l'impression clandestine et la diffusion des textes qui constituent le fameux testament de Lénine. Cette action, qui fait de lui un sympathisant actif de l'opposition de gauche, lui vaut une condamnation à trois ans de travaux forcés.

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Libéré le 11 octobre 1931, il se trouve à Moscou en 1932. Il y écrit des articles dans des revues notamment syndicales et ministérielles, fait imprimer des nouvelles et des satyres.
À la veille de la seconde vague de purges staliniennes, il abandonne l'activité politique. « Je serais devenu le jouet dans les mains d'un politicien » écrira-t-il. Ceci ne lui épargne pas sa seconde arrestation le 12 janvier 1937. Condamné à cinq ans de bagne, il est envoyé en Kolyma dans l’Extrême-Orient soviétique où sont exploitées les fabuleuses richesses minières et aurifères récemment découvertes. Malgré les conditions de sa détention, il survit au camp. En 1943, Chalamov passe à nouveau en jugement et voit sa peine allongée de dix ans. Il est renvoyé dans les mines d’or. Il tentera de s'évader.

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En 1951 il est libéré mais assigné à résidence en Kolyma.
Après la mort de Staline, il entame l'écriture de son œuvre, la plus importante jamais publiée sur l'univers concentrationnaire du goulag : Les Récits de Kolyma.
En 1956, il est officiellement réhabilité. Il achève les six Cahiers de Kolyma et compose les Récits. En 1960, il fréquente, peu de temps, Soljenitsyne.
En 1979, Il devient aveugle et sourd et entre dans une maison de santé. Transféré contre son gré dans un hôpital psychiatrique, il y meurt quelques jours plus tard, le 17 janvier 1982.