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« Homme nouveau », « Héros du travail », « Bâtisseur du socialisme », autant de qualificatifs issus souvent de la bouche même de Staline, ont glorifié le mineur de charbon du bassin ukrainien du Donbass, Alekseï Grigorievitch Stakhanov. Il serait né le janvier 1906 dans le village de Lugovaya (province d'Orel, au sud-ouest de Moscou). Issu d'une famille paysanne, il travaille dès l’âge de 8 ans comme ouvrier agricole. En 1927 il entre à la mine dite Centrale-Irmino dans la ville de Kadievka (Donbass) et devient perforateur (utilisateur du marteau-piqueur) en 1933.
La légende. Le 31 août 1935, muni de son marteau piqueur, lors d’un concours de productivité organisé par les komsomols, il extrait 102 tonnes de charbon en 5 heures 45 minutes de travail, soit 14 fois son quota. Le 9 septembre, il double son record extrayant 227 tonnes de charbon. Ce résultat est sans doute le produit d'un travail collectif, mais la propagande autour de Stakhanov et de son exploit devient une machine de guerre pour gagner la bataille de l'intensification du travail.

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Il devient l’emblème de l’homme nouveau communiste. Stakhanov le mineur est présenté comme cultivé, lisant Tolstoï, Dostoïevski et Gorki, et étudie de 1936 à 1941 à l'Académie industrielle de Moscou. Caution ouvrière d'un régime déjà bureaucratisé, Stakhanov travaille au ministère de l'Industrie du charbon de l'Union soviétique entre 1943 et 1947. De 1957 à 1974, il occupe des postes de responsable dans d'importants combinats industrialo-miniers. Il meurt le 5 novembre 1977, couvert de distinctions dont celles de Héros du travail socialiste et, par deux fois, de l'Ordre de Lénine. Depuis 1978, une ville minière porte le nom de Stakhanov.

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Le stakhanovisme. Depuis la fin de la guerre civile, la lutte pour l'augmentation du rendement du travail constitue l'essentiel de l'activité du gouvernement soviétique. Molotov, proche de Staline et chef du gouvernement, reconnaît que le rendement du travail en URSS est encore sensiblement inférieur à celui de l’Occident. La dureté des mesures prises pour augmenter la productivité en 1932 (peine de mort en cas de vol de la propriété collective, licenciement immédiat si absence au travail, instauration du passeport intérieur) s’accompagne de propagande. Le mouvement stakhanoviste succède aux brigades de choc des années 1927-1934. Les ouvriers stakhanovistes sont présentés comme des modèles à suivre : ils font la chasse aux pauses et temps morts ; en dehors du temps de travail, ils mettent leurs outils en ordre et préparent les matières premières.

Vassili Grigorievitch Zaïtsev est le héros qui incarne la bataille de Stalingrad (septembre 1942-février 1943), même si le stratège de la victoire est l'officier Rokossovki, victime des purges de 1937 et qui, comme beaucoup d'autres, est tiré des camps en 1941 pour combattre l’Allemagne nazie.
Né le 23 mars 1915 dans une famille de paysans pauvres du village de Yelenovsk dans l’Oural, Zaïtsev étudie à l’école de construction de Magnitogorsk (Oural).
Il intègre la marine soviétique en 1936, se spécialise dans le management, puis il est envoyé en 1937 près de Vladivostok sur la côte pacifique russe.
Lors de l’invasion de l'Union soviétique par les troupes hitlériennes, Zaïtsev, comme beaucoup de ses camarades, se porte volontaire pour être transféré sur la ligne de front. À la veille du 22 septembre 1942, le sous-lieutenant Zaïtsev traverse la Volga et rejoint le régiment de fusiliers de la 1047e division d'infanterie de l'Armée rouge.

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Sa légende se construit du 10 novembre au 17 décembre 1942. Semblant occuper chaque fenêtre, chaque recoin d'une ville en flamme, il va abattre 225 officiers et soldats allemands, parmi lesquels 11 tireurs d'élite dont le fameux Erwin König, le sniper de l'école militaire de Berlin. En janvier 1943, il est blessé grièvement aux yeux lors d’une explosion. Soigné par l’un des meilleurs médecins à Moscou, Zaïtsev retourne au front, un temps instructeur pour les tireurs d'élites. Il termine la guerre avec le grade de capitaine. Le 22 février 1943, il devient l'un des 125 soldats de Stalingrad à recevoir le titre de Héros de l'Union soviétique, distinction accompagnée de l'ordre de Lénine.
Après la guerre, Zaïtsev vit à Kiev, étudie à l'université du textile, puis travaille comme ingénieur pour finir directeur d'une usine de textile. Il meurt le 15 décembre 1991 et sera inhumé en 2006, lors du 63e anniversaire de la bataille de Stalingrad, au mémorial du Kurgan Mamaïev à Volgograd (ex-Stalingrad).

Youri Alexeïevitch Gagarine est né le 9 mars 1934, près de Gzhatsk (ville qui portera plus tard son nom) dans le nord-ouest de la Russie.
Ses parents, qui travaillent dans un kolkhoze, subissent violemment l'occupation nazie. En 1949, il termine l'école primaire mais décide de ne pas poursuivre d’études secondaires, bien que doué en mathématiques et en physique. Il obtient un diplôme de mouleur-fondeur en 1951.
Tout en suivant des cours à l’Institut technico-industriel de Saratov dans le sud-est de la Russie, il s'inscrit dans un club d’aviation. Ses premiers vols en 1954 le bouleversent. Il est prêt à tout abandonner pour devenir pilote et entre à l'école militaire de pilotage Vorochilov en 1955. Il est promu pilote de chasse en 1957.

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Trois ans plus tard seulement, il fait partie des vingt pilotes sélectionnés pour participer au programme spatial soviétique. Le héros est déjà là. Gagarine passe avec aisance les différentes sélections en vue du premier vol habité. Il se retrouve dans le groupe final qui comprend le meilleur trio de pilotes soviétiques. Gagarine possède des aptitudes exceptionnelles, mais les marques de sa fidélité au régime et son origine kolkhozienne, ont également joué dans la désignation du héros.
Le 12 avril 1961, le cosmonaute soviétique Youri Gagarine réussit le premier vol spatial habité. Ce succès est présenté comme celui de l’industrie de l’URSS, de son éducation, de sa recherche et de sa science, qui par la centralisation de l’économie et sa planification semble avoir dépassé le niveau des Etats-Unis.

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Le 12 avril 1961, décollant du cosmodrome de Baïkonour à bord du vaisseau Vostok 1, il réussit son insertion en orbite et opère une révolution autour de la Terre en moins de 2 heures à une moyenne de 250 kilomètres d'altitude, avant de revenir sur Terre. Ce vol a une portée immense : Gagarine fait le tour du monde, accueilli partout en héros. En URSS, il devient la figure du héros soviétique, il reçoit le titre officiel de Héros de l'Union soviétique et devient membre d'honneur de l'Académie internationale d'astronautique.
Il sera nommé directeur de la Cité des Étoiles, le centre d'entraînement des cosmonautes russes près de Moscou.
Le 27 mars 1968, Gagarine meurt accidentellement : au cours d'une mission aérienne, son avion de chasse s'écrase.