Jeanne d'Arc : dernier espoir ou pion du roi Charles VII ?

En 1428, six ans après la mort de Charles VI, son fils n'est toujours pas couronné. En 1429, Jeanne la Pucelle rencontre le Dauphin à Chinon. Elle veut le faire sacrer à Reims et affirme être inspirée par Dieu. Mais quel rôle a-t-elle vraiment joué ?

La rencontre de Chinon

Jeanne d'Arc reconnaît Charles VII et s'entretient avec lui longuement. Personne ne sait ce qu'ils se sont dit. Mais le roi semble radieux. En réalité, Jeanne est arrivée le 23 février à Chinon et patiente longtemps à l'auberge. Le roi a très bien pu la rencontrer en privé une première fois. Ce qui est certain c'est que le roi fait en sorte qu'aux yeux des courtisans ce soit Jeanne qui le choisisse, et non l'inverse. Il se garde bien de paraître à la manœuvre.

Après sa présentation remarquée à la cour, Jeanne est conduite à Poitiers, l'une des villes où Charles VII a installé son administration, depuis son repli au sud de la Loire. En mars 1429, Jeanne est accueillie au palais ducal par la belle-mère du roi, Yolande d'Aragon. Celle-ci joue le rôle de conseillère politique. Pour vérifier que Jeanne correspond bien à ce qu'elle dit d'elle-même, Yolande d'Aragon a demandé aux épouses des différents dignitaires de la cour de vérifier que Jeanne est bien une femme et qu'elle est vierge. Elle est ensuite interrogée par une assemblée de théologiens qui doit juger de la qualité de sa foi. Les registres de l'examen qu'elle a passé ont disparu. 

Le rapport du conseil du roi 

À la  question : pourquoi est-elle venue ? Jeanne répond :

 Je viens de la part du roi des cieux pour lever le siège d'Orléans, et mener le roi à Reims pour son couronnement et son sacre. 

Les théologiens déclarent qu'on ne trouve aucun mal en Jeanne, mais que du bien. Pour eux, la Pucelle est une bonne personne. Le roi décide de s'aider de Jeanne pour ses guerres, puisqu'elle lui est envoyée par Dieu pour cela. Il annonce partout en France l'arrivée de la Pucelle pour remobiliser ses troupes.

La lettre de Jeanne aux Anglais

Mais Jeanne a également un message à faire passer. Le 22 mars 1429 à Poitiers, elle écrit :

Jésus Maria,

Roi d'Angleterre et vous, duc de Bedford, qui vous dites régents du royaume de France. Vous, Guillaume de la Poule comte de Suffolk, Jean sire de Talbot, Thomas sire de Scales, qui vous dites lieutenants dudit duc de Bedford, faites raison au Roi du ciel, rendez à la Pucelle, qui est ici envoyée de par Dieu, les clés de toutes les villes que vous avez prises et violées en France. Et vous tous, archers, compagnons de guerre, gentilshommes et autres qui êtes devant la ville d'Orléans, allez-vous-en en votre pays de par Dieu. Et si vous ne le faites ainsi, attendez les nouvelles de la Pucelle, qui ira vous voir sous peu, à vos bien grands dommages.

Roi d'Angleterre, si vous ne le faites ainsi, je suis chef de guerre, et en quelque lieu que j'attendrai vos gens en France, je les en ferai aller qu'ils le veuillent ou non, et s'ils ne veulent obéir, je les ferai tous occire.

Je suis envoyée de par Dieu, le Roi du ciel, pour vous chasser hors de toute la France.

Le siège d'Orléans

Les armées de Charles VII sont moribondes et Jeanne n'hésite pas à défier les Anglais au nom de Dieu. Cette lettre n'a pas pu être envoyée sans l'aval du Roi. Jeanne joue donc le rôle que Charles VII attend d'elle. En en faisant sa pièce maîtresse, le Roi tente un coup aussi inédit qu'audacieux. À Orléans, le siège dure depuis six mois, les troupes sont épuisées. Si Jeanne échoue, la partie sera définitivement perdue...

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