Vivre ensemble

Vivre à côté les uns des autres n'est pas toujours synonyme de vivre ensemble. En cette fin d’année, comment concilier le rythme imposé par la société, qui contribue à nous isoler de plus en plus, avec nos attentes personnelles ? C'est peut-être le moment de s'interroger et de construire une autre manière de vivre ensemble. Alix Grousset échange avec les élèves du lycée du Protectorat d’Aulnay-sous-Bois et interroge Stéphane Hugon, docteur en sociologie spécialisé par l’expérience du « vivre-ensemble ».

Qu’est-ce que le « vivre-ensemble » ?

Ce qui devrait être un geste spontané, naturel, devient un terme défini aujourd’hui : c’est l’expérience par laquelle je peux vivre en proximité, en bonne relation et en bonne harmonie avec des personnes de mon entourage avec une qualité relationnelle basée sur l’écoute et le respect mutuel.

C'est une cohabitation harmonieuse entre individus ou entre communautés.

Depuis quand parle-t-on du « vivre-ensemble » ?

Avant, vivre ensemble se faisait naturellement, on n'avait pas besoin de décrire la situation. Le terme du « vivre-ensemble » est arrivé tardivement dans le langage courant. Il devient un problème dans les années 1995 et 2000, avec la notion d’équilibre démographique et la détérioration de la qualité des relations entre les différents groupes de population. C’est aussi l’époque de l’émergence du digital, un accélérateur de convivialité, mais qui a rapidement fragilisé le « vivre-ensemble ».

La règle de base, c’est le respect de l’autre.

L’application Entourage, une association de jeux de proximité

Gersende, ambassadrice de l’association « Entourage » à Montrouge, explique que ce projet a pour but de créer du lien social entre les gens. Grâce à ce projet, les personnes du quartier peuvent se rencontrer et se connaître, surtout celles en manque de lien social ou dans une situation un peu difficile. L’idée est de se rencontrer et de jouer ensemble. On se sent utile. L’exemple montre que la convivialité peut se reconstituer localement. Place aux micro-récits, à la création de nouvelles formes de vivre-ensemble. À l’approche des fêtes de fin d’année, le fait de se retrouver est encore plus fort.

Une période particulière : la fin de l’année 

• Cette période peut être angoissante du fait de la baisse de la luminosité. Pour se convaincre que la lumière va revenir, et qu'elle ne va pas disparaitre pour toujours, lors de la Fête des Lumières à Lyon, on allume des bougies partout.
• Les rythmes actuels provoquent de l’isolement : à commencer par ceux de la famille. Avant, les repas du midi se prenaient ensemble, sur des temps de pause beaucoup plus longs. Aujourd'hui, nos modes de vie ont désynchronisé nos rythmes, les uns par rapport aux autres, chacun dans sa bulle. On doit donc effectuer une resynchronisation.

Une resynchronisation nécessaire

• Les fêtes de fin d’année sont des fêtes de tradition familiale et l’idée est de se retrouver ensemble, de recréer les liens sociaux et familiaux.
• La vie en société est de plus en plus rapide, intense, voire dure.
• Il en résulte une fracturation des temps familiaux, des temps sociaux, des temps de travail.
• On veut compenser, se rattraper en fin d’année, compte tenu de la densité de l’année passée.
• Les fêtes de fin d’année 🎉 sont devenues un rendez-vous familial très attendu.
• En conséquence, ceux qui n’en bénéficient pas, risquent de souffrir encore plus de ce sentiment d'exclusion.

Quelles actions concrètes pour agir pour le vivre-ensemble ? 

On n’a pas toujours la volonté, le courage, la disponibilité de s’investir pleinement dans une association. Pour agir à son niveau, c'est important de reconnaître l’autre comme un être humain à part entière. Un « bonjour », une oreille attentive, une porte ouverte, prendre des nouvelles, s’assurer que tout va bien... autant de gestes de considération que plusieurs traditions invitent à faire au moins une fois par jour. On peut aussi détecter quelqu’un qui est souvent seul, qui peut être le début d'un mal-être. Casser une solitude, restaurer la parole permet de soulager le mal-être des gens.

Si chacun fait un tout petit geste, en réalité au niveau collectif, cela fait quelque chose d’extrêmement puissant.

Les questions du public  

• Est-ce que le « vivre-ensemble » peut avoir des conséquences négatives sur la société aujourd’hui ?  En réalité oui, le « vivre-ensemble » est chahuté par certains aspects car d’autres dynamiques sont à l’œuvre. Le « vivre-ensemble » renait sous d’autres formes, mais l'actualité montre souvent les problématiques de vivre ensemble, comme avec le choix de la laïcité. 
• Comment favoriser le « vivre-ensemble » au travail ? Il faut arriver à faire confiance spontanément aux personnes. Pour les mettre à l’aise, quand ils viennent d’arriver, il faut accepter toutes les erreurs. Cela aide à prendre confiance, dans un univers bienveillant et cela favorise le « vivre-ensemble ». 
• Auriez-vous des exemples pour apprendre à vivre ensemble dans la société ? On peut chercher du « vivre-ensemble » dans d’autres modèles, comme dans le sport ou la musique, ce sont des actions qui permettent de restaurer le « vivre-ensemble ».

► Réponses au quiz :

1 - Réponse : La collaboration et le respect mutuel.

2- Réponse : 12 millions de jeunes. Précisément : 11,9 millions (source Insee 2023). Dans la population européenne actuelle, la population de la jeunesse est très faible. Dans une ville comme Séoul, proche du mode de vie occidental, on note même une dénatalité très forte. La dénatalité survient lorsque le taux de natalité est inférieur au taux de mortalité et peut entrainer une dépopulation. Cette tendance, commune à tout pays très développé économiquement, est liée à une diminution du nombre d’enfant par famille. 👪

3 - Réponse : l'engagement des jeunes représente 3/10  (source INJEP 2023). L'engagement solidaire, peut être une nouvelle manière de vivre un espace collectif en rejoignant un projet associatif.