« Le Meilleur des mondes », un roman d’anticipation


Publié le 30/10/2013 • Modifié le 25/08/2025

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L'utilisation des néologismes

Pour constituer l’armature du Meilleur des mondes, Huxley a recours aux néologismes, un procédé propre aux auteurs de science-fiction pour rendre leurs univers inédits intelligibles au lecteur. Un vocabulaire est ainsi créé de toutes pièces ou formé par analogie ou dérivation.

  • le directeur du centre explique qu’un « oeuf bokanovskifié a la propriété de bourgeonner, de proliférer, de se diviser : de huit à quatre-vingt-seize bourgeons… » Le mot est-il une dérivation de Maurice Bokanowski, ministre français dans les années vingt qui voulait rendre l’administration plus efficace ?
  • les prédestinateurs choisissent les embryons selon leur passé génétique,  les fécondateurs placent chaque embryon dans la chaine d’incubation. Les immatriculateurs donnent une immatriculation aux embryons. Il n’y a pas le placenta mais le placentine.
  • seuls les Alphas et les Bêtas peuvent se reproduire par sexe, mais seulement en utilisant leur Ceinture Malthusienne, qui ressemble à une cartouchière contenant des produits contraceptifs.
  • chaque individu reçoit quotidiennement sa dose de drogue qui rend heureux sans effets secondaires, le soma (en référence aux symptômes somatiques ou à la boisson rituelle de l’ancien peuple des Indo-Aryens…)
  • les noms des cinq classes sociales sont les cinq premières lettres de l’alphabet grec (alpha, bêta, gamma, delta et epsilon)

Le cadre spatio-temporel

L’action se déroule en 632 de « Notre Forderie » (en l’an 2540 selon notre calendrier). La majorité de la population, limitée à un nombre de 2 milliards, est unifiée et contrôlée par Notre Forderie ou l’État mondial.

La référence est explicite : dans les années 1920-1930, l’organisation des usines automobiles Ford  est vue comme l’avenir de la production de masse pour une consommation de masse. Son fondateur Henry Ford achète d’immenses territoires en Amazonie pour construire des usines de latex en exploitant le caoutchouc naturel. Le « rêve amazonien » de Ford s’est soldé par un échec complet.

« Les primevères et les paysages … ont un défaut grave : ils sont gratuits. L’amour de la nature ne fournit de travail à nulle usine. »

Une parodie du sacré

Dans Notre Forderie, nombre de rituels collectifs sont organisés pour stimuler les individus à produire, consommer, se divertir. Les rituels chrétiens sont détournés : le culte à Notre Ford « le Plus Grand Être » remplace le culte de Dieu, avec le « signe de T » à la place de la croix du Christ. Dans le rituel de la communion, la coupe qui passe de mains en main est remplie de soma. La dimension sacrée a disparu.

« ..Je bois au Plus Grand Être
Je bois à mon anéantissement
Nous sommes douze, ô Ford ; que ta main nous rassemble… »

Les rituels ont un objectif : maintenir l’harmonie sociale en empêchant l’individu de penser par lui-même.

« Le christianisme sans larmes, voilà ce qu'est le soma »

de l’utopie aux réalités

Aldous Huxley imagine ce que les progrès techniques de son époque pourraient engendrer comme société. L’utopie du Meilleur des mondes anéantit l’individu, sauf à avoir pour idéal de ne plus penser par soi-même et d’avoir pour but la vie sous soma. John le sauvage en est le héros tragique. C’est ainsi que le roman de Huxley est qualifié de contre-utopie ou dystopie. La dystopie est apparue au XXe siècle pour qualifier un sous-genre littéraire : la « description, au moyen d'une fiction, d'un univers déshumanisé et totalitaire, dans lequel les rapports sociaux sont dominés par la technologie et la science. » (définition Larousse).

Quand Huxley publie son Meilleur des mondes, celui-ci est accueilli comme roman d’anticipation, terme qui comprend aussi bien les visions d’un futur optimiste que pessimiste. Roman d’anticipation, il est aussi de la « science-fiction », terme qui apparaît en 1925. La science est au centre du récit et engendre des changements sociaux, psychologiques et même physiques chez les individus.


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