URSS : les noms à retenir

L'histoire de l'URSS, de la révolution d'Octobre en 1917 à sa dissolution en 1991, à travers les portraits de ses dirigeants, de ses dissidents et de ses héros.


Publié le 16/05/2023 • Modifié le 13/02/2024

Temps de lecture : 21 min.

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Retrouve les portraits des dirigeants de l'URSS (Lénine, Trotski, Staline, Khrouchtchev, Brejnev, Andropov, Tchernenko, Gorbatchev, Eltsine), de ses principaux dissidents (Sakharov, Soljenitsyne et Chalamov) et de ses héros (Stakhanov, ZaItsev et Gagarine).

Les dirigeants

Lénine (1870-1924)

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Lénine vers 1920.
© Soyuzfoto /
librairy of Congress, USA

Vladimir Iliitch Oulianov, dit Lénine, naît le 22  avril 1870 à Simbirsk (une ville à 900 km au sud-est de Moscou).

En 1895, il effectue son premier voyage à l'étranger pour rencontrer les membres du premier groupe marxiste russe (Libération du travail). À son retour à Saint-Pétersbourg, il organise le groupe illégal de « l'Union pour la libération de la classe ouvrière ». Il est arrêté en décembre 1895, l'année suivante emprisonné, puis exilé en Sibérie. Le IIe congrès du Parti ouvrier social-démocrate de Russie, en juillet 1903, reprend le programme du groupe de la Libération du travail, mais se termine par la scission entre les majoritaires (bolchéviques) partisans d'un parti révolutionnaire professionnel et les minoritaires (menchéviques) favorables à un parti plus ouvert. Lénine est le chef des bolchéviques. Malgré l'échec de la révolution de 1905, Lénine y voit la répétition générale d'une future révolution ouvrière et insiste sur l’importance des soviets (conseils ouvriers) issus de la grève générale insurrectionnelle.

Dès le 1er décembre 1914, Lénine dénonce la guerre mondiale et prône sa transformation en guerre civile entre classes sociales. Il incarne l'aile révolutionnaire lors des conférences socialistes anti-guerre de Zimmerwald (1915) et Kienthal (1916).
La révolution russe de 1917 trouve Lénine en Suisse. Ses tentatives pour rentrer en Russie rencontrent l'opposition du gouvernement anglais. Il décide de passer clandestinement par l'Allemagne. Dès son arrivée le 4 avril, il proclame qu’une deuxième révolution est à l’ordre du jour, que le prolétariat doit en prendre la tête, et que les soviets doivent devenir les nouveaux organes du pouvoir. Une fois les bolchéviques majoritaires dans les soviets de Petrograd et de Moscou, Lénine préconise l'action décisive pour prendre le pouvoir : « Maintenant ou jamais ».

La majorité bolchévique, soutenue par l'aile gauche des socialistes-révolutionnaires, décide « la transmission du pouvoir aux soviets ». Le conseil des commissaires du peuple est élu, avec Lénine à sa tête. Le 30 août 1918, la socialiste-révolutionnaire Kaplan tire deux coups de revolver sur Lénine. Cet attentat intensifie la guerre civile. En mars 1921, face à la gravité de la situation, Lénine défend la nécessité d’une marche en arrière provisoire, un retour partiel à l’économie de marché : la NEP (Nouvelle politique économique).
La sclérose attaque ses artères cérébrales au début de 1922. De juin à août 1922, la maladie progresse rapidement. Il meurt le 21 janvier 1924 à Gorki, près de Moscou. À la fin de sa vie, il se dresse contre l’autoritarisme de Staline et, dans ce qui restera son « testament », demande de l’écarter du secrétariat général du parti.

Trotski (1879-1940)

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Trotski vers 1920.
© Bain News Services / 
librairy of Congress, USA

Lev Davidovitch Bronstein, dit Trotski, est né le 7 novembre 1879 dans une famille d'agriculteurs juifs d'Ukraine.
Élève brillant, il abandonne tôt ses études et devient social-démocrate en 1896. Déporté en 1898, Trotski s'évade, émigre et rencontre Lénine à Londres. Lors de la scission de 1903, il s'oppose à Lénine et se rapproche des menchéviques. Il gardera par la suite ses distances avec les deux fractions, bolchévique et menchévique, en défendant longtemps la perspective d’une réunification du POSDR (Parti ouvrier social-démocrate de Russie). En 1905, lors de la première Révolution, il est vice-président, puis président du soviet de Saint-Pétersbourg. Il défend alors la théorie de la révolution permanente : « C'est le prolétariat qui devra conduire la révolution démocratique et marcher vers le socialisme et la révolution ouvrière ne peut être que mondiale ». Au début de la guerre de 1914-1918, il rédige le manifeste internationaliste de la conférence de Zimmerwald.

Il revient en Russie en mai 1917. À l’été 1917, il est à nouveau Président du soviet de Petrograd et du comité militaire révolutionnaire. Trotski rejoint le parti bolchévique avec son organisation (le groupement inter-rayons) et 2000 de ses camarades. Il y intègre immédiatement la direction. Trotski est l’un des principaux dirigeants de l’insurrection lors de la révolution d'Octobre. Après la victoire bolchévique, il est commissaire aux affaires étrangères en 1917-1918, commissaire à la guerre de 1918 à 1925, et surtout fondateur et principal organisateur de l'Armée rouge. En mars 1919, la Troisième Internationale (l’Internationale communiste) est fondée, Trotski en rédige le manifeste.

Comme Lénine dans les dernières années de sa vie, Trotski s’oppose aux bureaucrates qui, dans le Parti et l'appareil d'État, du fait de leur position, bénéficient d'avantages matériels et moraux. Dès la mort de Lénine en janvier 1924, Staline lance une campagne de calomnies contre lui. En 1927, Trotski est exclu du parti communiste, puis déporté à Alma-Ata dans le Kazakhstan. Expulsé d'URSS en 1929, il vit en Turquie (Prinkipo), en France (de juillet 1933 à juin 1935), en Norvège (de juin 1935 à septembre 1936) et enfin au Mexique. Il crée la Quatrième Internationale, le 3 septembre 1938, défendant toujours la révolution mondiale en opposition au socialisme dans un seul pays. Il sera l'un des principaux accusés absents des procès de Moscou.
Il est assassiné le 21 août 1940 par un agent de Staline (Ramon Mercader).

Staline (1879-1953)

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Staline vers 1942.
© Office of War Information/ 
librairy of Congress, USA

Iossif Vissarionovitch Djougachvili, dit Joseph Staline, est né le 21 décembre 1879, à Gori, en Géorgie.

Il fait ses études au séminaire de Tiflis pendant cinq ans. En 1901, après avoir fréquenté des cercles marxistes, celui qui porte alors le pseudonyme de Koba, devient membre du comité de Tiflis du Parti ouvrier social-démocrate de Russie. Passé à l'illégalité en mars 1901, Koba devient définitivement révolutionnaire professionnel. Il enchaîne les pseudonymes, s’appelant David, Koba, Nijéradzé, Tchijikov, Ivanovitch et enfin Staline. Emprisonné et déporté en 1903, Staline rejoint les bolchéviques de Lénine en novembre 1904. Le 25 mars 1917, sorti de déportation, Staline revient à Petrograd. Il prône une politique du « soutien critique » au gouvernement issu de la révolution de Février. Il ne jouera qu'un rôle secondaire lors de l'insurrection d'octobre 1917.

Après la prise du pouvoir par les bolchéviques, Staline devient commissaire du peuple aux Nationalités, puis, le 3 avril 1922, secrétaire général du Parti communiste, poste qui n'a pas l'aspect décisif qu'il aura par la suite. Au XIIe Congrès, début 1923, Lénine vient d'avoir sa troisième attaque. Staline forme, avec Zinoviev et Kamenev, un triumvirat pour prendre le contrôle de l’appareil du parti. Il l’utilisera pour éliminer progressivement tous les anciens bolchéviques après la mort de Lénine en janvier 1924 : Trotski en 1927, Zinoviev et Kamenev lors des grands procès de 1936, et Boukharine, représentant l’opposition dite de droite. À partir de 1936, Staline s'engage dans les « grandes purges », la mise au pas de toute la société. À la fin des années 1930, entre 600 000 et 800 000 personnes sont exécutées, entre 6 et 11 millions faites prisonniers politiques. Le pays vit sous le totalitarisme stalinien.

Il rompt avec l'ouverture libérale de la NEP lancée par Lénine et met en place de la planification à marche forcée. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, il signe avec Hitler le pacte de non-agression germano-soviétique du 23 août 1939. Il sera désarçonné par l'attaque d'Hitler contre l'URSS, le 22 juin 1941. Avec la victoire sur l'Allemagne nazie, le prestige de Staline est considérablement grandi en 1945. Mais les Alliés ne peuvent s’opposer à la soviétisation (parti unique dit communiste et modèle totalitaire) des territoires occupés par l'URSS, illustrée par le coup de Prague de 1948.
Jusqu’à sa mort, Staline ne cesse de renforcer sa dictature personnelle, vivant dans la paranoïa du complot. Dans la nuit du 1er mars 1953, il est victime d'une hémorragie cérébrale.
Il meurt le 5 mars 1953.

Khrouchtchev (1894-1971)

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Khrouchtchev à l'ONU, 1960
(détail).
© Warren K. Leffler/ 
librairy of Congress, USA

Nikita Sergueïevitch Khrouchtchev nait le 15 avril 1894 à Kalinovka, en Ukraine dans un milieu modeste et paysan.

Après sa mobilisation lors de la guerre, sa nomination à la tête d'un soviet en Ukraine témoigne de sa participation à la révolution de 1917. Il ne rejoint les bolchéviques que pendant la guerre civile, durant l'année 1918. Khrouchtchev devient, dès 1925, l'homme lige d'un vieux bolchévique, fidèle de Staline, Lazare Kaganovitch. Sous sa protection, il gravit rapidement les échelons dans l’appareil du parti jusqu'à devenir chef du Parti de la région de Moscou en 1935. Il prend une part active dans les grandes purges staliniennes. Durant la Seconde Guerre mondiale, il est présent à Stalingrad durant toute la bataille. Il restera en Ukraine de 1943 jusqu'à son rappel à Moscou en 1949.

À la mort de Staline le 5 mars 1953, aucun de ses lieutenants ne peut prétendre exercer d'emblée la totalité du pouvoir qui avait été le sien. Khrouchtchev ne figure alors qu'au huitième rang de la direction. Pourtant il devient premier secrétaire du parti en septembre 1953. Il n'assoit véritablement son pouvoir personnel qu'en attaquant celui de Staline, lors du XXe congrès du PCUS, le 24 février 1956. Il y dénonce violemment le culte de la personnalité imposé par Staline, sa dictature exercée sur le parti et certains de ses crimes. Si l’étau se desserre sur les prisonniers politiques, il n’est en revanche pas question pour Khrouchtchev de laisser la moindre liberté aux pays satellites de l’URSS (écrasement de la révolution hongroise en 1956). En juin 1962, Khrouchtchev fait réprimer dans le sang d’importantes grèves et manifestations survenues à Novotcherkassk, ville industrielle du sud de la Russie.

La « détente » avec l’Ouest prend la forme d’un statu quo (construction du mur de Berlin, crise des fusées à Cuba). Khrouchtchev s’illustre par ses coups d’éclats : en 1960, il rompt les négociations de la conférence de Paris avec les États Unis, la Grande-Bretagne et la France ; en novembre de la même année, Khrouchtchev part dans des envolées tonitruantes à l’ONU, spectaculairement ponctuées par des coups de chaussure sur son pupitre. L’aspect dictatorial de Khrouchtchev s'accentue jusqu'à ce jour du 14 octobre 1964 où, convoqué à une réunion du bureau politique, il est contraint de démissionner, laissant la place à deux de ses lieutenants les plus fidèles : Brejnev et Kossyguine.

Il rédige ses mémoires et meurt le 11 septembre 1971 à Moscou. Khrouchtchev gardera une image de réformateur.

Brejnev (1906-1982)

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Brejnev, Vladivostok, 1974
(détail).
© David Hume Kennerly/ 
Gerarld R. Ford Librairy, USA

Léonid Ilitch Brejnev est né le 18 décembre 1906 à Dnipropetrovsk, en Ukraine, dans un milieu ouvrier.

Il entre aux jeunesses communistes (Komsomol) en 1923, puis au Parti dont il devient un permanent en 1938. Il entame sa carrière d'apparatchik en Ukraine, sous la protection d’un certain Khrouchtchev. Bien qu'ayant passé la totalité de la guerre à des fonctions politiques sans jamais réellement combattre, il en sort avec le rang de major général (il s’autoproclamera même Maréchal, plus tard, en 1976). Durant les années 1950, Brejnev reste dans l’orbite de Khrouchtchev, qui le portera jusqu'au poste de chef honorifique de l’État soviétique.

En octobre 1964, Brejnev se retourne contre son ancien maître. Il s'entoure du prestige de Kossyguine, chef du gouvernement, et de Podgorny, chef de l’État. La Troïka ainsi formée contraint Khrouchtchev à démissionner de ses responsabilités à la tête du pays, pour le remplacer par Brejnev. Le long règne de Brejnev (18 ans) est marqué par l'immobilisme, ainsi que par le retour aux oripeaux de l'époque stalinienne. L'expulsion de l'écrivain Soljenitsyne en 1974 et l'exil de Sakharov en 1979 sont des signes parmi d'autres d'un durcissement du régime et de la fin de la libéralisation relative ouverte par la déstalinisation. Vis-à-vis des pays de l’Est, Brejnev fait écraser dans le sang « les rêves de socialisme à visage humain » portés par la révolte de 1968 en Tchécoslovaquie et contribue à l'écrasement de la révolte de 1981 en Pologne.

Sur le plan économique, la période Brejnev est faite de changements sociaux importants, ouvrant des possibilités légales pour un certain enrichissement privé.
Sur le plan international, Brejnev poursuit la détente avec les Etats-Unis, signant les importants accords de non-prolifération nucléaire (SALT I et II) et ceux d’Helsinki en 1975 qui ouvrent la voie à une coopération économique et un respect stratégique entre les deux camps. L’ère Brejnev est pourtant loin d’être pacifique : en 1979 Brejnev entraîne l'URSS et sa jeunesse dans le bourbier afghan. Sa tendance au culte de la personnalité s’accentue dans les dernières années de son règne.

Le 10 novembre 1982, Léonid Brejnev, secrétaire général du PCUS meurt au Kremlin, à 75 ans, au terme d'une longue agonie.

Andropov (1917-1984)

Né le 15 juin 1914 à Nagoutskaia, dans la province de Stavropol (Nord-Caucase), Iouri Vladimirovitch Andropov exerce brièvement les emplois de télégraphiste, projectionniste et même de batelier sur la Volga. Il est diplômé de l’université technique des transports fluviaux de Rybinsk en 1936.

Dès les années 1930, Andropov est un permanent des jeunesses communistes de la région d’Iaroslav. Après 1940 et la guerre russo-finlandaise, il débute sa carrière au sein de la République socialiste soviétique carélo-finnoise (créée le 31 mars 1940). Il y rencontre son mentor, Otto Wille Kuusinen, communiste finlandais proche de Lénine et l’un des rares survivants des purges staliniennes. Kuusinen introduit Andropov dans l’appareil du comité central du parti à Moscou.

Après la mort de Staline en mars 1953, Andropov est envoyé à Budapest en tant que conseiller à l'ambassade soviétique, avant de devenir ambassadeur en Hongrie (de juillet 1954 à mars 1957). Il joue un rôle important dans la décision soviétique d'envahir le pays en 1956 et couvre, en novembre 1956, les massacres et l’écrasement de la révolution hongroise. Gage de sa loyauté en Hongrie, Andropov est rappelé à Moscou en 1957. Il est nommé président du comité pour la sécurité de l’Etat, le fameux KGB (le puissant service de renseignement, véritable police politique) en 1967 et y restera 15 ans. À ce poste, il supervise la répression contre Sakharov et Soljenitsyne.

La mort de Brejnev, en novembre 1982, ouvre une possible crise de succession. Andropov, l’outsider, l’emporte, disposant d’un atout décisif : comme ancien dirigeant du KGB, il a pu mettre hors-jeu plusieurs de ses rivaux en révélant des scandales où ils étaient impliqués. Andropov, secrétaire du PCUS, président du Præsidium du Soviet suprême de l'URSS, chef des armées, etc., cumule d’emblée tous les postes que ses prédécesseurs mettaient un temps plus ou moins long à cumuler. La courte période Andropov à la tête de l’URSS est marquée par des tentatives de lutter contre la corruption et contre l’économie souterraine.
Sur le plan international, Andropov doit affronter l’anticommunisme du président américain Ronald Reagan. La tension entre les grands reprend, avec notamment la crise des euromissiles.
À partir d’août 1983, malade, Andropov cesse d’apparaître en public. Il meurt le 11 février 1984.

Tchernenko (1911-1985)

Né le 24 septembre 1911 dans un village de la région de Krasnoïarsk au cœur de la Sibérie, Konstantin Oustinovitch Tchernenko commence sa carrière au sein des jeunesses communistes (Komsomol).

Entre 1929-1931, il en est le chef de département à l'agitation et à la propagande dans un comité régional sibérien. Il y apprend la rhétorique stalinienne et l’organisation de purge contre les opposants. Après un passage par le Kazakhstan, il effectue son service militaire au sein de la Guépéou (la police d’Etat). La guerre n’a de conséquence qu'indirecte dans la province de Krasnoïarsk où Tchernenko poursuit sa carrière. Il entre ensuite à l'école supérieure du parti et est envoyé en Moldavie, où il rencontre en 1950 Brejnev auquel il lie son ascension politique. Propulsé au sein du comité central du PCUS, il exerce des fonctions de responsable à l'agitation. Il poursuit son ascension au sein des organes de direction du parti et devient membre du Politburo (l'organe réel et restreint du pouvoir soviétique) en 1978.

Tchernenko apparait comme un successeur probable à Brejnev. Il l’accompagne à la conférence sur la coopération et la sécurité en Europe d’Helsinki en 1975, puis à celle de Vienne sur le désarmement en 1979. Pourtant, le 10 novembre 1982, à la mort de Brejnev, il doit se résoudre à céder le pouvoir suprême et la place de secrétaire général à Andropov malgré une recommandation du comité central du PCUS. Quand Andropov meurt début 1984, la vielle garde brejnévienne conservatrice se mobilise, écartant un jeune prétendant, Gorbatchev. Tchernenko arrive au pouvoir suprême cumulant encore plus rapidement que son prédécesseur tous les postes clés (secrétaire du PCUS, Président du Præsidium du Soviet suprême de l'URSS, chef des armées), mais il est déjà un homme âgé et malade.

La courte période Tchernenko est vue comme un retour à la période conservatrice de Brejnev. Il ressert l'emprise de l'URSS sur les pays de l'Est, interdisant notamment au dirigeant de l’Allemagne de l’Est de rencontrer son homologue de l’Allemagne de l'Ouest. Il reste impassible au sort du dissident soviétique Sakharov. Son court passage au pouvoir reste marqué symboliquement par la décision de l’Union soviétique en 1984 de ne pas participer aux Jeux olympiques d'été à Los Angeles, entraînant dans son boycott 14 pays de l'Est et alliés.

Le 10 mars 1985, après 1 an et 25 jours à la tête de l'URSS, Tchernenko meurt d'une insuffisance cardiaque.

Gorbatchev (1931-2022)

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Gorbatchev, Washington 1987
(détail).
© Ronald Reagan
Presidential Librairy, USA

Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev naît le 2 mars 1931 dans un milieu paysan puis kolkhozien marqué par le stalinisme, à Privolnoïe (village du Nord-Caucase).

En 1955, à la fin de ses études de droit à Moscou, il rejoint sa province natale où il gravit les échelons de la hiérarchie du Parti, trouvant en Koulakov, le premier secrétaire du territoire de Stavropol, son mentor. Entre 1964 et 1967, Gorbatchev étudie à l’Institut agronome de Stavropol et y rencontre son second mentor, Andropov, chef du KGB. À la mort de Koulakov en 1978, Gorbatchev est appelé au Kremlin au poste de secrétariat du Comité Central pour prendre la succession de son regretté parrain. Deux ans après, en 1980, devenu membre titulaire du Politburo à 49 ans, Gorbatchev fait partie du tout petit nombre de dirigeants appartenant à la fois au secrétariat du Comité Central et au Politburo, où se concentre tout le pouvoir. Gorbatchev se place dans le sillage de son mentor, Andropov, qui prend la succession de Brejnev.

À la mort de Tchernenko en mars 1985, Gorbatchev, âgé de 54 ans, devient secrétaire général du comité central du PCUS. Très vite, il évoque la nécessité de réforme profonde du système. Il prononce les mots de Perestroïka (re-construction) censée ouvrir l'économie soviétique et de Glasnost (transparence) pour permettre plus de liberté. On assiste à une libéralisation de la presse et les principaux opposants peuvent de nouveau se rendre librement à Moscou. Il fait voter une série de lois visant à autoriser l'entreprise individuelle. En mars 1990, alors qu'il vient de cumuler l'ensemble des fonctions suprêmes à la tête de l'Etat et du parti, il se prononce pour le passage à l'économie de marché.
À l’international, Gorbatchev ouvre le dialogue avec le président américain Reagan sur les armes nucléaires. En 1988, il décide le retrait des troupes russes d’Afghanistan. Un an après la chute du mur de Berlin, il reçoit en octobre 1990 le prix Nobel de la paix.

Sa politique le confronte à la montée des autonomies nationales et aux nationalismes qui finiront par faire imploser l'URSS. En vacances en Crimée, Gorbatchev est victime d’un putsch à Moscou par les ultras conservateurs du parti le 20 août 1991. Le putsch est déjoué, mais il est contraint de céder le pouvoir à Boris Eltsine. Il échoue à revenir au premier plan politique et publie ses mémoires en 1996.

Critique vis-à-vis du pouvoir en place, il meurt le 30 août 2022 à Moscou. Son nom reste associé à la fin de la guerre froide et à l’effondrement du système soviétique.

Eltsine (1931-2007)

Boris Nikolaïevitch Eltsine naît le 1er février 1931 à Boutka, village de l’Oural. Son ascendance de Koulak (paysans aisés) le marque.

Il adhère au PCUS en 1961 et choisit comme mentor Riabov, l’homme fort du parti dans l’Oural, qui l’envoie en formation politique à Moscou. Lorsque Riabov est nommé au comité central à Moscou, Eltsine prend sa place comme numéro un du parti à Sverdlovsk. En 1977, Eltsine rencontre son second mentor, Gorbatchev, qui le fait entrer en 1981 au comité central du PCUS. Gorbatchev, devenu premier secrétaire, lui confie la direction du parti à Moscou, à charge pour lui d’expurger les apparatchiks locaux hostiles à la Perestroïka.

Entré au Politburo en février 1986, il joue sa propre carte, se positionnant sur une ligne plus libérale et en s’opposant nominalement aux cadres du Parti. Écarté par Gorbatchev, Eltsine se présente aux élections du printemps 1989, les premières où des candidats non officiels peuvent s’opposer aux candidats du parti. Elu, il devient président du Parlement russe et s’appuie sur cette légitimité pour se poser en chef de la Russie et porte-parole de la « question russe ».
Le 12 juin 1991, Eltsine devient le premier président de la République de Russie officiellement élu au suffrage universel. Il déclare la souveraineté de la RSFS de Russie et démissionne du parti communiste. Il demande à la hiérarchie des fonctionnaires de choisir entre l’Union et la Russie, soit entre le pouvoir de Gorbatchev et le sien. Le putsch d’août 1991 renforce sa légitimité et finit de discréditer l’outil principal du pouvoir central, l’appareil du PCUS, et Gorbatchev. L'Union soviétique est dissoute la même année.

Lorsque le Parlement russe tente de lui résister en 1993, il le fait plier par un bombardement et une prise d’assaut armée faisant 150 morts. En juillet 1996, Eltsine est réélu président de la Fédération de Russie avec 53 % des voix contre 40 % pour le candidat communiste, une victoire modeste attribuée en partie au climat de guerre entretenu par le conflit tchétchène. La crise économique plonge 72 millions de russes dans la misère. De nombreux scandales de corruption touchent l’entourage proche d’Eltsine. Entre 1998 et 1999, il change cinq fois de Premier ministre. Pour préparer sa succession, il s’appuie sur Poutine, ancien du KGB. Le 31 décembre 1999, en échange de son immunité parlementaire et la mise à l’abri de la justice de son clan, Eltsine abandonne la présidence de la Fédération de Russie et nomme président par intérim son Premier ministre Poutine.
Le 23 avril 2007, Boris Eltsine meurt à l’hôpital central de Moscou.

Les dissidents

Sakharov (1921-1989)

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Sakharov en 1989.
© Anefo / Croes, R.C.

Andreï Dmitrievitch Sakharov est né le 21 mai 1921 à Moscou dans une famille de physiciens.

À l'âge de 17 ans, il entame des études de physique à l'Université de Moscou. Il obtient sa licence puis son doctorat au début de la guerre. Exempté de service militaire, il travaille dans une usine de munition de septembre 1943 à la fin de la guerre. En 1948, il intègre l’équipe du physicien Igor Tamm (prix Nobel de physique en 1958) dont les travaux vont permettre à l’URSS de se doter de l’arme atomique. En 1953, elle met au point la bombe thermonucléaire dite bombe H. Ce n’est qu’à partir de 1962, prenant conscience du danger représenté par la puissance du complexe militaro-industriel et la prolifération nucléaire, que Sakharov bifurque vers la dissidence. Tout en poursuivant ses travaux scientifiques, il s’oppose à Brejnev et au clan conservateur qui cherchent à revenir sur la déstalinisation.

En 1970, avec deux autres dissidents, il crée le Comité pour la défense des droits de l'homme et la défense des victimes politiques. Sakharov met surtout l’accent sur la défense des « droits démocratiques » et défend la théorie de la convergence entre les deux blocs (Etats-Unis, URSS) ainsi que la revendication d’une « transition partielle vers une économie mixte ». Entre 1973 et 1974, il défend une plate-forme démocratique visant à réformer en profondeur l'URSS. En 1975, il obtient le prix Nobel de la Paix. Mais devenu suspect de sympathie pour les régimes de l’Ouest, il ne pourra se rendre à Oslo pour y recevoir sa distinction.

Sakharov poursuit ses critiques du régime brejnévien et condamne l'invasion de l’Afghanistan. Cela lui vaut d’être arrêté le 22 janvier 1980 et exilé, sans jugement ou condamnation officielle, à Gorki. Sakharov et sa femme Elena Bonner sont assignés à résidence, dans cette ville située à 400 km, à l’est de Moscou jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev en 1986. De retour à Moscou, il est réhabilité en tant que grand scientifique et reprend sa liberté d’expression. Son élection au Congrès des députés du peuple (parlement soviétique) au printemps de 1989 le place à la tête de l'opposition démocratique. Critiquant les demi-mesures de Gorbatchev, il réclame la fin du parti unique et des élections libres.

Il décède à Moscou le 14 décembre 1989.

Soljenitsyne (1918-2008)

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Soljenitsyne, matricule CH-262
dans un goulag entre 1945 et 1953.
© Effigie / Leemage.

Né le 28 novembre 1918 à Kislovodsk (Nord-Caucase), Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne passe son enfance dans la légendaire ville de Rostov sur le Don.

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, il est étudiant en sciences et en lettres à l’université de Moscou. Mobilisé à l’automne 1941, il combat comme officier et sera même décoré de l’Etoile Rouge. Arrêté au front pour avoir critiqué Staline dans une lettre privée, Soljenitsyne écope de 8 ans de travaux forcés dans un camp pour complot anti-soviétique. Libéré le jour de la mort de Staline, le 5 mars 1953, il n’est autorisé à revenir de déportation qu'en 1956, après le XXe Congrès du PC soviétique qui lance la « déstalinisation ».

En 1962, Soljenitsyne devient subitement célèbre, quand, sur instruction personnelle de Khrouchtchev, la revue Novy Mir publie son roman Une journée d'Ivan Denissovitch. Ce court récit de 24 heures de la vie d'un détenu s'inspire de ce qu’il a subi dans les camps.

Les relations du régime avec Soljenitsyne, qui réclame le droit de s'exprimer et d'être publié, se dégradent. En 1969, il est exclu de l'Union des écrivains soviétiques. En 1970, il reçoit le prix Nobel de littérature après s’être déclaré ouvertement adversaire du communisme. À cette date, surveillé en permanence par le KGB, il échappe au sort qui guette habituellement les dissidents, l’hôpital psychiatrique ou les camps. Il publie ses œuvres de l’étranger dont L'Archipel du goulag en 1973. Arrêté puis expulsé du pays en février 1974, il s’installe aux Etats-Unis pour un exil de 20 ans. Dans un discours prononcé à Harvard en 1978, il fustige l'effondrement moral et le « bazar mercantile » du monde occidental.

Pour l’historien spécialiste de l’URSS, Moshe Lewin, Soljenitsyne a librement développé en exil une pensée fondée sur le nationalisme russe et la Russie « éternelle », ainsi qu’un anticommunisme viscéral. Revenu en Russie en 1994, il reçoit le prestigieux prix d'Etat des mains de Poutine en 2007.

Il meurt le 3 août 2008 à Moscou où il est enterré au cimetière du monastère de Donskoï.

Chalamov (1907-1982)

Varlam Tikhonovitch Chalamov est né le 5 juin 1907 à Vologda au nord de Moscou.

Il se passionne très tôt par l'agitation intellectuelle qui secoue la vieille Russie autocratique de Nicolas II. Il lit la littérature française, les philosophes, Kant en particulier. En 1926, bénéficiant de la « promotion prolétarienne », il entre à l'université de droit à Moscou. Devenu fervent partisan de la révolution bolchévique, léniniste convaincu, il se passionne pour les débats qui animent encore la jeunesse soviétique. En février 1929, Chalamov est arrêté par la Guépéou (police d’Etat de l’Union soviétique) pour sa participation active à l'impression clandestine et la diffusion des textes qui constituent le fameux testament de Lénine. Cette action, qui fait de lui un sympathisant actif de l'opposition de gauche, lui vaut une condamnation à trois ans de travaux forcés.

Libéré le 11 octobre 1931, il se trouve à Moscou en 1932. Il y écrit des articles dans des revues notamment syndicales et ministérielles, fait imprimer des nouvelles et des satyres. À la veille de la seconde vague de purges staliniennes, il abandonne l'activité politique. « Je serais devenu le jouet dans les mains d'un politicien » écrira-t-il. Ceci ne lui épargne pas sa seconde arrestation le 12 janvier 1937. Condamné à cinq ans de bagne, il est envoyé en Kolyma dans l’Extrême-Orient soviétique où sont exploitées les fabuleuses richesses minières et aurifères récemment découvertes. Malgré les conditions de sa détention, il survit au camp. En 1943, Chalamov passe à nouveau en jugement et voit sa peine allongée de dix ans. Il est renvoyé dans les mines d’or. Il tentera de s'évader.

En 1951 il est libéré mais assigné à résidence en Kolyma. Après la mort de Staline, il entame l'écriture de son œuvre, la plus importante jamais publiée sur l'univers concentrationnaire du goulag : Les Récits de Kolyma. En 1956, il est officiellement réhabilité. Il achève les six Cahiers de Kolyma et compose les Récits. En 1960, il fréquente, peu de temps, Soljenitsyne.

En 1979, Il devient aveugle et sourd et entre dans une maison de santé. Transféré contre son gré dans un hôpital psychiatrique, il y meurt quelques jours plus tard, le 17 janvier 1982.

Les héros

Stakhanov (1906-1977)

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Stakhanov, vers 1940 (détail).
© Office of War Information/ 
Librairy of Congress, USA

« Homme nouveau », « héros du travail », « bâtisseur du socialisme », autant de qualificatifs issus souvent de la bouche même de Staline, ont glorifié le mineur de charbon du bassin ukrainien du Donbass, Alekseï Grigorievitch Stakhanov. Il serait né le 3 janvier 1906 dans le village de Lugovaya (province d'Orel, au sud-ouest de Moscou). Issu d'une famille paysanne, il travaille dès l’âge de 8 ans comme ouvrier agricole. En 1927 il entre à la mine dite Centrale-Irmino dans la ville de Kadievka (Donbass) et devient perforateur (utilisateur du marteau-piqueur) en 1933.

La légende. Le 31 août 1935, muni de son marteau piqueur, lors d’un concours de productivité organisé par les komsomols, il extrait 102 tonnes de charbon en 5 heures 45 minutes de travail, soit 14 fois son quota. Le 9 septembre, il double son record extrayant 227 tonnes de charbon. Ce résultat est sans doute le produit d'un travail collectif, mais la propagande autour de Stakhanov et de son exploit devient une machine de guerre pour gagner la bataille de l'intensification du travail.

Il devient l’emblème de l’homme nouveau communiste. Stakhanov le mineur est présenté comme cultivé, lisant Tolstoï, Dostoïevski et Gorki, et étudie de 1936 à 1941 à l'Académie industrielle de Moscou. Caution ouvrière d'un régime déjà bureaucratisé, Stakhanov travaille au ministère de l'Industrie du charbon de l'Union soviétique entre 1943 et 1947. De 1957 à 1974, il occupe des postes de responsable dans d'importants combinats industrialo-miniers. Il meurt le 5 novembre 1977, couvert de distinctions dont celles de Héros du travail socialiste et, par deux fois, de l'Ordre de Lénine. Depuis 1978, une ville minière porte le nom de Stakhanov.

Le stakhanovisme. Depuis la fin de la guerre civile, la lutte pour l'augmentation du rendement du travail constitue l'essentiel de l'activité du gouvernement soviétique. Molotov, proche de Staline et chef du gouvernement, reconnaît que le rendement du travail en URSS est encore sensiblement inférieur à celui de l’Occident. La dureté des mesures prises pour augmenter la productivité en 1932 (peine de mort en cas de vol de la propriété collective, licenciement immédiat si absence au travail, instauration du passeport intérieur) s’accompagne de propagande. Le mouvement stakhanoviste succède aux brigades de choc des années 1927-1934. Les ouvriers stakhanovistes sont présentés comme des modèles à suivre : ils font la chasse aux pauses et temps morts ; en dehors du temps de travail, ils mettent leurs outils en ordre et préparent les matières premières.

Zaïtsev (1915-1991)

Vassili Grigorievitch Zaïtsev est le héros qui incarne la bataille de Stalingrad (septembre 1942-février 1943), même si le stratège de la victoire est l'officier Rokossovki, victime des purges de 1937 et qui, comme beaucoup d'autres, est tiré des camps en 1941 pour combattre l’Allemagne nazie.
Né le 23 mars 1915 dans une famille de paysans pauvres du village de Yelenovsk dans l’Oural, Zaïtsev étudie à l’école de construction de Magnitogorsk (Oural).
Il intègre la marine soviétique en 1936, se spécialise dans le management, puis il est envoyé en 1937 près de Vladivostok sur la côte pacifique russe. Lors de l’invasion de l'Union soviétique par les troupes hitlériennes, Zaïtsev, comme beaucoup de ses camarades, se porte volontaire pour être transféré sur la ligne de front. À la veille du 22 septembre 1942, le sous-lieutenant Zaïtsev traverse la Volga et rejoint le régiment de fusiliers de la 1047e division d'infanterie de l'Armée rouge.

Sa légende se construit du 10 novembre au 17 décembre 1942. Semblant occuper chaque fenêtre, chaque recoin d'une ville en flamme, il va abattre 225 officiers et soldats allemands, parmi lesquels 11 tireurs d'élite dont le fameux Erwin König, le sniper de l'école militaire de Berlin. En janvier 1943, il est blessé grièvement aux yeux lors d’une explosion. Soigné par l’un des meilleurs médecins à Moscou, Zaïtsev retourne au front, un temps instructeur pour les tireurs d'élites. Il termine la guerre avec le grade de capitaine. Le 22 février 1943, il devient l'un des 125 soldats de Stalingrad à recevoir le titre de Héros de l'Union soviétique, distinction accompagnée de l'ordre de Lénine.
Après la guerre, Zaïtsev vit à Kiev, étudie à l'université du textile, puis travaille comme ingénieur pour finir directeur d'une usine de textile. Il meurt le 15 décembre 1991 et sera inhumé en 2006, lors du 63e anniversaire de la bataille de Stalingrad, au mémorial du Kurgan Mamaïev à Volgograd (ex-Stalingrad).

Gagarine (1934-1968)

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Gagarine
© Nasa

Youri Alexeïevitch Gagarine est né le 9 mars 1934, près de Gzhatsk (ville qui portera plus tard son nom) dans le nord-ouest de la Russie.

Ses parents, qui travaillent dans un kolkhoze, subissent violemment l'occupation nazie. En 1949, il termine l'école primaire mais décide de ne pas poursuivre d’études secondaires, bien que doué en mathématiques et en physique. Il obtient un diplôme de mouleur-fondeur en 1951. Tout en suivant des cours à l’Institut technico-industriel de Saratov dans le sud-est de la Russie, il s'inscrit dans un club d’aviation. Ses premiers vols en 1954 le bouleversent. Il est prêt à tout abandonner pour devenir pilote et entre à l'école militaire de pilotage Vorochilov en 1955. Il est promu pilote de chasse en 1957.

Trois ans plus tard seulement, il fait partie des vingt pilotes sélectionnés pour participer au programme spatial soviétique. Le héros est déjà là. Gagarine passe avec aisance les différentes sélections en vue du premier vol habité. Il se retrouve dans le groupe final qui comprend le meilleur trio de pilotes soviétiques. Gagarine possède des aptitudes exceptionnelles, mais les marques de sa fidélité au régime et son origine kolkhozienne, ont également joué dans la désignation du héros.
Le 12 avril 1961, le cosmonaute soviétique Youri Gagarine réussit le premier vol spatial habité. Ce succès est présenté comme celui de l’industrie de l’URSS, de son éducation, de sa recherche et de sa science, qui par la centralisation de l’économie et sa planification semble avoir dépassé le niveau des Etats-Unis.

Le 12 avril 1961, décollant du cosmodrome de Baïkonour à bord du vaisseau Vostok 1, il réussit son insertion en orbite et opère une révolution autour de la Terre en moins de 2 heures à une moyenne de 250 kilomètres d'altitude, avant de revenir sur Terre. Ce vol a une portée immense : Gagarine fait le tour du monde, accueilli partout en héros. En URSS, il devient la figure du héros soviétique, il reçoit le titre officiel de Héros de l'Union soviétique et devient membre d'honneur de l'Académie internationale d'astronautique. Il sera nommé directeur de la Cité des Etoiles, le centre d'entraînement des cosmonautes russes près de Moscou.
Le 27 mars 1968, Gagarine meurt accidentellement : au cours d'une mission aérienne, son avion de chasse s'écrase.


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