« La nature est formée par l'état d'âme de l'observateur » (Edvard Munch)
Une peinture des états d’âme
L’Expressionnisme n’était pas né (le mot n’apparaît sous la plume d’un critique qu’en 1908), que la peinture d’Edvard Munch prenait déjà les caractéristiques de ce mouvement : la mise en avant d’une vision intérieure (souvent angoissante ou tourmentée), la subjectivité du regard dans la perception de l’objet ou le sujet de la peinture.
Dès ses premières années d’apprentissage à Kristiania, il délaisse le naturalisme s’adonner aux thèmesde la mélancolie, l'angoisse, la maladie, la mort.Sa période symboliste est une étape vers l’Expressionnisme. L’été 1891 à Åsgårdstrand, Munch peint Mélancolie, considéré comme le premier tableau symboliste norvégien.
On y trouve le poids symbolique rendu par la transparence de la lumière sur un paysage de bord de mer vide, où l’homme est seul face à la nature. Le littoral sinueux caractéristique de la région, présent dans bon nombre de ses compositions, semble refléter l'état d'âme sombre et tortueux du personnage.
En 1902 grâce à la Sécession berlinoise, il peut exposer, pour la première fois, la Frise de la vie dans son intégralité.
Les portraits, souvent en pied, prennent une place de plus en plus importante dans son œuvre (Les Quatre Fils du docteur Max Linde - 1904).
Edvard Munch, Jappe sur la plage, 1891-1892, huile sur toile. Galerie nationale d’Oslo.
Photo © DeAgostini/Leemage.
© The Munch-Museum / The Munch-Ellingsen Group - ADAGP, Paris, 2013.
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Premier peintre expressionniste
Munch est considéré, avec Van Gogh et Ensor, comme un précurseur de la mouvance expressionniste à la fin du XIXe siècle. La première version de son célèbre tableau Le Cri, en 1893, est sans aucun doute emblématique de cette nouvelle démarche : un homme crie son angoisse existentielle.
À partir de 1908, année durant laquelle il est hospitalisé pour une grave dépression nerveuse, son tournant artistique s’affirme et Munch s’impose comme peintre expressionniste. Il peint notamment toute une série des toiles représentant des hommes au travail : Maçons et ouvriers (1908), Les Pelleteurs de neige (1913), Les Ouvriers à la sortie del’usine (1915), Labours de printemps (1916), d’un expressionnisme de plus en plus marqué.
C’est comme « expressionnistes » que ses œuvres ont une place de choix à l’exposition du Sonderbund, organisée à Cologne en 1912. Elle se révélera comme l’une des plus importantes du XXe siècle et entrera dans la légende : les trente-six œuvres de Munch côtoient vingt-cinq œuvres de Van Gogh, vingt-six de Cézanne, vingt-cinq de Gauguin, seize de Picasso. C’est pour Munch une reconnaissance internationale.