« Le Meilleur des mondes » d'Aldous Huxley

Le Meilleur des mondes s’inscrit dans la lignée des romans du XXe et du début du XXIe siècle, qualifiés de dystopie scientifique, roman d’anticipation ou de science-fiction.


Publié le 30/10/2013 • Modifié le 25/08/2025

Temps de lecture : 3 min.

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Le Meilleur des mondes parait en 1932 avec pour titre original Brave New World, une citation empruntée à William Shakespeare dans la pièce La tempête (acte V, scène 1). Littéralement, Brave New World peut se traduire par un nouveau monde courageux, éclatant, merveilleux. Mais, pour la version française, le choix s’est arrêté à une citation de Voltaire parodiant Leibniz dans Candide, citation que Huxley a mis au début de la version anglaise : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ».

De quoi parle Le Meilleur des mondes ?

L’auteur place son « meilleur des mondes » en l’an 2500 de notre ère. Le monde est sous la domination d’un État mondial, où vivent des gens civilisés. En dehors, des sauvages vivent dans des réserves. Les sociétés anciennes ont été détruites par un conflit mondial. 

L’État mondial, régi depuis Londres-Central, est une société totalement régulée :

  • l’individu est conditionné tout au long de sa vie par la consommation d’une drogue appelée le Soma et des pratiques hypnopédiques (conditionnement pendant le sommeil). Dès avant sa naissance, l’individu est régulé : la reproduction et la gestation s’effectuent en laboratoire. Le sexe se pratique comme un loisir sans affect.
  • la population est divisée en cinq castes étanches, des plus élevées les Alpha et les Bêta, jusqu’aux plus basses, les Delta et les Epsilon, les Gamma constituant la classe moyenne.

 

L’intrigue démarre lorsque Marx, individu de la caste supérieure Alpha, décide d’entraîner Lénina, une femme Bêta, dans une réserve à sauvages. Ils y rencontrent une femme appelée Linda et son fils John. Linda a vécu autrefois dans l’État Monde et elle était tombée enceinte de John. John, qui a reçu de sa mère une très bonne éducation littéraire, retourne dans l’État Monde, curieux de le découvrir. Au début émerveillé, il est vite horrifié par le laxisme moral et le conditionnement de ses membres. Malgré ses actes de désobéissance, John reste. Quand il découvre ses sentiments amoureux pour Lénina, individu conditionné incapable d’éprouver de l’amour, il se suicide.

Les progrès de la science en question

La fiction permet à son auteur de donner une vision sombre du futur de la civilisation, où un système se charge méthodiquement d’écraser tout ce qu’il y a d’humain dans l’individu grâce aux progrès de la science.

Les individus des classes inférieures sont conçus et programmés pour la production de masse. Ils sont issus d’un même œuf (jusqu’à 96 individus par œuf) et leur croissance est surveillée et dosée en fonction de leurs tâches futures dans la société (mineurs, ouvriers dans les aciéries, etc.) Le seul et unique culte pratiqué est celui de l’État Monde, appelé Ford, allusion au constructeur automobile qui à l’époque sort la première voiture à grande échelle, la Ford T (plus de 15 millions d’exemplaires). La liberté a disparu, chacun est à sa place, tout le monde est heureux… sauf lorsque l’on a gardé une part d’humanité. La civilisation parfaite du Meilleur des mondes broiera John le Sauvage, attaché aux valeurs humaines. Le Meilleur des mondes est une utopie … et pour Huxley il faut se méfier des utopies.

En 1946, Huxley écrit un avant-propos à son Meilleur des mondes disant qu’il veut croire à l’avènement d’un monde meilleur et y assister, malgré les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, ses millions de morts et la menace que fait peser la bombe atomique sur l’avenir de l’humanité. La même année, il publie un recueil de textes philosophiques commentés : La Philosophie éternelle. Pourtant, deux ans plus tard, en 1948, son roman Temps futurs décrit une civilisation qui s’est perdue. Puis, en 1958, dans son essai Retour au meilleur des mondes, Huxley se pose la question de savoir si en l’espace de presque trente ans le monde a évolué dans la direction de la vision du futur qu'il avait eue. Sa conclusion : notre monde se met à ressembler bien plus rapidement que prévu au Meilleur des mondes. En cause : la surpopulation, la bureaucratie, certaines techniques d’hypnose annihilant la liberté individuelle.

Le Meilleur des mondes, quelle postérité ?

Au début du XXIe siècle, les thèmes du Meilleur des mondes entrent en résonance avec les questionnements de l’homme sur la sexualité et sa reproduction, ainsi que sur l’organisation de la société.

  • Les questions actuelles sur la sexualité s’éloignent du schéma du Meilleur des mondes. L’objectif de l’État Monde est de détruire tout rapport affectif ; la sexualité n’a qu’une fonction ludique. On arrive ainsi au paradoxe d’une reproduction asexuée d’une part et d’une relation homme-femme entièrement sexuée d’autre part.
  • La reproduction et gestation en laboratoire en cours dans l’État Monde est un mode de fonctionnement de la société.  Les techniques de fécondation in vitro actuelles sont des techniques de reproduction médicalement assistées : les deux embryons sont mis en présence dans un tube à essai mais sont ensuite placés dans l’utérus de la mère ou d’une mère porteuse.
  • Huxley imagine un monde où les progrès techniques offrent l’illusion d’un bonheur possible sur les paradigmes de la production et la consommation de masse. Mais l’organisation sociale du Meilleur des mondes est basée sur un système de castes dont la  création est contrôlée par la science. Il n’est pas possible pour le membre d’une caste de progresser vers une caste supérieure.

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