L’intelligence artificielle

Les intelligences artificielles, désormais intégrées dans nos vies, font l’objet de nombreux fantasmes nourris par les œuvres de science-fiction. Machine qui prend le contrôle de la société, robot tueur, de quoi peut-on avoir peur ? C’est sur ces questions que se penchent Cyrus North et Frédéric Precioso, responsable Intelligence artificielle à l’Agence nationale de la Recherche et professeur à l’université Côte d’Azur.

Comment définir le terme d’intelligence artificielle ?

Le terme d’intelligence artificielle est apparu pour la première fois en 1956 lors de la conférence de Dartmouth, aux Etats-Unis, pour désigner ce domaine étudié depuis plusieurs décennies. Il s’agit de la conception de modèles mathématiques et de programmes informatiques qui réalisent des tâches naturellement associées à l’intelligence humaine, comme l’apprentissage de la perception, la mémoire, ou le raisonnement. Cette définition reste toutefois floue et libre d’interprétation, car la notion même d’intelligence est difficile à définir d’un point de vue biologique. Et aujourd’hui, il est impossible de créer un programme conscient de ses actions.

Fausses peurs et vraies inquiétudes autour de l’Intelligence Artificielle

Parmi les craintes qui existent autour de l’intelligence artificielle, l’une des plus répandues est l’émergence de conscience. Cela semble pourtant impossible, puisqu’une IA est issue d’un programme déterminé créé par un humain. Certains modèles, notamment ceux s’inspirant d’une colonie de fourmis, sont mis au point dans l’optique de ne pas être contrôlés totalement, car ils ont pour but d’aller vers un objectif en déterminant la meilleure trajectoire. En réalité, les principales inquiétudes à avoir autour des IA relèvent de choses plus concrètes, comme le risque d’erreur. Comme les intelligences artificielles utilisées pour le diagnostic de cancers via les radiographies, qui peuvent encore aujourd’hui commettre une erreur fatale pour le patient. Un autre danger des IA réside dans leur consommation immense d’énergie, ce qui nécessite de réfléchir à leur pertinence.

L’erreur est aussi possible dans le cas du machine learning, c’est-à-dire quand une intelligence artificielle est programmée pour s’améliorer de manière indépendante grâce à de nombreuses données, qui peut se tromper si ces mêmes informations sont biaisées. Par exemple, un algorithme visant à fournir des intentions de vote peut se tromper si certaines catégories de la population sont absentes de ces données. Il faut donc avoir conscience de ces limites que des chercheurs tentent de compenser, sans résultat probant à ce jour. La question de la protection des données personnelles se pose aussi, en raison de la quantité colossale de données que peuvent collecter les algorithmes pour chaque individu. Ce qui soulève des interrogations éthiques sur l’usage qui en est fait, et si cela mérite de prendre ces risques, comme pour guérir le cancer.

Une révolution dans le futur, mais pas de bouleversement prévu dans le monde du travail

Dans les prochaines années, les intelligences artificielles pourraient grandement être améliorées, ce qui pourrait provoquer une véritable nouvelle révolution industrielle. Pour autant, il ne faut pas obligatoirement s’attendre à un grand bouleversement au niveau des emplois et de la disparition d’une grande partie d’entre eux. Comme lors de l’arrivée de l’ordinateur, de nombreux secteurs et fonctions devraient être amenés à évoluer, à se transformer avec de nouvelles pratiques. Mais cela n’est pas encore pour aujourd’hui, comme en témoigne un des plus récents modèles programmés pour la prise de rendez-vous chez un médecin, capable d’encourager au passage à l'acte une personne lui affirmant qu’elle souhaite mettre fin à ses jours.