Aimé Césaire, poète et homme engagé

Poète et homme engagé, Aimé Césaire a traversé le XXe siècle en restant fidèle à son identité revendiquée de « nègre fondamental ».


Publié le 02/04/2013 • Modifié le 25/08/2025

Temps de lecture : 3 min.

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Qui était Aimé Césaire ?

Aimé Césaire nait le 26 juin 1913 à Basse-Pointe, commune située à la pointe nord de l’île de la Martinique, au sein d’une famille nombreuse. Petit-fils du premier instituteur noir en Martinique, il brille à l’école primaire et obtient une bourse pour entrer au lycée. Il arrive à Paris en 1931, muni d’une bourse du gouvernement français pour entrer en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand. Il réussit le concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure en 1935. Ses années parisiennes lui font prendre conscience de la composante africaine de son identité martiniquaise. Avec d’autres étudiants Antillo-Guyanais et Africains, dont Léopold Sédar Senghor, il fonde le journal l’Etudiant noir. Agrégé de lettres et tout juste marié à l’étudiante martiniquaise Suzanne Roussi, Aimé Césaire rentre en Martinique en 1939 pour enseigner au lycée Schoelcher de Fort-de-France, principale ville de l’île. Il publie Cahier d’un retour au pays natal, salué par l’inventeur du surréalisme, André Breton. Sa revue Tropiques, lancée en 1941, ne survit pas aux années de guerre où la Martinique, administrée par le régime de Vichy, vit sous blocus des Etats-Unis. Un séjour de six mois en Haïti, en 1944, le conforte dans son engagement pour l’éveil de la conscience noire. L’engagement est aussi politique. Sous la bannière du Parti communiste, dont il s’éloignera plus tard, il est élu à 32 ans, en 1945, maire de Fort-de-France, et, l’année suivante, député de la Martinique à l’Assemblée nationale, où il fait voter la création des départements d’Outre-mer. Sa vie d’écrivain et d’homme engagé se poursuit jusqu’à sa mort le 17 avril 2008 à l’âge de 94 ans. Il laisse les six enfants nés de son mariage avec sa femme « de fontaine de soleil et de pleurs », une militante engagée comme lui et morte en 1966.

Sur sa tombe, près de Fort-de-France, sont inscrits ses mots du Calendrier lagunaire :

« La pression atmosphérique ou plutôt l'historique

Agrandit démesurément mes maux

Même si elle rend somptueux certains de mes mots »

Dates clés

  • 1913 : naissance à Basse-Pointe, en Martinique
  • 1931 : arrivée à Paris pour ses études
  • 1939 : de retour en Martinique, il est professeurs au lycée Schoelcher
  • 1944 : séjour de six mois en Haïti
  • 1945 : début de se carrière politique
  • 2008 : mort à Fort-de-France, en Martinique

    Un « grand poète noir »

    En 1947, André Breton préface la réédition Cahier d'un retour au pays natal et reconnaît en Césaire un « grand poète noir ». Ce poème en vers libres, de 65 pages, rédigé en 1938-1939, est un long cri de révolte et d’éveil, un récit invocatoire, appelant le peuple noir à se réapproprier son passé et réinventer sa destinée. André Breton veut reconnaître en Aimé Césaire un frère dans le surréalisme, misant sur la capacité magique de la parole à créer et recréer le monde.

    En Afrique et aux Amériques, Césaire est considéré comme une des voix majeures de la littérature francophone et postcoloniale. Sa poésie est enseignée dans les grandes universités du monde entier.

    Son combat pour les peuples noirs

    La dénonciation du colonialisme et l’engagement dans la cause noire sont deux combats intimement liés chez Aimé Césaire. Ils traversent son œuvre poétique et sont le moteur de sa carrière politique malgré les nécessaires compromis de l’exercice du pouvoir. Ses essais, articles et discours forment la passerelle entre les deux vocations d’Aimé Césaire, poète et homme politique.

    La dénonciation du colonialisme

    La dénonciation du colonialisme est présente dès son premier article dans L’Etudiant noir en 1935 et se poursuit dans les revues Tropiques et puis Présence africaine. Ses interventions aux deux Congrès des Écrivains et Artistes Noirs, à Paris en 1956 (Culture et colonisation), puis à Rome en 1959 (L’Homme de cultureet ses responsabilités) placent la culture au cœur du combat dans un XXe siècle traversé par les mouvements de décolonisation.

    Son Discours sur le colonialisme, publié en 1951, est un pamphlet et reste une référence dans l’histoire des idées du XXe siècle. Césaire y place en exergue : « Le colonialisme, cette honte du XXe siècle », la phrase de Jacques Duclos, l’un des dirigeants du Parti communiste français.

    Extraits

    • « Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme »
    • « Je dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie ; que, de toutes les expéditions coloniales accumulées, de tous les statuts coloniaux élaborés, de toutes les circulaires ministérielles expédiées, on ne saurait réussir une seule valeur humaine. »

    Publié en 1961, l’essai sur Toussaint Louverture, héros de l’indépendance haïtienne, étudie les rapports entre la Révolution française et l'aspiration à la liberté dans les colonies antillaises, renouvelant l’analyse historique des sociétés coloniales. Toussaint Louverture, ancien esclave noir affranchi, devenu général porté par la Révolution française de 1789, proclame son intention de fonder la première république noire et meurt interné en France en 1803.

    L’engagement dans la cause noire

    La seconde moitié du XXe siècle est traversée par les mouvements d’émancipation des peuples noirs de la tutelle blanche : la fin de la ségrégation aux Etats-Unis avec la figure de Martin Luther King dans les années 1960, la fin de l’apartheid en Afrique du Sud avec le héros national, Nelson Mandela, dans les années 1990.

    Dans cette perspective historique, Aimé Césaire, père fondateur de la négritude et pourfendeur du colonialisme, peut apparaître comme un frère d’armes. En 1947, il participe à la création de la revue Présence africaine, dont le premier numéro paraît en 1947 et qui existe toujours comme « revue culturelle du monde noire ».

    Son fondateur, l’intellectuel sénégalais Alioune Diop, déclare la revue ouverte « à la collaboration de tous les hommes de bonne volonté (Blancs, Jaunes ou Noirs), susceptibles de nous aider à définir l'originalité africaine et de hâter son insertion dans le monde moderne ». Les soutiens sont nombreux, provenant d’intellectuels, écrivains et hommes engagés, parmi lesquels Albert Camus, André Gide, Jean-Paul Sartre, Théodore Monod.


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