Albert Camus : un homme déchiré

La parution de l’homme révolté en 1951 provoque deux polémiques, l’une avec breton et les surréalistes, l’autre avec Sartre.

Publié le 22/07/2013 • Modifié le 31/01/2020

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La rupture : polémique avec Les Temps Modernes

La parution de L’Homme révolté en 1951 provoque deux polémiques, l’une avec Breton et les surréalistes, l’autre avec Sartre et l’équipe des Temps modernes à la suite de la critique violente et insultante de Jeanson dans le numéro de juin 1952 de la revue. Camus riposte par une « Lettre au directeur des Temps modernes » dans le numéro 82 d’août 1952 ; la réponse de Sartre, dans le même numéro, consacre la rupture. On trouve un écho de cette querelle dans La Chute. Commence alors pour Camus une traversée du désert.

L’Algérie, la déchirure

La Toussaint 1954 voit le début de l’insurrection en Algérie qui débouchera sur 

  Camus est déchiré et condamne, au nom d’une justice supérieure, toute forme de terrorisme qui touche des civils. Il écrit en 1955 à Aziz Kessous: « Vous me croiriez sans peine si je vous disais que j’ai mal à l’Algérie, en ce moment, comme d’autres ont mal aux poumons ».
 
 

Albert Camus et la question algérienne

Carl Gustav Bjurström raconte comment, en 1957, pris à partie sur la question algérienne à la Maison des Étudiants de Stockholm, Albert Camus aurait déclaré quelque chose comme : « En ce moment on lance des bombes dans les tramways d'Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ces tramways. Si c'est cela votre justice, je préfère ma mère. » Olivier Todd commente cette déclaration et la façon dont elle a été perçue à l'époque.

Le 22 janvier 1956 il lance, à Alger, un Appel pour une trêve civile. Il espérait sauver la cohabitation des populations française et musulmane. Quand il comprend qu’entre terrorisme et répression, il n’y a pas de place pour une troisième voie et qu’on s’achemine vers la guerre, il choisit de se taire. Il expliquera son silence dans l’avant-propos et la conclusion de Chroniques algériennes, en 1958.

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Article dans L’Express du 10 janvier 1956: « Trêve pour les civils »,
à propos de la guerre d’Algérie.
Coll. C. et J. Camus, Fds A. Camus, Bibl. Méjanes, D. R

 

« […] dans l’impossibilité de me joindre à aucun des camps extrêmes, devant la disparition progressive de ce troisième camp où l’on pouvait encore garder la tête froide, doutant aussi de mes certitudes et de mes connaissances, persuadé enfin que la véritable cause de nos folies réside dans les mœurs et le fonctionnement de notre société intellectuelle et politique, j’ai décidé de ne plus participer aux incessantes polémiques qui n’ont eu d’autre effet que de durcir en Algérie les intransigeances aux prises et de diviser un peu plus une France déjà empoisonnée par les haines et les sectes ».

En 1957, le prix Nobel de littérature couronne « son importante œuvre littéraire qui éclaire avec un sérieux pénétrant les problèmes posés de nos jours aux consciences humaines ».

Une mort prématurée et absurde

Camus se partage entre Paris et Lourmarin où il a acheté une maison. Le 3 janvier 1960, il regagne Paris avec Michel Gallimard, son épouse Janine et sa fille. Le 4, au Petit Villeblevin, la voiture quitte la route : Camus est tué sur le coup, Michel Gallimard décède cinq jours plus tard. Il avait, dans sa sacoche, le manuscrit du Premier Homme.


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