L'affaire Dreyfus

Retour sur le fil des événements de l’affaire d'Etat la plus retentissante de la fin du XIXe siècle en France.

Publié le 04/11/2013 • Modifié le 26/07/2022

Temps de lecture : 2 min.

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En septembre 1894, une femme de ménage, espionne française employée à l’ambassade d’Allemagne, trouve dans une corbeille à papiers un bordereau portant la liste des documents qu’un officier d’Etat-major se propose de vendre à l’Allemagne. Deux officiers sont soupçonnés : le commandant comte Esterhazy et le capitaine Alfred Dreyfus. Ce dernier est arrêté le 15 octobre 1894. Dès le 1er novembre 1894, La Libre Parole, le quotidien d’Edouard Drumont, qui fait de l’antisémitisme son cheval de bataille, titre « Arrestation de l’officier juif Dreyfus ». Le 22 décembre 1894, Dreyfus, est condamné par un Conseil de guerre, après trois jours de procès à huis-clos, à partir de « preuves » tenues secrètes, que même son avocat n’a pu consulter. En janvier 1895, Alfred Dreyfus est dégradé et déporté à l’Ile du Diable, au large de Cayenne

dreyfus-proces

Pendant près de deux ans, l’affaire est en sommeil : à l’exception du capitaine, de son frère Mathieu et de sa femme Lucie, personne ne croit à l’innocence de Dreyfus. En ces temps ou la « Revanche » contre l’Allemagne cimente la nation, personne n’ose mettre en cause l’armée française.

Toutefois, à l’automne 1896, des journaux croyant confirmer les thèses de l’Etat-major, relancent le soupçon. Le 14 septembre 1896, L’Eclair publie « toutes les preuves », fausses, fournies par l’Etat-major et le 10 novembre 1896, Le Matin, publie un fac-similé du bordereau, qui est ainsi montré pour la première fois. Bernard Lazare, l’avocat de Dreyfus, peut alors entreprendre de démontrer l’innocence du capitaine. Il convainc le vice-président du Sénat, Auguste Scheurer-Kestner que le bordereau n’est pas écrit par Dreyfus mais par Esterhazy. A l’automne 1897, Scheurer-Kestner dévoile à Emile Zola les preuves de la culpabilité d’Esterhazy et de l’innocence de Dreyfus. Zola publie trois articles dans Le Figaro, journal conservateur mais dreyfusard, « M. Scheurer-Kestner », le 25 novembre 1897, « Le Syndicat », le 1er décembre et « Procès-Verbal », le 5 décembre. Il conclut le premier par cette phrase : « La vérité est en marche, et rien ne l’arrêtera ». Mais les lecteurs du Figaro, majoritairement catholiques et conservateurs, ne supportent pas la critique de l’armée et la défense du « traître juif » ; ils abandonnent le journal, qui perd 75% de ses lecteurs, pour des quotidiens antidreyfusards, Le Gaulois et L’Echo de Paris.

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J’Accuse !

Croyant faire face aux accusations contre Esterhazy, l’armée le traduit en Conseil de guerre, qui l’acquitte le 11 janvier 1898. C’est alors qu’éclate le coup de tonnerre : la « Lettre à M. Félix Faure, président de la République », publiée dans L’Aurore, le 13 janvier 1898, dont le titre journalistique, trouvé par Georges Clemenceau, est « J’accuse ! ». L’article de Zola occupe toute la une de L’Aurore et deux colonnes en page 2 du quotidien.

Dans son argumentaire détaillé, Zola revient longuement sur les officiers supérieurs qui ont manipulé les conseils de guerre pour faire condamner Alfred Dreyfus puis innocenter le véritable coupable de trahison, Esterhazy. Il termine en accusant nominalement l’ensemble des protagonistes militaires. Il y a là, évidemment, matière à scandale et à procès en diffamation devant la Cour d’assises. Ernest Vaughan, le directeur de L’Aurore, pousse les feux et tire exceptionnellement à 300 000 exemplaires. Le retentissement est immense, les insultes pleuvent. Le jour même, la Chambre des députés décide des poursuites contre Zola, par 312 voix contre 122. Le ministre de la Guerre, dépose plainte. Le procès de Zola dure du 7 au 23 février 1898. Le 22, L’Aurore publie la « Déclaration au jury » de Zola, qui conclut ainsi : « Tout semble contre moi, les deux Chambres, le pouvoir civil, le pouvoir militaire, les journaux à grand tirage, l’opinion publique qu’ils ont empoisonnée. Et je n’ai pour moi que l’idée, un idéal de vérité et de justice. Et je suis bien tranquille, je vaincrai. Je n’ai pas voulu que mon pays restât dans le mensonge et dans l’injustice. On peut me frapper ici. Un jour, la France me remerciera d’avoir aidé à sauver son honneur ». Condamné à un an de prison et 3 000 francs d’amende, Zola s’exile.

Un coup de théâtre éclate le 31 août 1898 : une pièce qui avait été utilisée contre Dreyfus est reconnue comme un faux. Son auteur, le colonel Henry, avoue et se suicide. Une campagne de presse en faveur de la révision contraint la Cour de cassation à ordonner la révision du procès. Du 7 août au 9 septembre 1899, le deuxième procès d’Alfred Dreyfus a lieu devant le Conseil de guerre de Rennes, sous la surveillance de centaines de journalistes. Dreyfus est déclaré coupable, avec des circonstances atténuantes. Le président Loubet gracie immédiatement Dreyfus qui est libéré. Mais les dreyfusards exigent la réhabilitation du capitaine Dreyfus, qui sera acquise en 1906.

 


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