La division des Français dans l’affaire Dreyfus

A la fin du XIXe siècle, l'affaire Dreyfus déchaîne les passions et divise l'opinion publique entre dreyfusards et antidreyfusards.

Publié le 04/11/2013 • Modifié le 26/07/2022

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Division de la presse

Le dessin de Caran d’Ache « un dîner en famille » paru dans Le Figaro du 14 février 1898 illustre la division des Français. Mais la violence des attaques des caricaturistes, notamment à l’égard de Zola ou des juifs, prend souvent des aspects orduriers. Les dessins qui fleurissent dans La Libre Parole ou Psst… !, l’hebdomadaire antidreyfusard fondé par Caran d’Ache et Forain en février 1898 pour contrer Le Sifflet d’Ibels atteignent parfois des sommets d’ignominie. Globalement, le clivage entre la gauche et la droite s’établit au cours de ce « moment-Dreyfus ». A l’exception notable du Figaro, les journaux conservateurs sont pour l’armée contre Dreyfus, tandis que les journaux républicains sont pour la révision ou dreyfusards. Le ralliement de Georges Clemenceau ou  de Jean Jaurès en sont les symboles.

Révision du procès d'Alfred Dreyfus

Ce qui emporte la décision de révision puis de grâce, c’est le ralliement de l’opinion républicaine modérée, représentée par Le TempsLe Figaro, Le Journal des débatsLe Petit bleu et bien d’autres, renforcés par les gros tirages du Petit parisien, qui ravit la première place au Petit Journal, resté antidreyfusard jusqu’au bout. En incarnant la République, en privilégiant l’information, Le Petit parisien de Jean Dupuy, sénateur et ministre, est devenu « le plus fort tirage de tous les journaux du monde entier », comme il le proclame sous son titre chaque jour. Nombre de grands quotidiens régionaux contribuent également à la victoire des dreyfusards.

Affaire Dreyfus, un tournant pour la presse

Au total, l’affaire Dreyfus constitue un tournant dans l’évolution des médias français et dans leur rapport avec l’opinion publique et la politique. La presse a fait en partie l’affaire Dreyfus, en lui donnant un retentissement médiatique considérable ; mais il faut souligner l’autre dimension, ce que l’affaire a fait à la presse en rebattant les cartes du lectorat. Les journaux qui, tels Le Temps ou Le Petit Parisien, s’installent en République, deviennent lespiliers du régime jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Inversement, ceux qui choisissent l’armée contre la justice entament un déclin qui semble irrémédiable.


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