L’œuvre poétique d'Aimé Césaire


Publié le 02/04/2013 • Modifié le 25/08/2025

Temps de lecture : 2 min.

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La voix d'un peuple

Dès son premier recueil de poèmes, Cahier d'un retour au pays natal (1939), devenu un classique de la littérature mondiale, Aimé Césaire cisèle la révolte du peuple noir, sa dignité millénaire et sa place dans la mémoire de l’homme. Avec six autres recueils, ils constituent l’essentiel de son œuvre poétique, par ailleurs dispersée dans plusieurs publications.

Œuvres principales

  • Cahier d'un retour au pays natal (1939)

    Poème en vers libres, rédigé en 1938-1939. Chant profond de la liberté, lyrisme et violence. Devenu un classique de la littérature mondiale. Le peuple noir a trouvé en la personne de Césaire son chantre.

  • Les Armes miraculeuses (1946)

  • Soleil cou coupé (1948)

  • Corps perdu (1950), repris dans Cadastre (1961)

  • Ferrements (1960)

  • Moi laminaire (1982)

« J'habite une blessure sacrée

j'habite des ancêtres imaginaires

j'habite un vouloir obscur

j'habite un long silence

j'habite une soif irrémédiable... »

Aimé Césaire, Moi laminaire

La poésie française revisitée

Maîtrisant parfaitement la langue française et imprégné des poètes de son temps, Aimé Césaire dynamite son érudition par le choix des mots, une syntaxe désarticulée, des effets de sonorité.

  • Au commencement de Cahier d’un retour au pays natal : « Va-t’en, lui disais-je, gueule de flic, gueule de vache, va-t’en je déteste les larbins de l’ordre et les hannetons de l’espérance…”
  • Le rapprochement rythmique de mots scandés dans Soleil cou, coupé : « Soleil serpent œil fascinant mon œil, et la mer pouilleuse d'îles craquant aux doigts des roses, lance-flamme et mon corps intact de foudroyé… »
  • Les variations sur le fer dans Ferrements : les « ferments » de la révolte, le « faire » dire de la parole, les « fers » des l’esclavage …

Pour Césaire, l’exploration par les mots est « la tête chercheuse de la poésie ». Sa poésie est une œuvre rare, portée par son cri premier d’une reconquête identitaire.

Une tradition du conte et une poésie de la parole

L’œuvre de Césaire s’enracine dans la tradition du conte aux Antilles. Les esclaves des plantations coloniales pouvaient écouter le conteur : histoires distrayantes, avec dialogues, où l’humour laisse filtrer des messages de résistance. Ces récits sont véhiculés en créole, une langue à base lexicale française d’une grande plasticité, intégrant des origines diverses européennes, caraïbéennes et africaines.

La culture orale et antillaise dans Cahiers d’un retour au pays natal :

  • Onomatopées et mots : « Eïa”, “voum rooh oh”, le menfenil funèbre (oiseau de proie de la Martinique) ou les mornes (petites hauteurs arrondies surplombant Fort-de-France)
  • Interrogations et  exclamations : « Le maître des danses ? C'est moi!” « Assez de ce scandale ! »

Des racines antillaises et francophones

Césaire s’inscrit dans la lignée des grands poètes français du XIXe et XXe siècle. Son imaginaire animalier (« hommes-hyènes », « hommes-panthères » « squale qui veille sur l'Occident ») rappelle Lautréamont. l’héritage de Rimbaud se ressent dans sa prose poétique (« …bercé par les effluves d'une pensée jamais lasse je nourrissais le vent, je délaçais les monstres… »).

Mais sa parole incantatrice et insurrectionnelle jaillit de son identité d’arrière-petit-fils d’esclaves. Le titre son recueil Soleil cou coupé est la dernière phrase de Zone, poème de Guillaume Apollinaire, et exprime la blessure de la séparation originelle avec l’Afrique. Dans Moi Laminaire, Césaire se compare aux algues qui s’accrochent aux roches sous-marines des Caraïbes, appelées laminaires.

 


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