Une multiplicité de formes de capitaux
La théorie marxiste des classes sociales trouve un prolongement dans l’analyse du sociologue français Pierre Bourdieu. A la suite de Marx, il considère que la société est constituée de classes sociales hiérarchisées en fonction de leur dotation en capitaux. Ainsi, les individus possèdent trois types de capitaux : économique, social et culturel. Les différentes classes sociales se différencient par le volume et la structure des capitaux détenus par les individus qui les composent. L’innovation principale par rapport à la tradition marxiste consiste dans l’importance accordée au capital culturel.
Un déclin des classes sociales ?
La croissance des Trente Glorieuses et l'intervention de l'Etat-providence ont été des facteurs déterminants de l'homogénéisation des niveaux et des modes de vie. Mais les inégalités entre groupes sociaux n’ont pas disparu.
Les biens de consommation et les services auxquels accèdent les classes sociales diffèrent, de même que les pratiques culturelles selon les professions et catégories socioprofessionnelles (PCS). Ces inégalités peuvent s’expliquer par une progression des dépenses contraintes dans les budgets des ménages depuis les années 1980. En 1980, 64 % des classes moyennes inférieures déclaraient devoir s’imposer des restrictions sur certaines dépenses. Cette proportion est passée à 72 % en 2008. Le constat s’inverse pour les plus riches qui ne sont plus que 29 % dans ce cas, alors qu’ils étaient 40 % en 1980.
La bourgeoisie, une classe sociale mobilisée Le sentiment d’appartenance à une classe sociale diminue tendanciellement depuis une trentaine d'année : lorsque les individus s’identifient à un groupe, c’est d’abord à celui des « classes moyennes ».
Aujourd’hui la haute bourgeoisie reste une classe sociale fortement mobilisée. Elle correspond le mieux à la définition marxiste : « classe pour soi », elle est consciente de ses intérêts de classe, et fait en sorte de les préserver (forte homogamie et reproduction sociale).