Le collage, l’un des procédés favoris des surréalistes, va véritablement mettre « la peinture au défi » selon Aragon. Chaque morceau vient s’opposer et mettre en valeur ceux auxquels il est soudain associé. Cette collision créatrice contamine bientôt tous les domaines dans lesquels sévit le surréalisme.
À la recherche des « étincelles »
Changer les objets de contexte, voilà ce qui exalte les surréalistes. Rien n’est épargné, ils puisent dans l’imagerie populaire, la publicité, les dictionnaires, l’illustration médicale… Du moment que les contrastes sont saisissants et permettent d’adopter un nouveau regard sur le monde. La poésie inhérente à ces collages les distingue de ceux des cubistes. En outre, beaucoup présentent un trait d’humour caractéristique.
Victor Brauner, Loup-table, 1939-1947, bois et éléments de renard naturalisé.
© Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat © ADAGP, Paris, 2013
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Le règne de l’objet
En 1914, Marcel Duchamp expose un porte-bouteilles, le premier d’une série d’objets ainsi promus au rang d’œuvres d’art : les readymades. La valeur de l’artiste ne réside alors plus dans son savoir-faire mais dans son choix. Les objets surréalistes se déclinent dès lors joyeusement. Breton propose de fabriquer ceux « que l’on n’approche qu’en rêve » ; Dalí parle d’« objets irrationnels à fonctionnement symbolique » et invente le Téléphone-homard. Sur le principe du collage, ces constructions rassemblent des éléments de peu de valeur. Les signifiants ainsi créés, qui revêtent souvent une connotation sexuelle, sont aussi dénués d’utilité que d’agrément.
Expériences techniques
Les surréalistes, dans l’esprit du collage, font de nombreuses expériences. Les photomontages en appliquent le principe à la photographie. En littérature, les mots-valises créent des êtres étranges comme la « girafenêtre » de Breton ou le participe « nuagenouillé ». Avec le procédé du décalcomanie, ils transfèrent des dessins d’une feuille à l’autre.