Les cycles de Camus : Sisyphe, Prométhée, Némésis


Publié le 22/07/2013 • Modifié le 22/01/2020

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Très tôt, Camus divise son œuvre en cycles répartis sur trois portées : récit, théâtre, essai. Les deux premières lui permettent d’incarner des thèmes abordés dans la dernière. Ainsi, l’absurde prend chair avec Meursault ou Caligula.

I. Le Mythe de Sisyphe (absurde). – II. Le Mythe de Prométhée (révolte). – III. Le Mythe de Némésis. » (Carnets, 1950)

Sisyphe ou le « cycle de l’absurde »

Pour Camus, l’absurde, constat douloureux de la rupture de l’homme avec le monde, est un point de départ, non une conclusion. Dans l’essai de 1942, Le Mythe de Sisyphe, le héros grec symbolise la répétition des actes d’une vie machinale mais Camus fait aussi de ce « travailleur inutile de enfers » un personnage tragique parce que conscient. La pause lors de la descente lui permet d’accéder à la conscience.

Prométhée ou le « cycle de la révolte »

En 1947, La Peste montre que les cycles ne sont ni rigides, ni étanches. Dans cette chronique, Sisyphe et Prométhée cohabitent, représentant les deux temps de la révolte : le premier, au niveau individuel, refuse la condition que lui font les dieux, le second affirme la cause de l’homme et veut son affranchissement.

En 1951, avec L’Homme révolté, Camus aborde la révolte collective : « Je me révolte donc nous sommes ». Si le seul problème philosophique sérieux dans l’essai de 1942 est le suicide, dans celui de 1951, c’est le meurtre. L’homme révolté n’est plus seul, il se révolte contre ceux qui veulent le réduire en esclavage. Camus ne pose pas le problème de la révolte d’un point de vue abstrait, universel, mais dans un contexte occidental : comment l’homme, au nom de la révolte, s’accommode-t-il de la terreur ? Comment cette révolte aboutit-elle aux univers totalitaires de notre époque ? Comment l’homme justifie-t-il le crime et l’asservissement au nom de l’Histoire ?

Dans cet essai composé de cinq parties, Camus étudie la révolte d’un point de vue historique, littéraire, artistique, philosophique et en montre les perversions. La justice et la liberté sont antinomiques et nécessitent de trouver un compromis. L’ouvrage se termine sur un éloge de la mesure : « La pensée de midi » qui est le contraire de la résignation. Aux totalitarismes européens, il oppose l’équilibre grec et méditerranéen.

manuscrit de l'etranger_camus

Page manuscrite de L’Étranger, publié en 1942.
Coll. C. et J. Camus, Fds A. Camus, Bibl. Méjanes, D. R

Némésis ou le « cycle de l’amour »

« Le troisième étage, c’est l’amour : Le Premier Homme, Don Faust. Le Mythe de Némésis. » (Carnets, 1956).

Le Premier Homme, roman inachevé, publié en 1994, devait illustrer dans la série « roman » ce cycle à peine ébauché.


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