
portrait d'Edgar Allan Poe, photo de C.T. Tatman 1904, à partir du daguerréotype de W.S. Hartshorn 1848. Source : Library of Congress, USA.
L'écrivain américain Edgar Poe (1809-1849) est pour Baudelaire un frère dont les thèmes, les principes poétiques sont proches ou semblables aux siens et dont le rapproche aussi la destinée malheureuse ; comme lui, Poe est victime de la fatalité, du « guignon ».
Baudelaire traduit Poe parce que ce dernier, dit-il, lui ressemble : « La première fois que j’ai ouvert un livre de lui, j’ai vu, avec épouvante et ravissement, non seulement des sujets rêvés par moi, mais des phrases pensées par moi, et écrites par lui vingt ans auparavant. » (Lettre à Théophile Thoré, 1864). Comme Baudelaire, Edgar Poe allie spiritualité et rigueur, et son aspiration à l’infini se double d’un travail de logicien, d’analyste.
Pendant une quinzaine d’années, Baudelaire, perfectionnant sa connaissance de l’anglais, traduit trois volumes de contes, Histoires extraordinaires, Nouvelles histoires extraordinaires et Histoires grotesques et sérieuses, un roman, Aventures d’Arthur Gordon Pym, et un essai, Eurêka. Par leur beauté, leur pureté, ces traductions se sont, dès leur parution, imposées avec la force d’œuvres originales. Avant de découvrir Poe, Baudelaire avait traduit une nouvelle, Le Jeune Enchanteur, et des chansons. Il traduit aussi des fragments du Chant de Hiawatha, de Longfellow, et adapte, dans les Paradis artificiels, des extraits des Confessions d’un mangeur d’opium anglais, de Thomas De Quincey (1785-1859), synthétisant et organisant une œuvre touffue, remplie de digressions.