Chateaubriand, le précurseur du romantisme


Publié le 15/10/2012 • Modifié le 09/05/2022

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Indienne et chrétienne, Atala, vouée à Dieu par sa mère, s’empoisonne pour ne pas succomber à l’amour qu’elle éprouve pour l’indien Chactas. Nous sommes en Floride, au XVIIIe siècle ; orages, chasses au castor, clairs de lune, fuite à travers la savane : la nature, omniprésente, flatte le goût des contemporains pour l’exotisme. L’amour tragique et la nature associée au sentiment sont des thèmes que toute une génération reprendra. L'œuvre de Chateaubriand illustre parfaitement le romantisme dont l'auteur est l'un des plus beaux porte-paroles.

funerailles d'atala - 1808 - girodet - musee du louvre

Idéalisation de l’amour, exotisme et communion avec la nature

Fragment de l’épopée indienne des Natchez (publiée en 1826), Atala paraît en 1801. Alfred de Vigny a quatre ans et Victor Hugo naîtra l’année suivante. Préromantique après Rousseau ou Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand est le maître le plus direct des romantiques. L’amour n’est pas seulement analysé, il s’exprime directement, violent, douloureux, tragique puisqu’un obstacle essentiel lui interdit de s’accomplir. Supérieur au monde, il est idéalisé, divinisé, presque. Atala connaît un succès immense et durable. En témoignent Les Funérailles d’Atala, tableau de Girodet (1808) et de nombreuses gravures popularisant le roman.

Comme Atala, René dérive des Natchez et, rattaché au Génie du christianisme, il est publié en 1802. Le personnage de René, prototype du héros romantique, illustre le «  vague des passions », une perpétuelle insatisfaction, une mélancolie, un dégoût de la vie, un désaccord entre le moi et le siècle. Le héros romantique se confie, s’épanche, parle de soi. Le lyrisme de chateaubriand façonne une sensibilité qui s’épanouira dans le romantisme.

Les goûts de l’Orient et de l’histoire, introduits par Chateaubriand, marquent le XIXe siècle

Avec Le Génie du Christianisme (1802) et Les Martyrs (1809), épopée en prose située au IIIe siècle, durant les persécutions de Dioclétien, Chateaubriand donne aussi à ses contemporains et successeurs le goût de l’histoire. L’Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811), récit du voyage fait par Chateaubriand en quête de couleur locale pour ses Martyrs, introduit un genre nouveau : le voyage de l’écrivain, et met l’Orient à la mode ; Lamartine, bientôt, puis Nerval et Flaubert, écriront leur propre voyage en Orient.


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