Une enfance en Algérie
« La pauvreté […] n’a jamais été un malheur pour moi : la lumière y répandait ses richesses. […] Pour corriger une indifférence naturelle, je fus placé à mi-distance de la lumière et du soleil. La misère m’empêcha de croire que tout est bien sous le soleil et dans l’histoire ; le soleil m’apprit que l’histoire n’est pas tout ». Œuvres Complètes, Albert Camus, Tome I, p. 32 Préface à L’Envers et l’Endroit.
► Albert Camus naît le 7 novembre 1913 à Mondovi, en Algérie, département de Constantine. Son père, mobilisé en août 1914 en métropole, est blessé à la bataille de la Marne. Il meurt le 11 octobre 1914 à l’hôpital militaire de Saint-Brieuc. Albert est élevé à Alger, avec son frère Lucien, par une mère silencieuse, analphabète, et une grand-mère à forte personnalité. Son instituteur, monsieur Germain, remarque ce garçon doué, lui fait passer l’examen des Bourses. Il est reçu et entre au Grand lycée d’Alger. Il partage alors son temps entre ses études, le football et des boulots administratifs pendant les vacances.
Reçu en 1930 à la première partie du baccalauréat, Albert Camus entre à l’automne en classe de philosophie. En décembre, on décèle les premières atteintes de la tuberculose. Le jeune homme prend conscience de la mort. Il quitte sa famille et s’installe chez son oncle Acault, boucher, voltairien et anarchiste ! En octobre 1931, il reprend ses études de philosophie dans la classe de Jean Grenier qui lui fait découvrir le roman d’André de Richaud La Douleur.
Etudes de philosophie et débuts dans le journalisme
En juin 1934, il épouse Simone Hié dont il se sépare en 1936. En 1935, sur le conseil de Jean Grenier, il adhère au Parti communiste, qu’il quittera en 1937. A l’automne 1935, il fonde avec des amis le Théâtre du Travail qui deviendra en 1937 Théâtre de l’Equipe. En mai 1936, il est reçu au Diplôme d’études supérieures de philosophie. Pendant un an, il travaille comme assistant temporaire à l’Institut de météorologie d’Alger ; en octobre 1938, Pascal Pia, directeur d’Alger républicain l’embauche comme rédacteur. Il tient aussi la rubrique « Salon de lecture ». A la déclaration de guerre en septembre 1939, Camus, bien que pacifiste, essaie de s’engager : il est exempté pour raison de santé. Alger républicain suspend sa parution, est remplacé par Soir républicain jusqu’à son interdiction en janvier 1940 : Camus se retrouve au chômage et persona non grata en Algérie.