Carnets de voyage
Au cours de son voyage au Maroc, Eugène Delacroix consigne ses observations et impressions dans des petits carnets de tailles diverses. Notes, croquis et aquarelles reflètent son excitation et son émerveillement. Il dessine en toutes circonstances, à la mine de plomb ou à l’encre brune, croquis auxquels il apporte, le soir, des rehauts (touche claire ou brillante destinée, dans une peinture ou un dessin, à faire ressortir certaines parties) à l’aquarelle ou à la gouache. Il y ajoute des annotations : noms des objets, des lieux, origines des sujets dessinés, etc. formant un enchevêtrement d'esquisses et de mots. Ces carnets deviennent la mémoire de ses souvenirs et impressions. Après son voyage, Delacroix y puise son inspiration.
Tableaux orientalistes et romantiques
Ce voyage a transcendé la maîtrise des formes, de la lumière, des couleurs de Delacroix. Il peint plus de 80 tableaux d’inspiration orientale, notamment Femmes d'Alger dans leur appartement, toile qui est exposée au Salon officiel de 1834. Ce tableau reflète une impression de luxe, d’exotisme et de sensualité. Trois femmes, aux attitudes lascives, sont assises sur des tapis orientaux. Elles portent des tuniques vaporeuses par-dessus des sarouels, laissant voir leurs mollets nus. Elles sont parées de précieux bijoux. Une des femmes tient dans la main le tuyau d’un narguilé. Cette peinture est subversive pour l’époque. Auguste Renoir estime qu’« il n’y a pas de plus beau tableau au monde » et que cette œuvre « sent la pastille du sérail ».