Léopold Sédar Senghor, poète de la négritude

Chantre de la francophonie et de la négritude, il est aujourd’hui l’un des poètes noirs les plus lus au monde. 

Qui était Léopold Sédar Senghor ?

Léopold Sédar Senghor est un écrivain sénégalais de langue française. À 22 ans, il obtient une bourse pour étudier en France et intègre le lycée Louis-le-Grand. Puis, il devient professeur agrégé de lettres classiques en 1935 à 29 ans, et exerce notamment à Tours et Saint-Maur-des-Fossés. Soldat français pendant la Seconde Guerre mondiale, il écrit des poèmes pendant sa détention en camp de prisonnier et participe à la résistance. Après la guerre, il devient député français comme représentant du Sénégal et de la Mauritanie. En 1960, c’est comme président de la République du Sénégal qu’il est élu. Il démissionne au bout de son cinquième mandant en 1980 et meurt en 2001. Ses principales œuvres sont des recueils de poésie comme Chants d’ombre en 1945 ou Éthiopiques en 1956, mais aussi des essais sur la négritude regroupés sous le titre Liberté (1964-1992).

Dans quel contexte est écrit Éthiopiques ?

Éthiopiques est publié en 1956, dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Comme beaucoup d’autres Africains, Léopold Sédar Senghor a combattu pendant la guerre aux côtés de l’armée française puis de la Résistance. Cet engagement éveille les consciences des coloniaux et les amène à réclamer leur indépendance dans les années suivant 1945. Élu député du Sénégal en France, Senghor n’est d’abord pas favorable à l’indépendance de son pays. Il se prononce plutôt en faveur d’une réforme du système colonial mais participe aux réflexions qui mènent à l’indépendance du Sénégal en 1960. C’est donc dans un temps troublé et mouvant sur le plan politique, et alors qu'il est partagé entre la France et le Sénégal, que Léopold Sédar Senghor écrit Éthiopiques.  

Qu’a changé Léopold Sédar Senghor à la littérature ?

Léopold Sédar Senghor est à l’origine, avec Aimé Césaire, du mouvement de la négritude. Ce mouvement a tant une dimension artistique qu’intellectuelle. Il vise à affirmer et à revendiquer la culture afro-caraïbéenne comme une culture à part entière, digne de considération au même titre que la culture occidentale. Aimé Césaire rédige le Cahier de retour au pays natal et le Discours sur la négritude. Dans le même temps, les éditions « Présence africaine » éditent des auteurs du continent noir et des Antilles, alors que des penseurs comme Frantz Fanon ou Cheikh Anta Diop interrogent la vision européano-centrée de la psychiatrie pour l’un et de l’Histoire pour l’autre. Quant à Senghor, au travers de ses recueils de poèmes, il invente une manière de scander le français qui emprunte aux rythmes musicaux sénégalais. La voix du poète se fait voix de griot et la parole proférée devient une parole à la fois prophétique et magique.

► Découvrez la vidéo de la série Félix déLIRE consacrée au livre Éthiopiques de Léopold Sédar Senghor.

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