Comment expliquer un tel effondrement du système financier mondial ? système bancaire et financier mondial.
Ce court résumé illustre la fragilité d’un système financier internationalisé, où l’effet de contagion est fort.
Mais que s’est-il passé exactement ? En quoi cette crise est-elle comparable à d’autres, majeures, comme celle de 1929 ? Quels dysfonctionnements des marchés révèle-t-elle?
Le krach de 1929
La crise de 1929 constitue d’abord une crise boursière consécutive à l’effondrement des valeurs financières (le krach) commencé le jeudi 24 octobre 1929 (« jeudi noir » ou Black Thursday) à la bourse de New York (Wall Street). C’est le début de la grande dépression : baisse de la consommation, chute des investissements et de la production, hausse du chômage dans l’ensemble du monde occidental durant les années 1930.
► Les conséquences politiques sont considérables : la montée des totalitarismes en Europe (prise du pouvoir par Hitler en Allemagne) et l’expérience politique du New Deal menée aux Etats-Unis par le président Roosevelt, réponse interventionniste et démocratique à cette crise
Les chocs pétroliers de 1973 et 1979
Le 15 août 1971, face à l'accélération de la diminution du stock d'or de la Réserve fédérale américaine, le président Nixon prend la décision de dénoncer la convertibilité en or du dollar, ce qui marque de facto la fin du système de Bretton Woods. Dès la fin 1971, le dollar est dévalué une première fois, et il le sera de nouveau en 1973. Les Banques centrales des principaux pays européens décident alors de ne plus soutenir le cours du dollar et le système monétaire international bascule dans un régime de changes flottants.
Or, depuis la fin des années 1960 la demande de pétrole augmente. L’Organisation des pays producteurs de pétrole (O.P.E.P.) décide alors de compenser la perte de rentabilité du baril - due à la dévaluation du dollar – par une vague de hausse des prix du pétrole brut.
De plus, le contexte géopolitique joue énormément. En octobre 1973, au moment de la guerre du Kippour entre la Syrie, l'Egypte et Israël, les pays arabes utilisent l’arme du pétrole et affirment leur autonomie face aux américains : réduction des exportations, embargo envers les pays occidentaux qui soutiennent Israël, quadruplement du cours du pétrole brut à 11,65 dollars, décision unilatérale des ajustements du prix du brut, prise de contrôle d’au moins 51 % des concessions non encore nationalisées.
En janvier 1979, la chute du Shah puis le début de la guerre entre l'Iran et l'Irak en septembre 1980 entraînent le retrait du pétrole iranien et donc une raréfaction de l’offre. Après une courte période d’accalmie, les prix de l’or noir remontent et provoquent le deuxième choc pétrolier. Le baril passe de 14 dollars en 1978 à 39 dollars en 1981.
Le krach d'octobre 1987
Un certain lundi 19 octobre 1987, la bourse de New York enregistre une chute de 23 % de l’indice Dow Jones en l’espace d’une séance. C’est le Black Monday en référence au Black Thursday du 24 octobre 1929.
Que s’est-il passé ? Depuis que le dollar n’est plus indexé sur l’or, il ne cesse de faire le yo-yo. Après s’être envolé jusqu’en 1985, il reperd 50 % de sa valeur deux ans plus tard. Si l’économie américaine y gagne, les risques d’inflation grandissent et les pays du G7 entendent mettre fin à la baisse. La Banque centrale américaine décide de remonter fortement les taux d’intérêt pour maintenir l’attractivité du dollar. Au début de l’année 1987, une véritable euphorie règne. Sur 5 ans, les actions ont cru de 190 % sur les marchés américains, 250 % en Grande-Bretagne et 330 % à Paris.
Mais ces taux d’intérêt élevés deviennent vite incompatibles avec le marché des actions. Ce phénomène perturbe le mouvement important de spéculation boursière, dans la mesure où les frais financiers hypothèquent désormais gravement le rendement de ces placements et freinent l’investissement. Le 19 octobre, ces perspectives nouvelles provoquent un krach boursier de grande ampleur affectant toutes les autres grandes places financières du monde. En effet, des programmes informatiques lancent des ordres de ventes automatiques. C’est l’effet domino : la baisse d’un grand nombre de valeurs entraîne mécaniquement et sans contrôle la chute démultipliée sur tous les marchés financiers de l’ensemble des cotations. Chaque trader joue également à la baisse en tentant de se débarrasser au plus vite des titres avant qu’ils ne soient trop bas.
► Cette crise a montré que le marché dérégulé et livré à lui-même constitue un risque pour sa propre stabilité. Heureusement, ce krach fut sans lendemain et l’activité économique va ainsi rapidement rebondir. L’année suivante, à la demande du Congrès, seront mis en place des coupe-circuits, destinés à stopper toute négociation sur les marchés en cas de baisse de plus de 10 %.
La crise des subprimes de 2007-2008
- Le 17 juillet 2007, la banque d’investissement américaine Bear Stearns annonce que la valeur de ses fonds a fondu de moitié à cause des subprimes, des prêts immobiliers accordés à des Américains disposant de faibles revenus. Aux États-Unis, les crédits immobiliers comportent, le plus souvent, un taux d’intérêt variable. Cette annonce provoque un recul des bourses européennes.
► Le point de départ de la crise financière est la forte hausse de l’endettement privé aux Etats-Unis. L’endettement privé, c’est-à-dire l’ensemble des crédits contractés par les ménages et les entreprises, est un moyen pour les ménages de satisfaire leurs besoins de consommation et pour les entreprises de satisfaire les actionnaires en maximisant les dividendes qu’ils perçoivent. - Pour tenter d'enrayer la crise, la Banque centrale européenne (BCE), la Federal Reserve (Fed) et la Banque centrale du Japon injectent de grosses sommes dans le circuit monétaire mondial. La crainte de l’impact de la crise des subprimes sur l’économie américaine contribue à l’appréciation de l'euro, qui franchit pour la première fois de son histoire le cap de 1,48 dollar. Le plan exceptionnel d’injection de liquidités par un groupe de banques centrales fait rebondir les places boursières et provoque une nette remontée des taux d'intérêt américains, mais est considéré comme le signe d'une aggravation de la crise des subprimes.
► Le rôle fondamental d’une banque centrale est celui de prêteur « en dernier ressort » : elle a le pouvoir de faire crédit aux banques si celles-ci ne sont pas parvenues à se financer entre elles par le biais du financement interbancaire. - Le président américain George W. Bush promulgue la loi de soutien au marché immobilier, qui, entre autre, instaure un fonds de 300 milliards de dollars pour aider les accédants à la propriété en difficulté et accorde un soutien d'urgence aux organismes américains de refinancement du crédit immobilier Fannie Mae et Freddie Mac.
► Fannie Mae et Freddie Mac sont deux organismes financiers créés par le gouvernement américain pour développer le financement du logement en assurant le marché des prêts hypothécaires. - Le 15 septembre 2008, la banque d’investissement Lehman Brothers, l'un des fleurons de Wall Street, se déclare en faillite et déclenche la panique sur les marchés financiers. Cette banque d’investissement est victime des innovations financières risquées auxquelles elle a abondamment eu recours mais contrairement aux autres les autorités américaines décident de la laisse couler. Les bourses mondiales s’affolent.
► Cette faillite fonctionne comme un emblème de la crise : au cœur de Manhattan des « banquiers », des clients, des curieux sont sur le trottoir et regardent la banque se fermer. Crée en 1850, Lehman Brothers était une banque d’investissement dont l’action cotait autour des 86 dollars en février 2007 et moins de 4 dollars début septembre 2008.
► Aux États-Unis, un plan de sauvetage financier des banques américaines, le plan Paulson, est promulgé. Il prévoit la création d'un fonds public d'au moins 700 milliards de dollars donnant à l'État les moyens et l'autorité de racheter les créances douteuses pour stabiliser les marchés financiers. Les pays membres du G7, puis ceux de la zone euro décident d’un vaste plan de sauvetage du système financier mondial.
► En France, le gouvernement adopte un plan national prévoyant l’injection de 10,5 milliards d'euros dans les six plus grandes banques privées françaises, ces dernières devant en contrepartie consentir des prêts aux PME et aux ménages afin d’atténuer les effets de la crise sur l’économie. La France opte aussi pour la création d’agences chargées d’assurer l’utilisation des sommes dévolues aux banques. - - La SPPE, Société de Prise de Participation de l’Etat, a été créée par le gouvernement français pour recapitaliser les banques (à hauteur de 40 milliards d’euros) et leur permettre ainsi de maintenir leur offre de crédits (aux ménages mais aussi aux entreprises) grâce aux fonds supplémentaires reçus.
- La Société de refinancement a quant à elle pour mission d’assurer les besoins de financement à court et moyen terme des banques en leur accordant des prêts en échange de titres sûrs : elle fonctionne comme un rempart contre un marché interbancaire méfiant donc inefficace.




