Orientation, stress et Parcoursup, quelles solutions ?

Aujourd’hui, Gaspard G est au lycée Marseilleveyre. Pour ce nouvel épisode de L'entre deux, il est en compagnie de Jean-Marc Sichi pour parler de l’anxiété liée à l'orientation scolaire.

C’est qui Jean-Marc Sichi ?

Il est le dirigeant du cabinet de conseil en orientation scolaire « Ton avenir ».

Est-ce que Parcoursup crée de l'angoisse ?

Stress, insomnie, peur de l’échec, l’anxiété scolaire touche aujourd’hui un nombre croissant de jeunes, parfois dès le collège. Choisir ses spécialités, remplir Parcoursup, se projeter dans un avenir encore flou, la crainte de faire des mauvais choix transforme souvent ces étapes en véritable parcours du combattant. Selon un sondage pour l’édition 2024/2025 de Parcoursup, 84 % des candidats jugent la plateforme stressante, un niveau jamais atteint depuis sa création. Derrière cette angoisse, on retrouve souvent la peur de se tromper ou de ne pas être à la hauteur. Entre la pression scolaire, les attentes familiales, et les inégalités d’accès à l’orientation, beaucoup de jeunes se sentent perdus.

Moi je suis en terminale et je trouve qu’on est dans le flou. On ne connaît pas les modalités d’admission. On le sait vaguement grâce aux informations qu’on va chercher nous-mêmes : les réseaux, les profs. Mais moi je suis encore dans le flou et j’ai peur de faire les mauvais choix. Peur de cette pression qui va sceller une partie de mon avenir.

 

Sami, 15 ans.

Comment faire pour ne pas rester dans le flou ?

Pour ne pas rester dans le flou, interroge-toi. Quelles sont tes forces, tes faiblesses? Quel métier t’intéresse ? Que faut-il faire pour faire ces métiers ? Peut-être rencontrer des professionnels ? La plateforme, c’est un catalogue. Tu vas vite savoir si tu tentes quelque chose où il y a peu de chance. Tous les jeunes réussissent à avoir au moins un de leurs vœux privilégiés parce que ce travail en amont a été fait. Ces dernières années Parcoursup a amélioré son système d’information. Aujourd’hui, en fonction de ton profil scolaire, de ta moyenne, en fonction de tes spécialités, tu vas avoir la possibilité de savoir si la formation à laquelle tu candidates te laisse des chances ou pas. La plateforme te donne un pourcentage de chances. Tu sauras si tu dois aller vers quelque chose de plus adapté à ton profil. La première étape essentielle dans un projet d’orientation, c’est d’aider le jeune à mieux se connaître.

Les tests psychotechniques, ça marche ?

J’ai répondu à 20 questions sur un site en ligne et j’ai reçu des résultats. On me donnait des exemples de voies à suivre.

 

Baptiste, 17 ans. 

Les tests donnent des idées de voies en fonction de tes réponses mais ça ne veut pas dire que tu auras forcément envie d’aller vers ça. Mais cela sert à s’interroger, découvrir un métier.

Où trouver de l'aide pour s'orienter ?

Au lycée, tu peux te tourner vers ton professeur principal. Dans certains lycées, il y a des conseillers d’orientation. Il ne faut pas hésiter à les solliciter individuellement. Il existe aussi des tests psychotechniques en ligne, gratuits. Il y a un site qui s’appelle myjobglasses.com où des professionnels acceptent bénévolement que tu les contactes pour échanger sur leurs métiers. Cela permet de mieux connaître un métier mais aussi de valoriser un profil sur Parcoursup.

Est-ce qu’on explique bien aux jeunes l’ensemble des formations ?

On ne nous en parle pas trop. On nous met plus la pression pour qu’on choisisse. On nous dit qu’il faut qu’on choisisse 3 spécialités mais on ne sait pas ce qu’il se passe après. Ce n’est pas assez approfondi. Si on fait les mauvais choix, après c’est compliqué de revenir dessus.

 

Otto, 15 ans.

On nous parle des débouchés qui vont avec les spécialités, mais ce sont souvent des acronymes, ce n’est pas vraiment expliqué. Il y a beaucoup de débouchés dont on ne nous parle pas.

 

Charlotte, 15 ans.

Que faire si on se trompe d'orientation ?

On n’est pas enfermé dans un choix. Il n’y a aucune obligation à faire un métier toute sa vie. C’est juste important de se retrouver sur le bon quai. Il faut monter dans le bon train et ensuite, c’est toi qui décides d’aller jusqu’au terminus ou non.

Peut-on faire de bonnes études sans être excellent ?

J’ai eu des jeunes moyens qui ont réussi à convaincre. Il ne s’agit pas seulement de cocher des cases. On va te demander de remplir une lettre de motivation. Elle doit être personnelle. Il y a aussi des rubriques  consacrées aux activités et aux  centres d’intérêt. C’est la possibilité de valoriser ton parcours. C’est l’occasion de dire que tu as fait des stages et que cela t’a permis de découvrir un métier. J’ai connu des jeunes qui avaient 12-13 de moyenne et qui ont réussi à rentrer en médecine. Par contre après, il faut se mettre à travailler.

Est-ce qu’il y a des filières valorisées plus que d’autres ou l’inverse ?

On nous a beaucoup dit que les écoles de commerce et les écoles d’ingénieurs sont celles qui ouvrent le plus de portes. En revanche on nous dit que les BTS, les voies moins longues, ouvrent moins de portes.

 

Laurent, 15 ans. 

On nous fait beaucoup de bourrage de crâne, sur la médecine par exemple, il faut prendre maths, physique, SVT ou les écoles de commerce. Mais si on dit qu’on a pris théâtre ou cinéma, c’est méprisé.

 

Léna, 16 ans.

Les voies comme le cinéma ou les voies artistiques sont très banalisées. Je vais devoir faire mes choix à la fin de l’année, je vais prendre cinéma. J’ai d’autres amis qui vont lâcher le cinéma en terminale parce qu’ils savent que ça n’ouvre aucune voie.

 

Lua, 15 ans.

Il y a un dilemme entre la formation dite de raison et la formation-passion. Il faut que ce soit une vraie passion. Les parcours de ces voies-là sont aussi très exigeants. Il faut avoir conscience du statut dans ces domaines-là, de l’employabilité. Elle existe mais ce n’est pas comme si tu voulais travailler demain dans la cybersécurité. Il va falloir être en capacité de conforter et de valoriser cette passion. À côté, il va falloir réaliser des choses dans ce domaine. Les places sont limitées. Dans ce domaine, ce sont plutôt les établissements publics qui sont réputés car ils vont pouvoir recruter. Mais tu ne pourras pas aller dans ces écoles-là sur la base d’un dossier scolaire. Ce qui va faire la différence, c’est ta capacité à démontrer ta motivation, à parler de ce que tu fais, de tes réalisations. Souvent dans ces écoles, on va te demander des vidéos réalisées, un book, etc.

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