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Langage04:24Publié le 11/05/2021

Le phare, le caillou et l'oiseau (Conte de Saint-Pierre et Miquelon)

Les contes et comptines de Lili

Conte de Saint-Pierre et Miquelon sur le phare de la Pointe-aux-Canons., raconté par Céline Télétchéa,

 

Cette nuit-là, il faisait une affreuse tempête de neige et la mer en furie se jetait sans le moindre répit sur le phare de la Pointe-aux-Canons, qui n’en pouvait plus d’être frappé, éclaboussé, douché par les grandes gifles liquides et glacées de cette folle en colère.

 

Pour la première fois de sa vie de phare, peut-être parce qu’il commençait à être âgé et qu’il était temps pour lui de faire preuve de caractère, il se révolta et décida qu’il tournerait dorénavant le dos à la mer. Il se mit en route vers les mornes, c’était décidé ! Là-haut dans les terres il éclairerait désormais, le voyageur perdu.

Il traversa d’abord la petite ville endormie et se lança ensuite dans l’escalade de la colline. Plein d’allant au départ, puis de plus en plus lentement et voici qu’il enfonçait maintenant dans la neige et manquait à tout instant de manquer de se rompre le cou dans les nombreux trous dont il n’avait pas soupçonné l’existence.

 

A un moment, il sentit une aile le frôler et pensa qu’il ne s’agissait pas de l’aile d’un oiseau de mer.

 

Cependant, il n’avait pas le temps d’y réfléchir. Il lui fallait rassembler ses forces pour arriver là-haut, car c’était un phare qui allait toujours au bout de ses décisions, même s’il n’était plus très sûr de l’excellence de son idée.

 

Enfin, il lui sembla qu’il avait atteint un petit plateau qui pouvait lui convenir. Il regarda autour de lui, tout était désert et sombre. De son faisceau lumineux, il n’éclairait que quelques broussailles, quelques lichens tordus et frigorifiés et des centaines de roches de toutes formes.

 

Qui pourrait bien se promener dans un pareil paysage ?

Y aurait-il jamais en ces lieux désolés un voyageur perdu à sauver ?

Son cœur de phare se serra : et s’il venait de faire une grosse bêtise ?

 

Il entendit à nouveau le bruit d’ailes et un sizerin flammé s’installa sur sa tourelle : «  j’ai un message pour vous, lui dit tout de suite l’oiseau, je vous ai vu monter la colline et j’en ai touché un mot au Caillou Blanc, il est très inquiet et voici ce qu’il m’a prié de vous répéter :

Respectable phare de la Pointe-aux-Canons, avez-vous pensé à moi ? Que deviendrait le pauvre Caillou Blanc si la passe du Suet’ était fermée à cause de son absence ?

Vous savez bien que Vous et Moi, nous servons de repère aux navires qui empruntent ce dangereux passage… Sans Caillou Blanc, pas de passe du Suet’.

 

Le phare de la Pointe-aux-Canons trouva que le Caillou Blanc, cette grosse roche peinturlurée qu’il voyait juchée sur la colline lorsqu’il était encore au bord de la mer, exagérait beaucoup son importance, mais il était enchanté de ce message : il lui donnait un excellent prétexte pour redescendre vers le port.

 

- Je suis quelqu’un d’assez bienveillant, dit-il, matois, à l’oiseau et je ne veux pas que le Caillou Blanc ait des problèmes à cause de moi. Je redescends. 

 

- Dans ce cas, répondit le sizerin flammé qui avait eu le temps de remarquer que le phare n’était pas un très bon marcheur, vous feriez mieux de me suivre, vous n’aurez qu’à vous repérer sur ma calotte rouge…certes, je la porte un peu sur le front mais elle est très visible dans la neige et en agissant de la sorte, vous éviterez les trous. 

 

Le sizerin quitta le phare à l’entrée de la ville.

 

Dans la tempête, personne apparemment n’avait remarqué la disparition du phare, à l’exception du phare de la plaine qui commençait à s’inquiéter de ne pouvoir aligner, malgré sa vue perçante, son feu rouge sur le feu blanc de son confrère.

 

Le feu de la plaine était un grand inquiet. Il aurait pu espérer que par une mer pareille et par un poudrin aussi aveuglant qui tournoyait comme un fou, tous les bateaux se tiendraient au large mais cette attitude n’était pas dans sa nature.

Un instant, il eut même une étrange vision : le feu du phare de la Pointe-aux-Canons lui sembla être extrêmement près de lui, comme s’il passait à deux pas !...

 

« Une hallucination, certainement, se dit-il, je suis trop nerveux avec ce poudrin. » Un quart d’heure plus tard, le phare de la Pointe-aux-Canons était à sa place habituelle et le feu de la plaine avait d’autant plus facilement repris contact avec lui que les flocons étaient moins nombreux et tombaient plus sagement.

 

Le Phare, le Caillou et l’Oiseau 

Extrait de Dix Contes de Noël

De Andrée Lebailly

Éditions Ateliers JJO

 

 

 

Réalisateur : Vianney Sotès

Producteur : Bérénice Média Corp.

Année de copyright : 2020

Année de production : 2020

Année de diffusion : 2020

Publié le 11/05/21

Modifié le 15/07/21

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