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Langage04:39Publié le 01/12/2020

Nimurë, l'igname du chef (Conte de Nouvelle-Calédonie)

Les contes et comptines de Lili

 

À Nä, au lieu-dit « Upo », à l’écart de la tribu de Gadji, il y a longtemps, très longtemps, Nimurë vivait seule avec sa grand-mère. Du lever au coucher du soleil, il fallait chercher du bois pour le feu, balayer la cour, puiser l’eau, pêcher, fumer les poissons, débrousser le champ, tresser les palmes de cocotier et Nimurë quoique toute petite encore, se chargeait des corvées les plus dures, pour soulager sa grand-mère qui marchait courbée vers la terre.

 

Ce matin-là, il n’y avait pas d’eau. La petite fille se gratta la tête, puis elle comprit.

 

- Grand-mère, grand-mère, c’est une grande marée basse. Je peux aller à Kôdaa Je vais pêcher les crabes. Ce soir, ils seront à bouillir dans la marmite et on se régalera. Nimurë saisit son panier et s’élança vers la forêt sur le sentier qui menait à Kôdaa. Au sortir du couvert sombre de la fôrêt, elle courait encore sur le rivage.

Elle allait de trous de crabes en trous de crabes en vain, les trous étaient vides.

 

- Où chercher à présent ?

 

Nimurë évita de tourner son regard vers les ondulations rocheuses qui affleuraient de l’autre côté de la baie.

 

Sa grand-mère lui avait raconté l’histoire effrayante de ces pêcheurs fantômes que le premier rayon du soleil avait surpris et transformés en pierre, mais où aller ? Elle n’avait rien pêché. Pas un seul crabe, rien…

 

Alors qu’elle s’en retournait tête basse vers la plage, elle se pencha au-dessus d’un dernier trou. Elle y glissa la main, le coude, le bras, l’épaule… Une monstrueuse pince jaillit et se referma avec un claquement sec sur le sein de Nimurë.

 

- Grand-mère, grand-mère !

 

La grand-mère de Nimurë entendit comme une plainte soufflée par les grands pins qui s’agitaient non loin de la case. Elle sortit sur le pas de la porte et vit leur ombre allongé à ses pieds. Le soleil déclinait derrière la forêt.

Nimurë n’était pas rentrée. Elle irait la chercher. Lorsque grand-mère arriva à Kôdaa, le soleil fondait à l’horizon et ses derniers rougeoiements ensanglantaient la mer où flottait le corps inanimé de Nimurë. Alors, avec un grand cri de rage et de douleur, la grand-mère, interpella la gardienne de la baie :

 

- Toi, Pwacibé, tu n’as pas su veiller sur ma petite-fille et la protéger, tu n’es plus digne d’être la gardienne de cette baie et toi, crabe de malheur, maudit sois-tu ! Que se ratatine la pince avec laquelle tu as transpercé le sein de mon enfant ! Cette pince sera désormais, couleur de sang. Qu’il en soit ainsi pour toi et toute ta descendance !

j’ai dit.

 

- Grand-mère, grand-mère, lui dit Pwacipé, ton cœur est plein de colère, pourtant le jour viendra bientôt où ta douleur s’apaisera.

 

La grand-mère enlaça Nimurë, l’emporta serrée contre son cœur jusqu’à Upo. Elle déposa sa petite-fille sur la terre meuble entre les racines, d’un énorme banian qui lui faisait comme un berceau.

 

- Mon pauvre enfant, pauvre Nimurë !

 

On entendit un froissement, un murmure. Quelques jours plus tard, au creux de l’arbre, là où les racines s’élevaient comme des remparts, à l’endroit même où la grand-mère avait étendu sa petite fille, elle vit une liane qui sortait de terre. La grand-mère creusa au pied de la liane, creusa, creusa encore et trouva une igname, une igname longue et douce à caresser, blanche et mauve sous sa ….. de terre. Une igname que nul n’avait jamais vu jusqu’alors.

 

- Nimurë, c’est toi ma petite-fille, c’est toi mon tout petit enfant. Cette igname portera ton nom. Tu seras mon enfant, Nimurë l’igname du Chef. Et c’est ainsi qu’apparût l’igname Nimurë, à l’île des Pins.

 

Voilà les enfants, l’histoire est terminée.

 

Nimurë, l'igname du chef

De Marie Assomption Vakoumè et Frédérique Viole

Illustrations : Isabelle Ritzenthaler

Editions ADCK-  Centre Culturel Tjibaou (Agence de développement de la culture kanak) 

Réalisateur : Maï Le Flochmoën

Producteur : Bérénice Média Corp.

Année de copyright : 2020

Année de production : 2020

Année de diffusion : 2020

Publié le 01/12/20

Modifié le 06/10/21

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