De l'Antiquité au Moyen Âge : l'esclavage une pratique ancienne
L'esclavage est une pratique observée depuis les civilisations antiques. Celles de Mésopotamie, d'Inde et de Chine employaient des esclaves soit à des tâches domestiques, soit à de grands travaux de construction ou d'agriculture. Les Égyptiens utilisaient des foules d'esclaves pour construire leurs palais et monuments royaux.
Dans la Grèce antique, les esclaves, nombreux, varient au rythme des guerres et des besoins en main d’œuvre. L’historien Raymond Descat affirme qu’au IVe siècle avant notre ère, Athènes comptait près de 250 000 esclaves, soit un habitant sur deux.
C’est l’intégralité de l’économie athénienne qui repose sur l’esclavage (artisanat, mines, travaux domestiques, etc). Le philosophe Aristote justifie l’esclavage dans La Politique :
Il est évident qu’il y a par nature des hommes qui sont libres et d’autres qui sont des esclaves, et que pour ceux-ci, la condition servile est à la fois avantageuse et juste.
L'Empire romain, l’esclavage s’accroit pour atteindre près de 40 % de la population. Les conditions de vie des esclaves sont encore plus difficiles qu'en Grèce. Les maîtres romains ont notamment le droit légal de vie et de mort sur leurs esclaves. L’Empire romain sera marqué par la révolte des esclaves entre 73 et 71 avant notre ère, menée par Spartacus. Le gladiateur prend la tête d’une armée servile. Celle-ci sera écrasée dans le sang.
Il faut également évoquer la traite orientale qui désignait le commerce régulier d’esclaves, commerce comme un autre pour l’époque, qui apportait une main-d’œuvre, donc une énergie en plus à utiliser. La traite est un commerce régulier avec sa « zone de production » située en Afrique subsaharienne, ses intermédiaires (tribus africaines, royaumes africains, marchands arabes puis marchands européens), ses « lieux de consommation » (monde musulman, colonies européennes).
Au Moyen Âge, l'esclavage persiste. Il est ainsi justifié par Saint Augustin au IVe siècle. Pour autant, le développement des petites exploitations agricoles réduit le nombre d'esclaves de fait, au profit d’un autre mode de domination : le servage. Si l’Église catholique condamne l’esclavage pour les chrétiens, elle ne le condamne pas s’il concerne « les païens ». Ainsi, l’Europe méditerranéenne continue à utiliser l’esclavage, notamment dans les périodes où le manque de main-d’œuvre se fait sentir (pestes, guerres, etc).
Mais c’est avec le développement des colonies, au milieu du XVe siècle, et le besoin accru de main-d’œuvre, que les grandes puissances européennes vont bientôt instaurer un système effrayant : la traite des Noirs.
La traite négrière atlantique
De 1450 à 1869, ce sont plus de 11 millions d’Africains qui sont déportés en Amérique. En France, les navires négriers partent de quatre ports : Le Havre, La Rochelle, Bordeaux et Nantes. Entre le milieu du XVIIe siècle et le milieu du XIXe siècle, ce sont 550 000 esclaves qui sont déportés par les navires nantais.
Ils étaient réunis dans des lieux servant d'entrepôts. Faute de lieu de mémoire sur ce commerce, l’île de Gorée au Sénégal, souvent citée, est devenue un lieu hautement symbolique avec sa maison aux esclaves.
Durant quatre siècles, les bateaux négriers venant d'Espagne, du Portugal, de France, du Danemark et d'Angleterre s'y sont approvisionnés et ont vendu les esclaves survivants sur les côtes américaines. Le trajet durait de 3 à 6 semaines, au cours desquelles de nombreuses personnes succombaient à la maladie. Après 1807, le commerce des esclaves est devenu illégal et les conditions de voyage se sont encore détériorées, augmentant considérablement le taux de mortalité.
La vie des esclaves noirs dans les colonies françaises était réglée par le Code Noir, rédigé au temps de Colbert en 1685 où les esclaves sont définis comme des « meubles » transmissibles et négociables.
Puis, sous la Révolution française, pour calmer la révolte des esclaves dans les colonies des Antilles, débutée notamment avec la rébellion de Saint-Domingue, et pour empêcher l'Angleterre de s'emparer de ces terres, Robespierre et les députés de la Convention abolissent une première fois l'esclavage le 4 février 1794.
L'abolition de l'esclavage et sa mise en œuvre
Le Danemark est le premier pays européen à abolir la traite des Noirs en 1792, suivi de près par l'Angleterre (1807) et les Etats-Unis (1808). Au congrès de Vienne en 1814, la Grande-Bretagne use de son influence pour inciter d'autres puissances étrangères à imiter cette politique. Cependant, l´abolition de l’esclavage dictée par l´Angleterre n'est en rien philosophique. Il est pragmatique : la Révolution industrielle est passée par là. L'esclavage n´est plus économiquement rentable.
L'abolition de l'esclavage en France
En France, après le 1er décret d´abolition du 4 février 1794, Napoléon Bonaparte abroge cette mesure, sitôt acquise la paix avec l'Angleterre. Il faut attendre la révolution de 1848 et la naissance de la IIe République pour que l'esclavage soit, définitivement cette fois, aboli. Le décret est rédigé par Victor Schœlcher le 27 avril 1848. Il prévoyait un large dédommagement des planteurs esclavagistes. Le décret incluait également un délai de deux mois avant la libération des 250 000 esclaves présents dans les colonies françaises. Les révoltes des esclaves dans les îles accélèrent l´application du décret : par exemple, le 27 mai 1848, le gouverneur de Guadeloupe aboli l’esclavage pour mettre fin à la révolte.
L'abolition de l'esclavage est une longue lutte qui se termine théoriquement en 1980, quand le dernier pays esclavagiste (la Mauritanie) met officiellement fin à ce fléau. Mais d'autres formes d´esclavage apparaissent aujourd´hui (travail forcé, travail des enfants, prostitutions, etc).