L'écriture comme quête identitaire chez Georges Perec


Publié le 15/10/2012 • Modifié le 10/05/2022

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J’écris parce qu’ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l’écriture.

 

Georges Perec

 

Si Perec a défini l'interrogation autobiographique comme l'une des composantes de son projet d'écriture, la volonté d'écrire a précédé – de peu il est vrai – celle d'écrire son histoire.

Les origines de son désir d'écriture

Dans son œuvreW ou le Souvenir d’enfance (1975), Perec évoque le lien étroit qu’entretient son écriture avec la disparition de ses parents. L’œuvre de Perec est imprégnée par ce manque. Si la perte de son père se manifeste dans un semblant de matérialité – une tombe avec un nom lisible sur laquelle il se rendra en 1956 – celle de sa mère est une véritable disparition. Après le 11 février 1943 il n’existe plus aucune trace d’elle, pas même une sépulture. Perec est hanté par la perte de ses souvenirs : envoyé loin du danger et du drame, il a été exclu à la fois de l’Histoire et de son histoire personnelle. Il en est absent et il n’a pas de souvenir de cette cassure : « je n’ai pas de souvenirs d’enfance » écrit-il en ouverture de W. Quant à sa judéité, elle ne lui donne aucun sentiment d’appartenance à une communauté mais plutôt celui « de ne devoir la vie qu’au hasard et à l’exil » dit-il dans Récits d’Ellis Island (1979-1980) – l’unique fois où il s’étendra sur sa judéité.

Le refus de suivre une écriture autobiographique classique

Dans W où s’alternent fiction (une utopie satirique qui bascule progressivement dans l’horreur) et autobiographie, il se fait l’historien de sa propre histoire en reconstituant méthodiquement son enfance, mais il ne propose pas d’interprétation ou d’analyse. Le projet autobiographique de Perec n’est jamais clôturé, il ne s’arrête pas aux seuls ouvrages comme W, La Boutique obscure ou Je me souviens. Il forme une mosaïque disséminée dans presque toute son œuvre. Comme Perec le souligne lui-même, il a codé et introduit des données autobiographiques dans tous ses textes. Privé de racines et d’attaches, c’est dans la littérature que Perec a installé son foyer. Des auteurs qu’il admirait comme Flaubert, Kafka, Roussel, Queneau ou Leiris lui ont apporté une provenance. Si leur présence est récurrente dans son œuvre, par des reprises, des références ou des pastiches, Perec a néanmoins suivi son propre projet d’écriture.

 


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