« Le Menteur » de Pierre Corneille

Le Menteur est une comédie écrite par le dramaturge français Pierre Corneille en 1644. Elle raconte les aventures amoureuses de Dorante, un menteur compulsif. 

De quoi parle Le Menteur ? 

Le Menteur de Pierre Corneille est une comédie qui met en scène le personnage de Dorante, menteur compulsif, à travers ses aventures amoureuses. 

Après avoir arrêté ses études de droit à Poitiers, Dorante arrive à Paris et rencontre deux jeunes filles, Clarice et Lucrèce. À la suite d’un quiproquo causé involontairement par son valet, Cliton, il confond les deux femmes. Afin de les séduire, le jeune homme va inventer ses premiers mensonges en s’inventant un glorieux passé militaire. Plus tard, Dorante apprend que son père veut le marier à la fille qu’il aime, Clarice, cependant à cause du quiproquo, il est persuadé qu’elle se nomme Lucrèce. Afin de refuser le mariage avec Clarice, qu’il ne pense pas aimer, il invente un nouveau mensonge : il serait en réalité déjà marié. Clarice l’apprend et lui reproche d’avoir menti. Cela n’empêche pas Dorante de continuer à inventer des éléments de sa vie puisqu’il déclare que son épouse imaginaire est enceinte, et c’est la raison pour laquelle elle ne peut pas venir à Paris rencontrer son beau-père. Parallèlement à cet énième mensonge, Dorante se laisse courtiser par Lucrèce. Enfin, les intrigues se démêlent et les identités de chacun se révèlent. Dorante ne sait plus s’il est amoureux de Clarice ou de Lucrèce mais il finit par épouser Lucrèce. 

La pièce est une réflexion sur les dangers de la comédie du mensonge, avec une touche de satire sociale. 

Comment est écrit Le Menteur ? 

Le Menteur est une comédie en cinq actes écrits en vers, plus précisément en alexandrins. Le registre dominant est le registre comique. Par exemple, lorsque Dorante ment pour se valoriser et qu’un personnage comprend la supercherie, il invente un nouveau mensonge pour s’en sortir. La pièce affiche également un ton parodique puisque Corneille s’amuse à pasticher certains passages du Cid. Par exemple, lorsque Dorante invente son passé de militaire et décrit une scène de combat, cela rappelle le célèbre monologue de Rodrigue. Par ailleurs, Corneille utilise le registre épique lorsque Dorante décrit ses prétendus exploits de guerre. 
Enfin, il faut noter l’emploi d’un langage précieux lors des scènes de séduction entre les différents personnages ; cela se traduit par des exagérations et des interjections. 

Un passage emblématique du Menteur  à retenir ? 

Dans l’acte I, scène 3, Dorante s’invente un passé militaire pour épater Lucrèce et Clarice. Il se met alors à décrire ses soi-disant exploits de guerre. Le registre dans lequel s’exprime Dorante est d’abord épique. Il se présente comme un guerrier ayant vécu de nombreuses batailles. Il utilise le champ lexical de la guerre avec « sièges », « combats », « victoire », « gloire », « armes ». Il ne rentre jamais dans les détails puisqu’il ne connaît rien de la vraie guerre. Toutes ses descriptions sont employées négativement : Dorante n’a jamais accompli d’exploits de guerre, il retarde simplement le moment où il devra entrer dans les détails.  
Le comique vient au moment où Cliton, le valet de Dorante, l’interpelle sur son mensonge. Le spectateur comprend alors que le titre de la pièce s’applique à Dorante et la scène change complètement de ton pour devenir complètement comique.  
Le registre de ce passage n’est pas seulement comique, il devient parodique. Pour le spectateur averti, ce passage fait penser au monologue épique de Rodrigue dans Le Cid. Là où Rodrigue est un réel héros tragique, Dorante n’est qu’une fausse copie. En effet, Rodrigue décrit avec précision la bataille qu’il a livrée, et exprime son dilemme entre son devoir et son amour. Alors que Dorante, lui, se ridiculise dans son mensonge. 

Le Menteur, quel héritage ? 

Le Menteur de Pierre Corneille marque un tournant dans la comédie classique, notamment par son introduction du comique de caractère. Le personnage de Dorante, un menteur invétéré, devient alors le personnage stéréotype dont le défaut central provoque des situations comiques. Corneille révolutionne le genre comique et inspire fortement Molière qui, plus tard, sera considéré comme le créateur de la comédie de caractère, notamment avec ses pièces Le Tartuffe ou L'Avare. 

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